L'homme pressé - Critique de Film, Théatre, série...

« L’homme pressé »

Un petit faon tout innocent se débattant au milieu d’un torrent sous l’œil indifférent ? d’une biche …. Sauvé de la noyade par une main compatissante qui passait par là... Et voilà notre petit faon courant derrière celle qui pourrait être sa maman…

Une image forte, émouvante, belle de par ses couleurs et son cadrage qui ravit nos yeux aux deux tiers du film d’Hervé MIMRAN, « L’Homme pressé ».

Une image qui pourrait bien résumer cette quête, cette recherche obstinée, qui de sa mère qui l’a abandonnée à la naissance, qui de son père qui l’a oubliée trop occupé qu’il était par sa vie professionnelle, qui enfin de cet homme qui lui, cherche à retrouver un langage articulé et compréhensible après l’accident qui l’a frappé.

Alain Wapler, interprété par Fabrice LUCHINI, est homme d’affaires, professeur, brillant orateur, membre du jury du concours de l’éloquence, totalement investi dans sa vie professionnelle au point de courir après le temps et d’oublier qu’il a une fille. Victime d’un accident cérébral qui le prive de la parole, avec patience et acharnement il se débarrasse de son handicap et se reconstruit peu à peu avec l’aide d’une jeune orthophoniste, Jeanne, Leila BEKHTI à l’écran.

Une amitié nait entre le malade et sa soignante. Alain aidera Jeanne à retrouver sa mère biologique.

C’est l’histoire d’un puissant, diminué, devenu fragile, réapprenant comme un petit écolier les sons et la réécriture des lettres, son petit calepin à la main, et qui vainement essaie de garder la tête haute, son statut dans un monde de requins qui le rejettera sans aucune reconnaissance.

Ce film est inspiré du douloureux épisode de la vie de Christian Streiff, PDG de Peugeot Citroën, qui tenta pendant de longs mois de cacher sa maladie avant que d’être « remercié » en moins de deux heures.

Même en déclamant des phrases dépourvues de sens et qui font sourire, souvent empruntées au verlan pour donner une touche comique et attendrissante à l’histoire, Fabrice Luchini qui porte le film reste un orateur exceptionnel aux côtés d’une Leila Bekhti et de Rebecca MARDER, pleines de fraîcheur contrastant avec le jeu un peu bouffon d’Igor COTESMAN, l’infirmier bout en train de l’hôpital.

Un film émouvant où la solitude mène à la rencontre.

A voir !

16 novembre 2018

PPD