Rohypnol et Tercian - Tranche de Vie

Rohypnol et Tercian

Connaissez-vous le Rohypnol ? Nan ! Tant mieux pour vous. Et vous ne le connaîtrez sans doute jamais car ce médicament - un somnifère à vertus hypnotiques – a été retiré de la vente et interdit. Trop dangereux. Matez un peu.

Matin tôt. Vous vous réveillez benoîtement et comme d’habitude dans votre lit. Tout va bien. Soudain, un quart d’heure après en avalant votre café, une image vous traverse la tête. Une image de St Germain des Prés par exemple. Une image à la fois lointaine et très proche. Poufff… Elle disparaît comme elle est venue. Bon, n’y pensons plus, vous dîtes-vous.

Une demi-heure calme se passe. Et puis poufff, rebelotte, une nouvelle image surgit, toujours à St Germain des Prés. Une image très très proche cette fois. Et elle passe à nouveau. Mais cette fois-ci vous êtes troublé.

Et puis ça recommence. Alors vous commencez à réaliser qu’il s’est passé quelque chose. Vous commencez à vous interroger. Qu’est-ce que j’ai fait hier soir ? Bah, rien de spécial, j’ai lu au lit puis j’ai éteint. Sauf que…

Sauf que 2 précautions valent mieux qu’une et vous sortez vérifier si votre voiture et votre moto sont toujours là, celle-ci garée dans votre coquet jardinet, et votre voiture garée devant chez vous où il y a toujours des tas de places vu que vous habitez devant le bois de Boulogne et que, sauf le week-end, il n’y a pas beaucoup de voitures parquées dans le coin.

Damned ! La vôtre de voiture (ou moto) n’est pas là. Alors il vous faut vous rendre à l’évidence : ce maudit Rohypnol a encore frappé.

C'est-à-dire qu’à 2, 3, 4 heures du mat vous vous êtes levé, dans un total état d’inconscience vous avez pris votre véhicule et êtes parti faire la tournée des bars à St Germain des Prés. Et voilà. Et comment vous êtes rentré chez vous, aucune idée. Pas avec votre véhicule en tout cas puisqu’il n’est pas là.

Mordiou ! Et elle est où alors cette caisse ? Sûrement là-bas mais où ? Ne vous reste qu’à prendre fissa votre moto et à sillonner le quartier de vos exploits à la recherche de votre véhicule. Une fois, à 7 heures du mat, je l’ai retrouvée seule au milieu du vieux Pont-Neuf, un pont dédié à la circulation où il est absolument interdit de stationner. Chance, elle n’avait pas encore été enlevée par les autorités.

Vous reste à remercier le ciel d’avoir remis la main sur votre engin, le rapatrier chez vous, puis prendre le métro pour partir récupérer votre moto que vous avez laissée sur place, mais cette fois vous savez où.

Vous reste aussi à vous dépatouiller de votre épouvantable malaise.

Une fois, il y a longtemps, un mien cousin qui savait que je prenais des médocs m’a demandé si je pouvais lui fournir quelques somnifères, car il traversait une période où le sommeil le fuyait. Ce cousin là ressemblait un peu à Bernard Tapie, entrepreneur douteux avec une tchatche d’enfer. Il était vachement physique, vachement baraqué et n’avait pas hésité à aller casser du militant gaucho durant son parcours estudiantin. Toujours altruiste, je lui file une plaquette de Rohypnol, merci, de rien, mais vas-y mollo, c'est costaud. Quelques mois plus tard je le revois. Il me dit : je ne sais pas ce que tu m’as filé, j’en ai pris ½ cachet, et le lendemain matin j’ai foutu toute la plaquette dans les chiottes.

Je me suis toujours demandé ce que ce type violent avait fait de sa nuit.

Maintenant et depuis 25 ans qu’il a été interdit, je ne prends plus de Rohypnol. Par contre, je prends du Tercian, nettement moins radical mais qui n’est pas triste non plus avec ses effets hallucinogènes. J’en ai marre d’ailleurs. Mais si je ne prends pas de somnifères je ne dors pas. Je pense trop.