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Momotaro, l'enfant des pêches. - Conte, Légende ou Autre

Conte, Légende ou Autre "Momotaro, l'enfant des pêches." est une histoire du Domaine Public mis en ligne par "npai"..

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Domaine public


Momotaro, l'enfant des pêches.


Conte traditionnel Japonais





Dans une petite chaumière, un peu en retrait du village, habitaient, jadis, un grand-père et une grand-mère. Le grand-père allait tous les matins dans les bois et la grand-mère restait seule à la maison pour s'occuper de leur petit foyer. Tous deux étaient travailleurs et vivaient paisiblement. Ils auraient même été certainement satisfaits et heureux s'ils n'avaient eu un grand chagrin : ils n'avaient pas d'enfant, et leurs vieux jours arrivés, étaient seuls.


Ah, que ce serait agréable si un petit garçon ou une petite fille s'amusait ici, pensait souvent le grand-père en balayant la petite cour. Et, le grand-père, revenant de la forêt, ses fagots sur le dos, s'imaginait un petit garçon courant à sa rencontre et l'embrassant tendrement; mais à quoi cela leur servait-il; ils n'avaient pas d'enfant et poursuivaient tristement leur travail, ne vivant que de leurs rêves.


Un jour, la grand-mère emballa, comme d'habitude, le repas du grand-père et quand celui-ci fut parti pour la forêt, elle prit le linge sale et s'en alla au bord de la rivière proche pour le laver. Elle lava, rinça, et ne leva la tête de son travail que lorsque son dos lui fit si mal qu'elle n'en pouvait plus.


Je dois m'étirer et me reposer un peu, se dit la grand-mère et elle se leva.

Mais, qu'est-ce qui flotte là-bas sur l'eau ! S’étonna-t-elle soudain et elle se protégea les yeux de sa main pour mieux voir : une grosse pêche rouge s'approchait lentement du rivage.


Serait-ce vraiment une pêche ? Aussi grosse ? Et, d'ailleurs ce n'est pas encore la saison des pêches,  pensa la grand-mère qui prit rapidement un bâton et attira la pêche sur le rivage avant qu'elle ne puisse continuer son chemin. La pêche répandait un tel parfum que la tête lui en tourna. Quel peut être le goût d'un fruit aussi parfumé ? La grand-mère mordit dans la pêche. Oh, il est sucré et si tendre qu'il fond de lui-même sur la langue !


La grand-mère, enchantée, mangea une bouchée après l'autre, et ce n'est que lorsqu'elle eut mangé le dernier morceau qu'elle se souvint du grand-père.


Que je suis méchante ! Je me délecte et n'ai pas laissé le plus petit bout au grand-père. Qu'il aurait trouvé bon de manger une pêche après son dur travail ! Mais qu'ai-je donc dans la tête de n'y avoir pensé plus tôt !


Ainsi se lamentait la grand-mère, s'en prenait à elle-même; mais à quoi cela servait-il, il n'y avait plus de pêche.


S'il y en avait encore une qui arrivât en flottant, se dit la grand-mère avec espoir, je la garderais certainement.


Elle laissa son linge et regarda la rivière espérant y voir flotter un fruit, arrivant pour le grand-père.

Elle regardait et regardait, et, tout à coup, au bout d'un certain temps, de nouveau une pêche apparut, encore plus grosse et plus rouge que la première.

Pourvu qu'elle ne m'échappe pas, s'effraya la grand-mère. Elle remonta sa jupe, entra dans l'eau et atteignit la pêche avec un long bâton.

Pour cela, elle dut tellement se pencher en avant qu'elle faillit tomber de toute sa longueur dans l'eau, mais elle tira tout de même la pêche vers elle.

- Oh, elle est encore plus rouge et sent encore meilleur que celle que j'ai mangée. Grand-père va en faire de ses yeux !

La grand-mère remit son linge dans le panier, posa la pêche par-dessus et se hâta de rentrer. Elle posa la pêche sur le rebord de la fenêtre juste en face de la porte, pour que le grand-père la découvrît dès son entrée. Puis elle se pressa de préparer le dîner.


