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Les gâteaux au chocolat - Journal intime

Journal intime "Les gâteaux au chocolat" est un journal intime mis en ligne par "Ancolies"..

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Les gâteaux au chocolat

 

On allait chez lui, on écoutait du blues blanc français (Patrick Verbeke, Benoit Blue Boy, Paul Personne). Ou anglais (John Mayall). Du blues black (Hendrix). Du psychédélique (l’Airplane, Quicksilver, Country Joe). On buvait du vin rouge, on fumait des pétards, on mangeait des gâteaux au chocolat. Ça se passait la nuit chez lui, Ancolies. Il avait 20 ans. Il habitait en bordure du bois de Boulogne où je bossais tard dans la nuit avec ma copine Tina.

Moi c’est Claudia.

La nuit où on l’a rencontré, il devait être 3 ou 4h du mat. Comme chaque nuit il ne dormait pas, alors il se promenait en caisse. Allait sur les Champs-Elysées ou à Pigalle pour faire passer son mal-être à coups d’irish coffee et poser un regard curieux sur les choses et le monde.. Il est passé sur cette allée du Bois où moi et ma copine venions tout juste de taxer en guise de dédommagement une rollex à 2 gars dangereux. Tina et moi, on a foncé pour sortir du bois et arriver sur l’allée. Il passait là. On a pas fait un pli, on s'est foutu devant sa bagnole pour l'arrêter, on a ouvert les portières, on s’est engouffrées et on lui a dit Fonce. Les 2 gars qu’on venait de braquer sont sortis du bois eux-aussi à ce moment-là. Ils avaient chacun un flingue. Fonce ! on a crié à Ancolies. Il a pas posé de questions, il a foncé, et on s’est tiré de ce maudit bois. Je crois qu'il a eu le béguin pour moi dès la première seconde. C'est vrai que j'étais belle, très belle. Et c'est ça son péché mignon à l'Ancolies, la beauté. Comme il était gentil et qu’il ne posait pas de question, moi et Tina on l’a emmené dans un rade un peu spécial à nous dans le 8ème arrondissement, près de l’Opéra. A peine on était là assis que 2 gars sont venus vers lui. Dégage ! ils lui ont dit. Manifestement il n’en avait rien à foutre. Alors c’est nous qui avons pris les devants. On dégage, on lui a dit. Toujours aussi muet, il a obtempéré et nous a déposé comme on lui a demandé vers nos studios personnels boulevard Péreire. Bonne nuit on s’est dit à l’instant de le quitter. On lui devait une fière chandelle, mais il n’en avait manifestement rien à foutre non plus.

Après on l’a revu. On se filait rencard à 4h dans le bois et on allait chez lui écouter de la zic et avaler ses fameux gâteaux au chocolat qu’il nous avait achetés. Au petit matin, il nous redéposait chez nous, boulevard Péreire. 6 mois ça a duré.

Après on avait confiance en lui. Alors on lui a filé rendez-vous à Pigalle, rue Blanche, là où on bossait quand on était pas au Bois. Il s’est pointé, s’est garé, est venu vers l’immeuble sur le trottoir opposé, s’est rapproché de nous. On était 8 ou 10 à cloper dehors, et lui, de l’autre côté de la rue, il a entendu toutes nos voix graves et rauques, et là enfin il a compris. On était pas seulement des putes, on était des travelos. Brésiliens. Brésiliennes, comme vous voulez. Nous on s’en fout.

Manifestement il s’en foutait aussi. Nous a rejoint dans l’une des 2 piaules où on se relaxait entre 2 passes. S’asseyait, disait rien, écoutait, matait. Absent. Prenait le verre de vin ou le pétard, passait à son voisin. Pis à 6 h du mat il se barrait.

Un jour ça nous a gonflé avec les copines. Qu’est-ce qu’il voulait à la fin ? Pas d’argent, pas de sexe, pas de dope. Alors on l’a séquestré. Ça a pas eu l’air de le traumatiser outre mesure, l’a dit ok après qu'on ait fermé la porte à clé, et s’est rassis sur le matelas pourri. A 9 h on l’a laissé partir.

Une fois, moi Claudia Claudio, je lui ai fait une pipe. S'est laissé faire, a pas moufté comme d’hab.

Et puis on est parti.On bougeait tous les 2 ans d’Europe en Europe, France, Autriche, Italie, Allemagne, Espagne… 2 ans, le temps qu’on se tape les cognes.

Quand on est parti de France, on a voulu l’emmener. Sans succès. Comme d’hab il a rien dit. Mais ne nous a pas suivi. Qui était-il, que voulait-il ? 40 ans plus tard je n’en sais toujours rien. A t'il trouvé ce qu'il cherchait ? Et moi, ai-je trouvé aussi ce que je cherchais ? Mais qu'est-ce qui vous fait croire que moi et lui cherchions quelque chose ? C'est ça votre problème, gens de la normalité, croire.

Bises de Claudia / Claudio à l’Ancolies, une fleur toujours vivante dans ma vie.

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Ancolies

20-01-2018

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Les gâteaux au chocolat appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Journal intime terminé ! Merci à Ancolies.

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