L'Atelier - Critique de Film, Théatre, série...

L'Atelier

      Le nouveau film du réalisateur Laurent Cantet "L’Atelier" jouit d’un scénario qui joue avec brio sur l’incertitude qu’engendre la conduite des deux personnages principaux.

      Réunis en atelier d’écriture, Olivia, l’écrivaine, (Marina Foïs) initie un groupe de jeunes à l’élaboration d’un roman. Ce microcosme d’une société française métissée donne lieu à des réparties des plus croustillantes entre les participants. A l’exception toutefois d’Antoine (Matthieu Lucci) dont l’esprit taciturne plombe bien souvent leurs échanges taquins, non sans que cela désarçonne l’écrivaine. Aussi l’attitude de celui-ci freine-elle la mise en œuvre d’un roman noir ayant pour cadre le passé de la ville et de son chantier naval fermée depuis belle lurette. La taciturnité d’Antoine prend un tour offensant, lorsqu’il raille, en plein atelier, le passage d’un livre qu’Olivia a écrit. Il s’ensuit alors un chassé croisé psychologique, énigmatique et dramatique qui m’a tenu en haleine jusqu’au dénouement hautement inattendu.

      Alliant la fiction au documentaire, les scénaristes, le premier nommé et Robert Campillo, ont réussit l’exploit de nous dessiner en quelques traits notre société contemporaine. A travers les autoroutes de l’information, par le biais de jeux vidéos, le décalage entre le réel et le virtuel nous est étalé avec acuité. Elle finit par inhiber la joie de vivre des participants à l’Atelier. Et c’est l'oeuvre écrite qui leur servira d’exutoire à leur mal-être. Antoine, lui, l’éternel solitaire, quittera le groupe et fantasmera sur Olivia. Louons les prestations de ces deux protagonistes. Leur rayonnement énigmatique donne une assise à cette belle œuvre cinématographique.