Le mystère Henri Pick - Chronique

" Le mystère Henri Pick "

    Vous écrivez, vous racontez votre vie, vos tourments… Vous rêvez de devenir le dernier auteur  la mode. Passez votre chemin. De suite ! N’achetez surtout pas ce livre, il va vous sonner. Le bourdon ! Vous allez en sortir avec l’envie de jeter dans la petite poubelle de votre bureau, crayons, papier et même jusqu’à votre ordinateur. Et vous conduire au bord de l’eau avec une canne à pêche en guise de loisir pour oublier vos ambitions littéraires.

    Si vous écoutez David Foenkinos, l’auteur de ce livre, souvent invité de  « La libraire francophone » de France Inter,  vous n’aurez pourtant qu’une envie, c’est de plonger dans son enquête digne d’un polar, sans coupable et sans meurtre mais au drame bien  réel. Il sait vendre son affaire le bonhomme !

     Le "drame", c’est celui de 90% des écrivains. Etre sûr d’avoir écrit l’œuvre du siècle… et devoir aller enterrer son manuscrit dans la petite bibliothèque de Crozon. Cette bibliothèque est devenue le havre des auteurs en mal de reconnaissance mais refusés par tous les éditeurs. Une « bibliothèque des livres refusés » ! Le seul impératif pour enfin entrer dans ce temple littéraire  de la dernière chance étant de venir soi-même y déposer son manuscrit. Et c’est au bout du monde.

    Je ne sais ce qui a pu pousser David Foenkinos à choisir la presqu’île battue par les tempêtes pour cadre de son roman. Peut-être que, enfermés les jours de grand vent, les habitants ont besoin de s’évader dans les livres et que ces ouvrages-là sont susceptible de créer la surprise…

     La surprise, ce sont un auteur – publié, lui, mais en panne sévère d’inspiration – et une jeune et ambitieuse éditrice qui la découvriront dans un manuscrit titré « Les Dernières Heures d'une histoire d'amour » et mêlant l’histoire d’une rupture à la mort de Pouchkine. Un texte qu’ils trouvent l’un et l’autre d’autant plus fabuleux que l’auteur est un pizzaïolo quasi inculte.

S’ensuit une enquête  pleine de rebondissements pour retrouver le fameux auteur, en dessiner le portrait et… lancer l’édition du livre à grand renfort de promotion et de publicité. Le suspense est parfaitement ménagé et l’on se prend vite au jeu de la supputation pour déchanter des pages plus loin. Et la chute – que je ne dévoilerai pas -est assez surprenante.

     L’autre intérêt de ce roman bien ficelé est d’entrer dans le milieu de l’édition par des portes d’habitude plutôt verrouillées. Et peut-être de comprendre que parfois il vaut mieux déposer directement son manuscrit à la bibliothèque des livres refusés...

Le mystère Henri Pick

Collection Blanche, Gallimard

288 pages