Rodin - Critique de Film, Théatre, série...

RODIN

Pour votre humble serviteur, deux grands maux gangrènent actuellement le cinéma : la mauvaise articulation des acteurs et le déficit de l’approche amoureuse.

Le dernier film de Jacques Doillon « Rodin » en est l’illustration criarde. Ce long métrage se voulant biographique sur la vie du sculpteur éponyme m’est demeuré impénétrable. En effet, lorsque la plupart des dialogues marmonnés dans la barbe de de Vincent London (Auguste Rodin) passaient à la trappe, tant ils mettaient à l’épreuve l’ouïe1), comment aurais-je pu appréhender ce personnage ? Quand la majorité des répliques bredouillés entre les lèvres de Izïa Igelin (Camille Claudel) ne pénétraient pas dans mes oreilles,  comment aurais-je pu comprendre l’influence de celle-ci sur cet homme ? L’autre mal qui corrompt le septième art est la soudaineté, voir la brutalité des amours qui s’y font et s’y défont. Jacques Doillon ne se se donne pas la peine de nous emmener sur le chemin d’un romantisme qui mènent Camille et Auguste à accomplir l’acte de chair. Nul sourire langoureux, nul regard voluptueux, nulle parole ou situation intimiste m’y a préparé. Par ailleurs, moi, qui n’a pas lu la biographie de l’illustre sculpteur, a été largué devant le désamour qui s’était installé abruptement entre eux. A défaut d’avoir été montré, seuls quelques dialogues que je suis arrivé ici ou là à capter m’ont appris plus ou moins sur la psychologie d’un amour insidieusement transformé en haine.

Je suis sorti de la séance en me disant que j’aurais mieux fait d’emprunter à la bibliothèque un ouvrage retraçant la vie de ce grand artiste.

¹⁾  Peut-être est-ce dû à de mauvaises prise de sons ou à des défauts d’isolation acoustique.