Comme le soir tombait, le grand-père rentra à la maison. Il ployait sous un tel tas des fagots qu'il disparaissait presque dessous. Il déposa le bois dans la cour, puis il ôta ses sandales et entra dans la pièce.

- Qu'est-ce donc qui sent si bon ici ? demanda-t-il, à peine sur le seuil. Cela sent la pêche, mais il est beaucoup trop tôt pour les pêches !

- Cela en est pourtant une ! dit la grand-mère en riant. Je l'ai retirée de la rivière. Et elle raconta au grand-père comment elle y était arrivée. Elle oublia seulement de dire qu'elle en avait déjà mangé une.

- C'est certainement une pêche extraordinaire, dit le grand-père. Donne-moi vite un couteau, je vais la couper et nous allons en manger chacun la moitié.

Mais, que se passait-il ? La pêche ne se laissait pas entamer. Même lorsque le grand-père eut affûté son couteau, la pêche résista comme si elle était faite du bois le plus dur.

- Je vais emprunter une scie aux voisins, dit le grand-père et il partit chercher la scie. Mais, en chemin, il oublia tout à fait ce pourquoi il allait chercher les voisins.

Grand-mère m'a certainement envoyé chercher des boulettes de riz. Elle a lavé toute la journée et n'aura pas eu le temps de faire la cuisine, pensa-t-il.

Aussi se fit-il donner un bol de boulettes de riz par les voisins.

- Grand-mère vous rapportera dès demain des boulettes fraîches,promit-il et il retourna à la maison. A peine avait-il ouvert la porte et vu le gros fruit rouge qu'il se souvint de la scie.

- Que je suis étourdi, grand-mère ! Au lieu de la scie j'ai apporté des boulettes de riz. Il me faut donc repartir.

Mais il n'eut pas besoin de se dépêcher pour aller chez les voisins, car au même instant, la pêche se partagea d'elle-même, et il en sauta un minuscule et beau garçon. Il rit et déclara joyeusement :

- Je suis Momotaro, le plus grand garçon des pêches de tout le Japon.

Ebahis, la grand-mère et le grand-père ne surent que dire. Quand enfin ils eurent repris leurs esprits, ils s'exclamèrent joyeusement :

- Nous allons donc avoir quand même un fils, le petit, le minuscule Momotaro, le plus grand garçon des pêches de tout le Japon !

Ils caressèrent le petit, le prirent dans la main, et il vint subitement à l'idée de la grand-mère que leur nouveau fils avait peut-être faim.

- Veux-tu quelque chose, enfant des pêches ?

- Faites-moi une soupe de poisson bien grasse, pria le garçon.


Depuis lors, la grand-mère fit des soupes de poisson grasses et de bonnes bouillies de flocons de riz et de mil, et le garçon des pêches grandit et grandit. Ils le nourrirent d'abord dans une tasse, et il atteignit la taille d'une tasse. Ils le nourrirent ensuite dans une poêle, et il atteignit la taille d'une poêle. Et, comme il avait encore faim, la grand-mère le nourrit enfin dans le pétrin, et peu de temps s'écoula avant qu'il atteigne la taille du pétrin. Avant que le deux vieillards aient pu s'en rendre compte, ils avaient, dans la chaumière, un jeune homme grand et fort qui attirait tous les regards. Ses cheveux d'un noir d'ébène lui tombaient sur le front, ses yeux scintillaient comme des étoiles, et il était tellement fort qu'il aurait pu briser des rochers. Comme le grand-père et la grand-mère non seulement le nourrissaient bien mais lui donnaient de plus une bonne éducation, Momotaro était adroit dans tout ce qu'il entreprenait, il était modeste et aimable dans les conversations avec les voisins. Tous, dans le village l'aimaient bien et étaient heureux pour les vieux qu'ils aient une telle aide.


Un soir, alors que Momotaro et le grand-père étaient rentrés comme d'habitude de la forêt et qu'ils avaient entassé le bois dans la cour, ils se réunirent tranquillement tous les trois pour dîner.

