« Sybil », un film de Justine Triet sorti récemment sur nos écrans, est porté avec brio par Virginie Efira dans le rôle de Sybil, avec à ses côtés Adèle Escarchopoulos dans le rôle de Margot et Sandra Hüller dans celui de Mika mais aussi Gaspard Ulliel et Niels Schneider.
Sybil, dont le prénom n’a pas été choisi au hasard par la réalisatrice, est romancière, reconvertie en psychanalyste. Elle décide de reprendre l’écriture.
Pour être psychanalyste, il faut avoir soi même effectué une psychanalyse de plusieurs années. C’est ce qu’a fait Sybil, fille d’une mère alcoolique décédée lors d’un accident de la route dû à un taux d’alcoolémie élevé, alcoolique elle-même, avant de recevoir hommes, femmes et enfants en crise existentialiste sur le divan de son cabinet.
Afin de se consacrer pleinement à l’écriture de son roman, elle abandonne peu à peu ses patients mais accepte néanmoins de recevoir une nouvelle malade, Margot, jeune comédienne en grande détresse.
En plein tournage, Margot s’aperçoit qu’elle est enceinte et est en plein dilemme passionnel, soit elle avorte et perd l’homme qu’elle aime, soit elle garde l’enfant au péril de sa carrière. La situation est d’autant plus dramatique que le père de l’enfant qu’elle porte est le compagnon de la réalisatrice.
Elle va entamer une thérapie avec Sybil qui elle va se nourrir des confessions de sa patiente pour écrire son roman, bafouant la déontologie du métier.
Peu à peu, Sybil vole à Margot sa vie, ce qui est subtilement annoncé par la réalisatrice qui fait dire à un patient en larmes après sept ans d’analyse « Vousm’avez volé ma vie, mon temps, mon travail. »
Voilà l’histoire de deux femmes au bord de l’abîme. Margot s'en sortira malgré les souffrances dues à sa décision finale. Sybil dont le passé chaotique et douloureux ressurgira au fil de l’analyse de sa patiente dans de nombreux flash-back, sortira son roman mais replongera dans l’alcoolisme et perdra tout ce qu’elle avait réussi à reconstruire.
Deux femmes donc en pleine névrose auxquelles on peut ajouter une troisième, Mika la réalisatrice du film dans lequel joue Margot, manipulatrice, vivant ses fantasmes dans les scènes qu’elle fait interpréter à ses acteurs et qui devient hystérique lorsque ceux-ci ne lui donnent pas satisfaction.
De l’univers feutré du cabinet de la psychanalyste, Justine Triet nous mène sur les lieux de tournage du film, l’île volcanique du Stromboli, toujours actif et susceptible d’exploser à tout moment, et nous offre des paysages sublimes en accord avec le déroulé du film qui n’est qu’explosions de larmes, de crises, de colère, de haine.
Vivaldi, Mozart, « Fever » ou « Un Giorno Come Un Altro » ponctuent agréablement le film.
Un film troublant, parfois complexe voire obscur, difficile à décrypter comme les oracles de la Sybille de l’Antiquité, et un peu trop de moments de sexe torride qui n’apportent rien à l’intrigue et dont on aurait pu se passer.
CR/PPD 30 mai 2019
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30-05-2019
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Sybil de Justine Triet
appartient au recueil I-Chroniques
Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré.
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