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La chanson des aventuriers de la... - Domaine Public

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Victor Hugo 

La Légende des siècles
Première série
XI
La Chanson des Aventuriers de la Mer

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

Tom Robin, matelot de Douvre,
Au Phare nous abandonna
Pour aller voir si l'on decouvre
Satan, que l'archange enchaina,
Quand un baillement noir entr'ouvre
La gueule rouge de l'Etna.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

En Calabre, une Tarentaise
Rendit fou Spitafangama;
A Gaete, Ascagne fut aise
De rencontrer Michellema;
L'amour ouvrit la parenthese,
Le mariage la ferma.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

A Naple, Ebid, de Macedoine,
Fut pendu; c'etait un faquin.
A Capri, l'on nous prit Antoine
Aux galeres pour un sequin!
A Malte, Ofani se fit moine
Et Gobbo se fit arlequin.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

Autre perte. Andre, de Pavie,
Pris par les Turcs a Lipari,
Entra, sans en avoir envie,
Au serail, et, sous cet abri,
Devint vertueux pour la vie.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

Puis, trois de nous, que rien ne gene,
Ni loi, ni dieu, ni souverain,
Allerent, pour le prince Eugene
Aussi bien que pour Mazarin,
Aider Fuentes a prendre Gene
Et d'Harcourt a prendre Turin.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

Vers Livourne nous rencontrames
Les vingt voiles de Spinola.
Quel beau combat! Quatorze prames
Et six galeres etaient la;
Mais, bah! rien qu'au bruit de nos rames
Toute la flotte s'envola.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

A Notre-Dame de la Garde,
Nous eumes un charmant tableau;
Lucca Diavolo par megarde
Prit sa femme a Pier'Angelo;
Sur ce, l'ange se mit en garde,
Et jeta le diable dans l'eau.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

A Palma, pour suivre Pescaire,
Huit nous quitterent tour a tour;
Mais cela ne nous troubla guere;
On ne s'arreta pas un jour.
Devant Alger on fit la guerre,
A Gibraltar on fit l'amour.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

A nous dix, nous primes la ville;
--Et le roi lui meme!--Apres quoi,
Maitres du port, maitre de l'ile,
Ne sachant qu'en faire, ma foi,
D'une maniere tres civile,
Nous rendimes la ville au roi.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

On fit ducs et grands de Castille
Mes neuf compagnons de bonheur,
Qui s'en allerent a Seville
Epouser des dames d'honneur.
Le roi me dit: '--Veux-tu ma fille?'
Et je lui dis: '--Merci, seigneur!

'

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

'J'ai, la-bas, ou des flots sans nombre
Mugissent dans les nuits d'hiver,
Ma belle farouche a l'oeil sombre,
Au sourire charmant et fier,
Qui, tous les soirs, chantant dans l'ombre,
Vient m'attendre au bord de la mer.

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

'J'ai ma Faenzette a Fiesone.
C'est la que mon coeur est reste.
Le vent fraichit, la mer frissonne,
Je m'en retourne en verite!
O roi! ta fille a la couronne,
Mais Faenzette a la beaute!'

En partant du golfe d'Otrante,
Nous etions trente;
Mais, en arrivant a Cadiz,
Nous etions dix.

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Proposé par

Cathou inafrica

Auteur

Blog

Victor Hugo

06-10-2015

Couverture

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La chanson des aventuriers de la mer n'appartient à aucun recueil

 

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