Ma ma - Critique de Film, Théatre, série...

Ma ma

     Ma ma de Julio Medem me laissera un souvenir édénique. A l'heure ou certains endoctrinés jusqu'à la moelle font usage de leurs convictions sanguinaires pour haïr autrui, à l'heure où le monde économique traite avec mépris ceux qui le fructifient au prix d'un labeur fidèle, et enfin à l'heure où tant de souffrances s'assourdissent dans l'anonymat égoïste, l'effusion de sentiments dont le film nous gratifie nous embaume de tendresse et d'amour.

      Pénélope Cruz, dans le rôle de Maggda, interprète une femme atteinte de la maladie diabolique. Ce mal l'atteint alors que sa moitié l'a quittée pour une jeune tierce, et alors qu'elle est entièrement au chômage. Prise en main par deux hommes angéliques, Luis Tosar, dans le rôle de Arturo, et Asier Etxeandia dans le rôle de Julián, le mal intensifie sa vie et lui peint des fictions. Et quoi de plus imaginatif que l'univers de l'enfance ? Natasha (Anna Jiménez) photographiée en orpheline sibérienne trônant sur le bureau de Julián, et Dani (Teo Planell) en fils footballeur tapant dans l’œil du recruteur Arturo, portent Maggda, la maman, vers les sortilèges qui transfigurent la souffrance en don de soi. C'est dans un monde empreint d'irrationalité et d'exagération affective qu'elle goûtera dans un club échangiste à l'érotisme amoureux de Julián, son gynécologue. Le nouveau-né dans son ventre, la lune d'amour luisant en son sein, éclairera aussi, à jamais, sa nuit éternelle.

      Cinéphiles, de grâce, ne vous arrêtez pas sur l’invraisemblance de certaines scènes ; n'ergotez pas, s'il vous plaît, sur l'ingénuité de certaines situations. Immergez-vous dans le bain de jouvence du réalisateur, et vous en sortiriez réconcilié avec l'humain.