"Moi, Daniel Blake" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
"Paulette Pairoy-Dupré"..
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Moi, Daniel Blake
"Moi, Daniel Blake" est un film réalisé par Ken Loach et qui a reçu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes, récompense fort bien méritée. Ken Loach nous présente une fresque sociale, à la limite du documentaire, dénonçant les absurdités d’une société informatisée où l’être humain qui ne « rentre pas dans la bonne case » n’existe plus, se meurt à petit feu. Daniel, 59 ans, charpentier de son métier frappé d’une crise cardiaque en plein chantier, tombe d’un échafaudage. Suite à cet accident, il perd son emploi. Le corps médical lui interdit de retravailler. Il est donc contraint de faire appel aux services sociaux pour obtenir des indemnités de longue maladie lui permettant de survivre. Il est convoqué par l’équivalent britannique de la « Maison du handicap » et doit subir un interrogatoire sur son état d’invalidité. « Est- il capable de lacer ses chaussures, de lever le bras pour mettre son chapeau, peut-il faire sa toilette seul, etc…, » toutes questions relevant d’un handicap moteur, voire psycho-moteur, qui n’est pas le sien. Son cas n’est donc pas répertorié dans les maladies invalidantes. En conséquence, il ne totalise que douze points sur les quinze requis pour obtenir une allocation. Donc, il est apte au travail et contraint de s’inscrire au chômage, de pointer régulièrement, d’attester qu’il recherche vraiment un emploi, de subir des séminaires menés par des intervenants ignorant sans doute le mot « chômage », pour apprendre à rédiger un curriculum vitae, de faire toutes ses démarches « en ligne » sur les sites de l’agence pour l’emploi ! Il ne sait pas se servir d’un ordinateur, il n’en n’a pas chez lui… Il tente de faire appel des décisions de la commission médicale : des heures au téléphone, communications surtaxées pour des réponses bien évidemment négatives. Plein de bonne volonté, il tente d’apprendre à pianoter sur un ordinateur, dans des associations mettant à la disposition des plus démunis un matériel informatique en nombre insuffisant et à l’usage limité dans le temps, car ils sont nombreux dans son cas ! Il se heurte à des employés zélés dépourvus du moindre humanisme qui aux difficultés n’ont pour seule réponse que le mot « sanction » ou « police » quand les postulants perdent patience et s’énervent. Sur son chemin, il rencontre une jeune maman, mère célibataire de deux enfants qui a enfin obtenu un logement social à quatre cents kilomètres de son lieu de travail : perte d’emploi, enfants déscolarisés et ayant perdu leurs repères familiaux (grands parents). Arrivée en retard au premier rendez- vous du « job center » (elle est arrivée tard dans la nuit et a pris dans cette ville inconnue l’autobus dans le mauvais sens), elle se voit infliger une sanction qui repoussera d’autant sa perception de l’indemnité sollicitée. Daniel, après avoir vendu son mobilier et campé dans un logis sans chauffage, finira par être enfin entendu par une commission. Sur le point d’avoir gain de cause, il s’effondrera dans les toilettes, frappé par une dernière crise qui l’emportera.
Dans son film qui a pour cadre une ville ouvrière du nord de l’Angleterre, Newcastle, et les taudis des quartiers pauvres loués fort chers à cette population d’une grande pauvreté économique , Ken Loach dénonce les absurdités d’une bureaucratie inefficace au service de l’Etat, des employés étroits d’esprit et appliquant à la lettre les règlements édictés par des autorités incompétentes. L’ère du « Welfare State », « Etat Providence », démantelé par Margaret Thatcher, des syndicats luttant pour la cause ouvrière, n’est plus, et voilà la « Perfide Albion » de retour à l’ère victorienne dénoncée par Dickens. Au-delà d’une grande cruauté sociale, néanmoins très réaliste, ce film est aussi un merveilleux hymne à la solidarité et au partage. Daniel donne de son temps pour aider Kate à aménager son appartement, mettant en oeuvre ses talents de menuisier pour donner vie au local des enfants et sculptant sur du bois de récupératon des mobiles pour décorer leurs espaces et les faire rêver. Un film dur, bouleversant, révoltant, merveilleusement interprété par Davie Johns et Crissy Rick dans une grande pudeur.
PPD Novembre 2016
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Moi, Daniel Blake
appartient au recueil I-Chroniques
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Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré. |
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