Le Printemps - Poème

Le Printemps

Il est 5 heures, Paris s’éveille, dit le poète

J’ouvre mes fenêtres, dans ma ville endormie

J’entends les oiseaux célébrer le jour à tue-tête

J’écoute attentive leurs vocalises et mélodie

Paris à feu et à sang, les droits revendiqués

Des casques noirs, des motos, des robots

C’est la colère, hideuse et sans mots

Les flammes, les cris, les vitrines brisées

Je me penche alors que j’ouvre mes volets,

Le souffle du vent me caresse, énamouré

Il court, galope et semble se jouer

De ma surprise et de mon air hébété

Les blessés, les casseurs, les fumées noires

Qui s’envolent dans le ciel de ce pays paumé

Les jets d’eau, le mobilier urbain, les poubelles

La fureur et l’odeur âcre des terreurs rebelles

C’est le début du printemps, je distingue les fleurs

Qui se lèvent elles aussi, fières et sans peur

Parfumées à l’excès de leurs suaves couleurs

Elles défient le monde de leur insolente candeur  

Les grèves, les foules, les insultes et les idées

Rien ne les arrête, ni le chaos, ni la honteuse cruauté

Tout vient blesser et je pense aux regards des enfants

Qui, ce matin, découvriront les saccages des violents

Le matin se lève, la nuit s’en va comme gênée

De tirer le rideau de la nuit étoilée

Il se mêle au refrain des moineaux opérettes

Pour eux, tous les matins sont des fêtes.

Me voilà toute entière choyée dans l’étreinte

De l’orgueilleuse saison, parée de bonne humeur

Elle aime à consoler les âmes fragiles et ses teintes

Ruissellent de douceur sur les fatigues et les cœurs

Je préfère et de loin chanter ce qui ravit l’enfance

Heureuse de vivre qui reconnait sa chance

Plutôt que d’hurler jusqu’à la déraison.

La Vie revient toujours à la belle saison

Le cycle de la Vie se moque de nos guerres

Je me cache, blottie dans les calices des fleurs

L’eau qui s’y trouve, pour moi, n’est plus amère

Elle a le goût de l’avenir qui croit toujours au bonheur.