C'est alors que Momotaro posa soudain son couvert et dit :

- Grand-père, grand-mère, vous m'avez bien élevé et je vous remercie de tout cœur de vos soins, grâce auxquels je suis devenu un garçon grand et fort. Mais ne m'en voulez pas si je vous dis qu'ici, dans le village, mes forces sont perdues. Ramasser du bois et le vendre au marché n'est pas pour moi. Je veux faire quelque chose de convenable, quelque chose qui puisse aider les hommes.

- Et que veux-tu donc faire Momotaro? demanda la grand-mère.

- Je veux aller dans l'île des Diables et exterminer les Diables qui apportent tant de fléaux aux hommes. Grand-mère, cousez-moi une nouvelle ceinture et un pantalon, cuisinez-moi des boulettes d'orge, de mil et de marrons, les meilleures de tout le Japon !

La grand-mère se mit alors à pleurer.

- Garçon des pêches, regarde-nous, nous sommes tous deux déjà vieux et nous n'avons personne au monde, sauf toi. Qu'allons-nous devenir s'il t'arrivait malheur ? Lîle des Diables est très dangereuse, personne n'en est encore revenu vivant; toi non plus tu ne reviendras pas. N'y vas pas ! le pria-t-elle, et elle ne cessait de gémir et de se lamenter.

Le grand-père à son tour prit un air sérieux et dit tristement :

- Cher fils, grand-mère a raison. Tu ferais bien de l'écouter. Tu ne sais même pas quels dangers t'attendent là-bas. Les Diables sont cruels et vindicatifs, ils ne connaissent pas de merci. Je veux te révéler quelque chose que je n'ai encore raconté à personne, et le mieux serait d'ailleurs de ne même pas avoir à y penser :


Tous deux, grand-mère et moi, nous ne sommes pas de cette région-ci. Nous vivions auparavant dans l'endroit que l'on appelle aujourd'hui l'Ile des Diables. C'était une jolie région; partout des champs fertiles et des forêts regorgeant de gibier. Les hommes vivaient heureux, dans plusieurs villages, jusqu'au jour où les Diables attaquèrent l'île. Ils mangèrent tous les hommes, les champs dépérirent, et même le gibier déserta les forêts. C'est à un heureux hasard que nous devons notre vie. Nous avons réussi à fuir jusqu'ici où nous avons été accueillis amicalement. Ne va pas dans l'Ile des Diables; tu peux être utile aux hommes ici également !


Mais le garçon des pêches ne se laissa pas détourner de son but. Maintenant qu'il savait que les Diables avaient fait subir tant de mal, même à ces deux vieux si bons, il y voyait une raison supplémentaire pour vouloir rendre la monnaie de la pièce à ces démons.

- Je vais me servir de mes forces et de tout ce que vous m'avez appris et vous verrez que je vaincrai les Diables.

Il était tellement décidé qu'il ne restait aux vieux qu'à céder. La grand-mère cousit une ceinture et un pantalon à Momotaro, et, pendant qu'elle préparait des boulettes d'orge, de mil, et de marrons, les meilleures de tout le Japon, le grand-père tirait du bahut une vieille bouilloire cabossée et une merveilleuse épée décorée, du meilleur acier.

- Cette arme et cette bouilloire sont les seuls objets que nous avons pu sauver de notre pays. Prends la vieille épée de mes ancêtres, elle te soutiendra dans ta bataille contre les diables.

Puis, il prit le couvercle de la bouilloire et le donna à Momotaro en disant :

- Ce couvercle aussi te sera utile. Le chemin qui mène à l'Ile des Diables y est gravé. Regarde-le bien. Au milieu d'une vaste plaine se trouve une grosse pierre noire. Il y a un trou sous cette pierre et, dans ce trou, pend une corde. Il faut que tu te laisses glisser le long de la corde si tu veux arriver dans l'Ile des Diables.

Momotaro remercia le grand-père, ceignit l'épée, prit le baluchon contenant les boulettes d'orge, de mil et de marrons, les meilleures de tout le Japon, y ajouta le couvercle et prit congé du grand-père et de la grand-mère. les deux vieillards lui souhaitèrent bonne chance, puis ils l'accompagnèrent jusque devant la cour et le suivirent longtemps des yeux.

Momotaro marchait joyeusement. Il se réjouissait à l'idée de la dure tâche qui l'attendait et au cours de laquelle il devait mettre à l'épreuve de force sa force et son savoir.

