Ouvrons des Possibles - Coup de gueule

Ouvrons des possibles

1

Ô Politique te poses-tu des questions

Autres que celles des prochaines élections ?

Te remets-tu en question ? J’assume, j’ai raison

Tu réponds. Changer le monde l’as-tu prévu ?

Ne serait ce pas pour ça que l’on t’a élu ?

Ce monde plein d’inégalités

Ce monde sans imagination

De prêt à porter, prêt à penser

Est-ce cela que tu nous promets ?

Parce que ce dont tu nous parles

C’est productivité et efficacité

Gestion d’épicier du réel, de l’immédiat

Qu’évidemment égoïsme, individualisme

Tiennent pour seules tâches légitimes et urgentes

D’offres et de demandes ; toute une vie oppressante !

Pour anesthésier notre conscience

Spectacles, débats scénarisés

Télégéniques pour nous infliger

Toute la pensée unique - inique

D’une quasi éternelle croissance.

Dans la profondeur du réel sans te risquer

Tu ne réagis qu’aux faits bruts et insensés

Avec seul critère ta visibilité

Dans conformisme, conformité tu t’enlises

La vie tu modélises, tu nous infantilises.

Nos peurs, leurres d’immortalité tu attises

À peine si nous pouvons sentir le réel

Bientôt totalement submergés par le virtuel

Que la logique de ton pouvoir nous impose

Qui nous enferme dans une identité close.

Où est la sauvegarde qui objecte

L’insolence de ta certitude ?

Que fais-tu de tout cet innombrable

De la plasticité du vivant

Cette chance de métamorphose ?

Soulevons le drap de toutes ces certitudes

De notre relation prédatrice démiurge

De nos contradictions, qu’elles tombent en désuétude 

Trouvons l’art d’opérer pour des possibles ouvrir

Afin de continuer à rêver d’avenir.

2

Ô peuple, individus prompts aux révolutions

Même si en l’avenir plus rien vous n’espérez

Ne pas hésiter à tout remettre en question.

Mais ne vous laissez pas enfermer

Dans des identités surannées

Qui promeuvent la haine et la peur.

De ces techniques devenues totalitaires

Par les images, ne vous laissez pas distraire

Ne vous laissez ni submergés ni imposés

Ne vous laissez pas impressionner

Ces réalités dites augmentées

De simples virtuels sophistiqués

Vous excluant bientôt sans âme, privés de sens

Votre lien avec le réel vous le perdez

Prenant le risque de tomber en servitude.

Mais interrogez vos certitudes

Collectivement assimilées

Installées et jamais inquiétées

Tous ces implicites qui orientent vos pas

Tout en entravant, brimant votre liberté

Au nom de soi-disant plus de sécurité.

Votre destin est entre vos mains

Indignez-vous et indignons-nous

Du chemin fixé, écartons nous

Soit la mauvaise conscience de notre temps

Le courage du contre-pied, du contretemps

« Il y a un autre monde, il est dans ce monde »1.

Interrogeons nos contradictions

Ouvrons la porte d’autres possibles

Rêvons d’un avenir perfectible.

(1) Paul Eluard