Still Alice - Critique de Film, Théatre, série...

Still Alice

Julianne, Moore, encore et encore

Le visage de Julianne Moore, en héroïne face à l'amnésie dans « Stil Alice », épouse avec brillance dramatique les contours du désespoir. Le visage stoïque à l'annonce du diagnostic, le visage blême devant les mots qui se sont perdus, le visage apeuré par un lieu plongé dans les brumes de l'oubli, la médaillée hollywoodienne tient le film à bout de bras. Mais ce ne sont ni les dialogues entre elle et les enfants sonnant souvent faux, ni les scènes familiales terriblement convenues, ni les relations aseptisées, relevant du cliché, entre elle et son époux qui portent le film au sommet de l'art cinématographique. J'ai été grandement ému par la bouille qui se noie dans des larmes de cascatelles lorsque la mémoire déchiquetée tourbillonne dans le pénombre de la chambre à coucher. J'ai été terriblement troublé par la figure à la mine apaisée et décidée qui apparaît sur un écran d'ordinateur et dont la bouche instruit son propre suicide. J'ai été profondément interpellé par la femme qui avait des trémolos dans la voix et dont les traits lisses s'empourprent de vergogne à la lecture d'un discours : pour ne pas perdre le fil, elle souligne au surligneur les mots prononcés. Et lorsque l'auditoire, les larmes aux yeux, et sous un tonnerre d'applaudissement, lui rend hommage, j'ai eu envie de déclamer : « Verbe truculent, langage engagé, restez près de moi, car les mots cinglants au style imagé provoquent l'émoi. » Merci Richard Glatzer, votre film sous les traits de Julianne, nous a enserré, comme une liane, d'amour. Le mot  «  Love » qu'elle réussi à articuler y est le mot de la fin.