Un jour, devant un village, un chien blanc courut à sa rencontre et le salua amicalement :

- Bonjour, Momotaro, où vas-tu ?

- Je vais dans l'Ile des Diables afin de tous les exterminer !

- Et que portes-tu dans ton baluchon ?

- Des boulettes d'orge, de mil, et de marrons, faite par grand-mère, les meilleures de tout le Japon.

- Laisse-moi goûter aux meilleures boulettes de tout le Japon, le pria le chien blanc.

- Volontiers, mais il faudra pour cela que tu deviennes mon soldat !

- Le chien fut d'accord, et Momotaro lui donna une boulette d'orge, une des meilleures de tout le Japon.

Puis ils continuèrent le chemin à deux. Ils arrivèrent un jour dans une forêt, d'où un faisan vola à leur rencontre et les salua :

- Bonjour, jeune homme, bonjour, le chien, qui êtes-vous et où allez-vous ?

- Je suis Momotaro, le plus grand garçon des pêches de tout le Japon, et voici mon soldat, le chien Shiro. Nous allons dans l'Ile des Diables, afin de tous les exterminer.

- Et que portes-tu dans ton baluchon ?

- Des boulettes d'orge, de mil, et de marrons, faites par grand-mère, les meilleures de tout le Japon.

- Oh, donne-moi donc une de ces boulette, pria le faisan avide.

- Volontiers, mais tu dois pour cela devenir mon soldat !

Le faisant fut d'accord, reçut une boulette, une des meilleures de tout le Japon, et se joignit aux deux autres. Dans une forêt profonde, ils rencontrèrent un singe.

- Où allez-vous ? leur cria le singe alors qu'ils étaient encore loin, et qui êtes-vous ?

- Je suis Momotaro, le plus grand garçon des pêches de tout le Japon, et voici mes soldats, le chien Shiro et le faisan. Nous allons dans l'Ile des Diables afin de tous les exterminer.

- Et que portes-tu dans ton baluchon ?

- Des boulettes d'orge, de mil, et de marrons, faites par grand-mère, les meilleures de tout le Japon.

- Oh, que j'aimerais goûter une fois dans ma vie aux meilleures boulettes de tout le Japon, soupira le singe. Donne-m’ en donc au moins une.

- Volontiers, mais tu dois pour cela devenir mon soldat.

Le singe fut d'accord, reçut une boulotte d'orge, une des meilleures de tout le Japon, et se joignit aux trois compagnons.

- Puisque nous sommes déjà si nombreux, dit Momotaro, nous devrions nous répartir les tâches. Je serai votre général et le chien Shiro sera mon adjudant. Et vous, le faisan et le singe, vous serez de simples soldats.

Cela plut aux animaux, et comme ils étaient tous les quatre bien fatigués, ils s'assirent sous un arbre et chacun mangea sa boulette d'orge. Ah, que c'était bon ! Mais, rien d'étonnant à cela, car c'était vraiment les meilleures boulettes d'orge de tout le Japon. Ils prirent ainsi des forces, se reposèrent, puis se mirent de nouveau en route.

Tout autour, la forêt était épaisse, ne laissant entrevoir la moindre parcelle de ciel bleu. Ils grimpaient, puis descendaient dans des ravins escarpés et, alors qu'ils n'arrivaient presque plus à avancer de fatigue, la forêt s'écarta subitement et ils se trouvèrent au bord d'une immense plaine. C'était un véritable désert de pierres, tant elles étaient nombreuses alentour, et pas le moindre buisson vert.

Momotaro s'arrêta, sortit le couvercle du baluchon et dit :

- Ceci est certainement la plaine dont grand-père m'a parlé. Au milieu doit se trouver une grosse pierre noire, c'est notre prochain but. Seulement, je ne sais pas comment nous allons la trouver. La plaine est si grande qu'on n'en voit pas le centre d'ici, et si nous continuons droit devant nous, nous pourrions nous égarer dans ce désert de pierres et ne plus jamais retrouver le chemin pour en sortir. La meilleure chose serait que le faisan vole si haut qu'il voie la pierre et qu'il nous montre, ensuite, le chemin. Mais, avant, nous allons prendre des forces.


