"Le Soldat Mérite Le Paradis " est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
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Le Soldat Mérite Le Paradis(film amateur)Si les films historiques ont toujours été un divertissement plaisant pour moi, je n'ai jamais été très friand des films de guerre, leur reprochant de tomber trop fréquemment dans le patriotisme naïf, la débauche de spectaculaire, la surenchère de violence explicite, ou pire la propagande. A la faveur de recommandations sur les réseaux sociaux, j'ai toutefois eu la curiosité de visionner des fictions de reconstitution historique réalisées par des associations de sauvegarde du patrimoine. Je m'attarderai ci-dessous sur la reconstitution par un vidéaste amateur passionné de la bataille du fort de Vaux (1916) : Titre : Le Soldat Mérite le Paradis - Année : 2020 Réalisation : Richard Delay - Production : Cinéaix73 et Quatra Vidéo Long-métrage amateur durée : 1h08 Budget : aucun (selon des articles de presse régionale) Synopsis : Dimanche 2 août. Partout dans les campagnes et les montagnes le tocsin résonne, soutirant aux champs de blé une armée de paysans, embarquant dans des trains pères de famille, fils et engagés volontaires vers l'inconnu, vers les champs de bataille. Appelé en renfort suite aux premières attaques de l'ennemi sur les rives de la Meuse, un bataillon de chasseurs alpins prend ses quartiers dans le fort de Vaux. Le danger gronde, les soldats se préparent à l'inévitable déluge de feu, pendant que leurs familles souffrent de l'absence des êtres chers, s'épuisent aux champs et pleurent leurs morts. Critique : Inconnu au bataillon des réalisateurs adoubés par la profession, Richard Delay est avant tout un passionné et un grand rêveur. Sa foi artistique le pousse à croire que tout est possible avec une petite caméra en main. Depuis 2016, il a réalisé plusieurs longs métrages qui lui ont valu un petit succès d'estime dans sa région, la Savoie, qu'il a choisie comme décor central de toutes ses créations. Fin 2018, il planche sur son plus ambitieux film : Le Soldat Mérite Le Paradis. Cette ambition aurait pu passer pour insensée, car c'est sans aucun budget que l'ancien militaire s'est embarqué dans cette aventure de plus d'un an, finalement projetée sur quelques écrans juste avant le Covid. Le résultat tient en soixante-huit minutes, une durée trop réduite pour en faire un long métrage à part entière, mais suffisamment longue pour ne pas tomber dans l'enchaînement de longueurs ou l'indigestion de scènes ratées, absence de budget oblige. Dès la première minute, le réalisateur autodidacte prend le parti d'une caméra contemplative. Tourné intégralement en décors réels ou naturels, le film montre volontairement d'esthétiques paysages, parfois en totale inadéquation avec le cadre historique et avec pour unique objectif de distraire l'oeil du spectateur, lorsque l'action fait défaut. La première bonne surprise de cette réalisation réside dans les costumes, étonnamment raccords avec l'époque. Contrairement à bon nombre de reconstitutions amateurs, et même à certaines productions à gros budgets (avez-vous vu Vercingétorix ?), à aucun moment le spectateur n'est choqué par un habit inapproprié. Mieux, toute la panoplie d'uniformes français de la Grande Guerre est montrée à l'écran : des tristement célèbres rouges garance aux bleus horizons, en passant par les emblématiques Diables Bleus. Du côté allemand, la garde-robe est bien plus modeste, mais sans erreur majeure. Il convient de féliciter les associations de reconstitution historique, car l'effet est du meilleur goût. Jolie prouesse également que d'avoir trouvé un modèle d'avion idoine. Hélas, cet effet demeure essentiellement visuel, car le jeu d'acteur des soldats n'a rien de mémorable, la plupart des protagonistes se contentant de montrer qu'ils ont de la discipline. A l'exception du commandant et du capitaine, acteurs d'une grande justesse, aucune personnalité ni histoire personnelle ne fut développée dans le scénario. Aussi toute la seconde partie (presque un quart d'heure) prend-elle de fades airs de film documentaire, non dénué d'intérêt mais installant chez le spectateur une lassitude bien trop précoce. Dans la troisième partie, quelques rares séquences dramatiques parviennent à faire émerger des bribes d'émotions, hélas rapidement étouffées par des salves d'effets spéciaux grossiers, voire tout bonnement ratés. Venons-en justement à la plus grave erreur de ce film, celle de l'absurdité de vouloir reproduire de vraies scènes de guerre sans y mettre les moyens. Des moyens le réalisateur n'eut visiblement jamais l'intention d'en accorder, ni pour la mise en scène, ni pour le montage. Conséquence fatale, le spectateur devra se contenter de serrer les dents (ou d'éclater de rire, au choix) une bonne dizaine de fois, incapable de croire aux trucages. A défaut d'un artificier, le réalisateur a tout misé sur des incrustrations souvent floues ou mal détourées. Hélas le sujet du film est bien trop grave pour que l'on puisse pardonner quelconque bricolage d'amateur. Une question légitime en découle : le scénariste a-t-il pêché par orgueil de démesure ? A l'évidence, il aurait été plus sage de s'en tenir à une succession de bruitages, plutôt crédibles disons-le, tout en suggérant l'apocalypse. Un exercice qui fait d'ailleurs ses preuves à certains courts instants de la bataille. Dans son ambition teintée de folie, Richard Delay a toutefois eu la clarté d'esprit d'alterner fréquemment les séquences de la vie quotidienne à l'arrière du front (un angle de vue très rare au cinéma) avec les scènes au fort, décor central du long métrage. On imagine pourtant que la tentation fut grande d'axer l'intégralité du film sur les édifices remarquables que le réalisateur a pu investir sans (semble-t-il) débourser un centime : le fort, qui semble si vaste qu'on ne compte plus le nombre de salles et de souterrains investis par les acteurs, une chapelle, une église, des fortifications de style casemate allemande, le château servant d'hôpital ou encore une gare semblant figée dans le temps. Pour les vues aériennes, il semble même qu'un fort d'architecture différente ait été filmé. Cette immersion dans le quotidien des familles esseulées donne au film le mérite de mettre en scène une bonne vingtaine d'actrices, cas finalement peu courant pour un film de guerre. Certaines d'entre elles livrent des prestations que l'on retiendra une fois le générique déroulé, tout comme les dix dernières minutes qui arrivent finalement à émouvoir qui aura eu la curiosité de regarder cet inégal film jusqu'au bout. En résumé, un sujet historique parfois trop ambitieux pour un réalisateur qui, malgré un budget proche de zéro, a réussi le pari de réunir un grand nombre d'éléments garantissant un spectacle passable, même si, hélas, il est impossible de faire l'impasse sur les horribles effets visuels qui nous rappellent brusquement le caractère amateur du résultat. Recommandé en priorité aux cinéphiles curieux et indulgents. |
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Le Soldat Mérite Le Paradis
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Critique de Film, Théatre, série. terminée ! Merci à StevOstins71. |
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