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Les Catilinaires - Chronique

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Les Catilinaires

Résumé (quatrième de couverture)

La solitude à deux, tel était le rêve d'Emile et de Juliette.
Une maison au fond des bois pour y finir leurs jours, l'un près de l'autre. Etrangement, cette parfaite thébaïde comportait un voisin. Un nommé Palamède Bernardin, qui d'abord est venu se présenter, puis a pris l'habitude de s'incruster chez eux chaque après-midi, de quatre à six heures. Sans dire un mot, ou presque. Et cette présence absurde va peu à peu devenir plus dérangeante pour le couple que toutes les foules du monde...
C'est une comédie très noire, d'une lucidité tour à tour drôle et dévastatrice, que nous offre ici la romancière d'Hygiène de l'assassin, révélation  littéraire de 1992.

L'écriture est calme, comme les ongles avant de griffer...C'est la même main qui caresse et qui gifle, et ce sont les mêmes visages qui sont pantins et ennemis, poupées et monstres tous ensemble.

                                             Renaud Matignon, le Figaro littéraire.

 Avis  :

Lire ce livre vous pousse à une générosité que vous ne soupçonniez pas jusque-là, et de suite vous viennent quelques personnes à l’esprit, à qui vous en feriez bien cadeau...Comme ça naïvement, l’air de rien…

On a tous, c’est certain un Palamède Bernardin dans son placard, ou pire sur son palier ! L’art ici est de rendre les interventions d’un personnage des plus détestables, des plus jubilatoires pour le lecteur. Et si l’on a tous eu affaire à des sans gènes et autres désabonnés des bonnes manières, il apparait clairement et brillamment que le piège ne vient pas de l’autre. Le piège il vient de nous. De ce que nous portons, ce qu'on voit très bien chez Émile, à travers ses réactions et ses pensées, nous sommes parfois juste prisonniers de nos propres habitudes, de notre éducation, de nos bonnes manières. L’inacceptable ce n’est pas l’autre, l’inacceptable c’est d’être son propre tortionnaire, prisonnier de ses convenances, encagé et engoncé dans notre politesse. Se serait presque une lecture pour apprendre à dire M…, et ce ne serait pas un drame plutôt un service qu’on se rend à soi-même ! Un de mes préférés de Nothomb malgré son format très court, l’essentiel est là, une bonne dose d’humour corrosif et sous des personnages au premier abord assez atypiques, des vérités à cogiter.

 

Extraits:

"_ Et si on achetait la télévision ?
Juliette faillit renverser la cafetière.
_ Tu es fou.
_ Pas pour nous. Pour lui. Comme ça quand il viendrait ici, on l’installerait devant la télévision et on serait tranquilles.
_ Tranquilles, avec ce bruit infernal ?
_ Tu exagères. C’est vulgaire, mais pas infernal.
_ Non, c’est une très mauvaise idée. De deux choses l’une : soit monsieur Bernardin n’aime pas la télévision, et il sera encore plus mécontent qu’avant, mais il ne délogera pas pour autant. Soit il aime la télévision et il passera quatre heures, cinq heures, sept heures par jour chez nous.
_ Horreur. Je n’y avais pas pensé. Et si on leur offrait la télévision ?
Elle éclata de rire."

 

" Nous eûmes beau attendre, il ne répondit rien. Je ne pouvais pas m’empêcher de l’admirer ; qu’il fût demeuré ou non, il avait ce courage ou ce culot que je n’avais jamais eu : ne rien répondre. Ni « je ne sais pas », ni haussement d’épaules. Indifférence absolue de la part d’un homme qui s’imposait chez moi pendant des heures, cela relevait du prodige. J’étais fasciné. Et je l’enviais d’en être capable. Il n’avait même pas l’air gêné – c’était nous qui l’étions ! Le comble ! J’avais tort de m’en étonner d’ailleurs : si les rustres étaient honteux de leurs manières, ils cesseraient d’être rustres. Je me surpris à songer que ce devait être merveilleux d’être une brute. Quelle réussite : se permettre toutes les indélicatesses et en faire retomber les remords sur les autres, comme si c’étaient eux qui s’étaient mal conduits !"

 

"Ahuri, je contemplai la masse qui s’éloignait. C’était donc si facile ! J’étais médusé de joie et de triomphe : je venais de vivre la première colère de mon existence et j’en étais ivre ! Combien Horace avait tort de la qualifier de folie : au contraire, la colère était une sagesse – si seulement elle avait pu me frapper plus tôt !
Je claquai la porte avec un geste de gifle : c'était soixante-cinq années de faiblesse que je giflais. J'éclatai d'un rire sonore. Gai et fort comme un général victorieux,..."

 

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Auteur

Blog

npai

24-10-2012

Auteur public

Amélie Nothomb

Couverture

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Les Catilinaires n'appartient à aucun recueil

 

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