Ils s'assirent tous les quatre dans l'ombre de la forêt et mangèrent les boulettes de marrons, les meilleures de tout le Japon. Puis, ils se mirent en route avec des forces nouvelles. Le faisan volait devant eux et leur montrait le chemin..

Ils marchèrent et marchèrent, le soleil brûlait impitoyablement sur la plaine aride, et nulle part il n'y avait la moindre parcelle d'ombre. Le faisan agitait ses ailes de plus en plus lentement et il avait de plus en plus de mal à garder une hauteur suffisante pour ne pas perdre la pierre de vue. Le chien Shiro tirait la langue et avait le souffle court. Et le singe ? Depuis longtemps il ne sautait plus aussi joyeusement, mais se traînait au point que, de temps en temps, les autres devaient l'attendre. Momotaro s'était noué un linge autour du front pour éviter que la sueur ne lui coule dans les yeux et scrutait ardemment l'horizon dans l'espoir de voir apparaître leur but. Enfin, ils virent au loin, une grosse pierre noire dominer la plaine. A la vue de l'objectif, tous eurent un regain de forces et peu de temps après, ils purent s'asseoir à l'ombre de la pierre.

- Nous sommes arrivés, dit Momotaro. Sous cette pierre doit se trouver une ouverture et, dans cette ouverture, une corde. Mais avant que nous nous laissions descendre le long de la corde dans l'Ile des Diables, prenons des forces et mangeons les boulettes de mil de grand-mère, les meilleures de tout le Japon.


Il ouvrit le baluchon et ils se rassasièrent. Puis, avec des forces nouvelles, ils déplacèrent la pierre. Sous celle-ci, béait une ouverture noire. Le premier à descendre fut le singe, suivi de Momotaro qui avait placé le chien Shiro dans le baluchon qu'il portait sur le bras. Le dernier à s'engager dans le trou fut le faisan. Ils descendirent et descendirent, entourés de nuit noire, et il semblait que la corde n'allait jamais prendre fin. Enfin, ils sentirent la terre ferme sous leurs pieds; ils étaient arrivés dans l'Ile des Diables. Devant eux se dressait un immense château fort entièrement construit en poutres de chêne. Cette fortification tremblait sous les hurlements des Diables. Momotaro et ses amis se préparèrent à la lutte, puis, le singe frappa à l'immense portail de fer.

- Qui ose frapper à ma porte ?dit une voix de l'intérieur et, l'instant d'après, nos quatre amis étaient entourés de tout un troupeau de petits Diables rouges.

- C'est moi, Momotaro, le plus grand garçon des pêches de tout le Japon. Je suis venu avec mes amis dans l'île pour exterminer tous les Diables ! cria Momotaro, puis il tira son épée et donna des coups dans toutes les directions. Le faisan arrachait les yeux aux Diables et le chien Shiro les mordait aux jambes. Alors, les Diables rouge eurent peur et prirent la fuite. Le singe poursuivit les fuyards à grands sauts, mettant en lambeaux la peau de tous ceux qu'il pouvait rattraper. Peu de Diables réussirent à se réfugier à l'intérieur de la fortification et à courir jusque dans la grande salle, où ils rapportèrent la nouvelle qu'ils avaient eu à faire à un effroyable ennemi.


Dans le château fort, les grands Diables verts faisaient un festin. Ils étaient couchés sur des nattes, à leur tête se tenait leur chef, le Diable noir; ils roulaient de grands yeux bleus entre lesquels leurs longs nez pendaient presque dans les gueules grandes ouvertes et ils jetaient les os humains rongés derrière eux. Il y avait un tel vacarme dans la salle, dans laquelle les Diables goûtaient un peu trop à l'arrack, qu'aucun d'eux n'avait perçu la lutte qui faisait rage dehors. Et lorsque les Diables rouges pénétrèrent éperdus dans la grande salle, il fallut un certain temps avant que les Diables verts les remarquent.

- Quelle idée de nous déranger dans notre repas, bande de vauriens ! cria le Diable noir. Disparaissez !

