Un décrottable romantique (état... - Inclassable

Un décrottable romantique  (état des lieux)

Voyez comme on change. Voyez comme on passe de frêles esquifs à indéracinables récifs. J’étais un indécrottable romantique. Je n’ai jamais couché avec une femme, même pour une nuit, si je n’éprouvais pas de sentiment amoureux. Une simple nuit pouvait m'irradier jusqu'à 6 mois de soleil infini. Aujourd’hui je m’en fiche comme d’une guigne. Pourtant j’adore l’état amoureux. C’est l’un de mes 3 sentiments d’extase favoris, avec l’ivresse de l’écriture et de la composition, ou encore se retrouver sur une scène à balancer tes propres chansons porté par le fracas métallique des guitares électriques et des amplis. Mais ça fait belle lurette qu’il - le sentiment amoureux - n’a pas pointé son nez à mon portillon et je m’en soucie comme de colin tampon. Oui, je me vois très mal avec une femme. Je suppose que c’est dû en partie à la création qui m’habite et me nourrit. Me nourrit, enfin pas financièrement s’entend, faut pas rêver comme chantait Patrick Juvet sur des paroles de Jean-Michel Jarre. Beaucoup de gens ignorent que Jean-Michel Jarre est parolier, un très bon parolier. Il a notamment fait plusieurs albums très réussis avec le chanteur Christophe, Les paradis perdus c’est lui, Les mots bleus aussi - quoique j’aime moins ce dernier mais qu’est-ce qu’on s’en fiche. Pour en revenir aux femmes, jeune j’en avais peur. Traumatisé par ma perverse narcissique de mère. Aujourd’hui j’ose dire que je n’ai plus peur de rien, même plus de moi-même. Seigneur, quel prétentieux je fais ! Non, aujourd’hui quand je lis un poème romantique j’ai l’impression que l’auteur(e) est hors sujet. C’est bizarre non ? D’autant que je viens de publier un nouveau livre, Femme Vata (pour se le procurer c’est là thebookedition.com/fr/ancolies-p-76747.html, qui est un roman poétique d’amour fou, avec des sentiments totalement enflammés. Tiens je vais mettre en visuel la couverture, que je trouve belle. Est-ce dire que je ne crois plus à l’amour ? Si bien sûr, l’amour des gens, l'empathie, l’amitié, l’amour paternel ou filial, mais le sentiment amoureux, pffffttt… disparu au bout de la nuit avec la fumée des cheminées des péniches de Louis-Ferdinand Céline, fumée qui emportait tout avec elle, qu’on n’en cause plus une fois pour toutes. Ça on peut pas dire que c’est l’amour qui étouffait l’œuvre de Céline, plutôt une haine à toute épreuve. Non, aujourd’hui dans ma vie le couple je ne vois pas. Une femme aujourd’hui dans ma vie, bah qu’elle garde son mystère comme je garde le mien. Et n’oubliez pas, aux dernières demeures le mystère meurt. Bon, qui ça intéresse ce que je raconte là, même pas moi. C’est juste que je trouve ça bizarre. Ou comment passer de l’indécrottable romantique au bel indifférent. Attention je ne suis pas indifférent au monde. Ce sont plus les sujets de société qui m’intéressent. Je combats et vomis la pub, les prods télé, les people, l’argent, le luxe, la mode, l’inutile. C’est peut-être que l’amour j’ai payé le prix fort. Ma dernière aventure m’a valu un an et demi d’internement psychiatrique tant la rupture m’avait rendu dingo. Chépas, ça m’a peut-être vacciné. Je suis peut-être devenu un vieux garçon. Si c’est dommage ? Très certainement. Non, l’amour aujourd’hui je vois pas. Et puis j’ai un handicap sérieux : j’aime les femmes jeunes. 40 ans maxi. D’ailleurs j’ai du mal avec le mot femme. Je dis les filles. A mon âge ! T’es à la retraite, t’es au courant ? T’étonne pas alors ! Non je ne m’étonne pas, je ne cherche pas. Je dois dire aussi que je n’ai jamais cherché. Ce sont les rencontres qui m’ont trouvé. Je n’ai jamais dragué, je n’ai jamais su draguer. Je vais encore être insupportable de prétention mais ce sont les filles qui venaient vers moi. Différent, c’est ce qu’elles disaient, qu’elles me trouvaient différent. Bon. Aujourd’hui elles ne viennent plus. Peut-être qu’elles trouvent que j’ai l’air d‘un vieux ronchon, sec comme une trique  qui sait, ou encore qu’elles me ressentent indisponible. C’est ça, vous avez trouvé, je suis un solibataire voilà. Un héron usé qui tient encore miraculeusement sur ses 2 pattes. Attention au vent, gare aux rafales qui pourraient comme un fétu d’épouvantail m’emporter. Vers d’autres cieux que tes yeux. J’en serais bien avancé.