- Un certain Momotaro a pris position devant le château avec son armée; il veut tous nous exterminer ! Se lamentèrent en pleurnichant les Diables rouges.

- Nous exterminer ? Nous, les plus terribles de tous les Diables ? Haha, quelle plaisanterie ! Il y a longtemps que nous n'avons entendu quelque chose d'aussi drôle ! Où est-il, cet effronté ? Il vient à point, nous avons justement besoin d'un dessert ! ainsi s'exclamaient les Diables verts tous à la fois, se tenant le ventre de rire.

- Me voici ! fit soudain entendre une voix forte et claire. Dans l'encadrement de la porte se tenait Momotaro avec ses amis et il criait :

- Je suis Momotaro, le plus grand garçon des pêches de tout le Japon, élevé avec de la soupe de poisson grasse et avec de bonnes bouillies. Je suis venu avec mes soldats pour vous exterminer et venger tous les hommes que vous avez assassinés. Ensemble, nous avons mangé les boulettes d'orge, de mil et de marrons, faites par grand-mère, les meilleures de tout le Japon; elles nous ont donné la force de dix mille hommes. Je vous engage à la lutte !


Alors, les Diables verts eurent peur. Plutôt que de se mesurer avec un tel héros, il valait mieux demander pitié. Ils offrirent des cadeaux aux quatre compagnons, acceptèrent de satisfaire n'importe quel désir si seulement ils voulaient partir en paix.

- Pourvu seulement qu'ils partent, se disaient les Diables, nous aurons vite fait par la suite de tout récupérer.

Mais Momotaro perça la ruse et ne céda pas aux prières et aux supplications des Diables. Il tira son épée et, avec ses soldats, passa à l'attaque.

Quelle bataille ! A peine un Diable vert avait-il réussi à échapper à l'épée que le chien le mordait, que le faisan lui arrachait les yeux, lui becquetait la tête, battant en plus des ailes si rapidement que le Diable ne voyait plus rien; et le singe jetait les cruches après ceux qui voulaient s'enfuir. Personne n'échappa. Toute la fortification résonnait du vacarme de la lutte et les Diables désespérés ne savaient plus où se cacher; ils avaient l'impression d'être attaqués par dix mille épées, d'être mordus par dix mille chiens et d'être piqués par dix mille faisans; et ceux qui réussissaient à échapper à cette terreur étaient poursuivis par dix mille singes qui leur arrachaient la peau. Finalement, Momotaro coupa la tête au Diable noir et la bataille fut terminée.

Les amis, épuisés par la lutte, firent le tour du château, rassemblèrent tous les trésors qu'ils purent trouver, les entassèrent sur une charrette et prirent le chemin du retour. Mais, avant de quitter l'île, ils mirent le feu à la fortification pour que plus rien ne rappelât les Diables cruels.


Un jour, le village vit apparaître un cortège bien étrange. Devant une charrette surchargée étaient attelés un chien et un faisan; à l'arrière, un singe poussait, et, à côté de la charrette, marchait un jeune homme de belle prestance qui portait une épée et souriait aimablement à tout le monde.

- Mais, c'est Momotaro ! s'exclamèrent les voisins étonnés et ils coururent vite apprendre au grand-père et à la grand-mère la joyeuse nouvelle du retour du garçon des pêches.

Quelle n'était pas la joie de grand-mère et de grand-père lorsqu'ils aperçurent dans leur cour leur fils! Le plus grand garçon des pêches de tout le Japon ! Ils ne pouvaient détourner les yeux de leur fils et maintes fois celui-ci dut raconter comment il avait vaincu les méchants Diables.

L'acte héroïque de Momotaro vint aux oreilles du prince de la région qui nomma Momotaro administrateur suprême de l'île libérée. Peu de temps après, Momotaro prit pour femme la plus belle jeune fille de tout le Japon, et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours avec le grand-père et la grand-mère. Souvent, le chien Shiro, le faisan et le singe venaient leur rendre visite et, en ces occasions, la grand-mère ne manquait jamais de leur servir ses boulettes, les meilleures de tout le Japon.

 

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npai

18-07-2012

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Momotaro, l'enfant des pêches. n'appartient à aucun recueil

 

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