"Aquarius" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
"Paulette Pairoy-Dupré"..
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« Aquarius »
« Aquarius » est un film franco-brésilien écrit et réalisé par Kleber Mendonça Filho. Il a reçu le prix du jury du festival de Cannes et d’interprétation féminine ainsi que l’Abrazo du meilleur film au festival Biarritz Amérique latine en 2016. Le film a été projeté sur Arte ce 27 février 2019.
C’est un film sur le combat acharné d’une femme - avec des promoteurs immobiliers - avec la maladie - avec la solitude et brillamment porté par une femme, Sonia Braga.
Les premières images du film nous présente une Clara d’une trentaine d’années, mère de trois jeunes enfants, cultivée, radieuse et dynamique en dépit de la chimiothérapie et de la mastectomie qu’elle vient de vivre. Nous sommes dans les années 1970, lors de la célébration du soixante -dixième anniversaire de sa tante Lucia, un modèle pour Clara, de femme libre ayant croqué la vie. On retrouve Clara quarante ans plus tard au même endroit. Elle est veuve, encore séduisante pour son âge, désormais retraitée après avoir exercé des fonctions de critique musicale. Elle vit seule, à Recife, capitale de l’Etat du Pernambouc, dans un grand appartement d’un immeuble des années 1940 du quartier chic de la ville, Boa Viagem, face à la mer. Un promoteur peu scrupuleux a racheté à leurs propriétaires tous les appartements afin de construire un grand complexe de luxe « Aquarius ». Clara refuse de vendre le sien, en dépit d’offres alléchantes. S’en suit un harcèlement des plus vils de la part du promoteur allant du démarchage intempestif, à la pression sur les enfants de Clara, la création d’un climat d’insécurité avec des fêtes nocturnes, bruyantes et orgiaques au- dessus de son appartement, des immondices déposés dans la cage d’escalier, jusqu’à l’installation d’un nid de termites pour déclarer insalubre le bâtiment et le détruire totalement. Clara se battra jusqu’au bout pour conserver son lieu de vie, sanctuaire de son histoire, heureuse et malheureuse. Clara est une femme forte et déterminée, refusant de se faire détruire par le système, mais c’est aussi une femme fragile qui vit mal sa solitude affective et son handicap. (On ne peut faire qu’un rapprochement entre les termites qui ravagent son environnement et les cellules malignes qui lui ont ravagé le corps.) Comme le dit le personnage, c’est à la fois « une vieille femme et une enfant » qui s’accroche désespérément à ses valeurs et à son passé.
Quelques remarques et images ont valeur de documentaire sur le pays. On y apprend ainsi l’existence d’une forte communauté d’origine allemande dans le sud du pays, issue d’une vague migratoire importante au milieu du XIXème siècle et qui contribua au développement économique et à l’enrichissement du pays. Le profil des figurants met en lumière une société faite d’un grand métissage.
D’autre part, le film dénonce :
- une urbanisation polluante du littoral par des constructions monstrueuses - la spéculation et la corruption des requins de la finance et de l’immobilier (petit clin d’œil du cinéaste : sur la plage un écriteau : « danger requins » mais ceux-ci ne sont pas là où on les suppose ! - une société de classes (Clara explique qu’il y a une plage pour les riches et une plage pour les pauvres)
Enfin il souligne un grand attachement à la vie familiale et sociale et un certain paternalisme à l’égard du personnel de maison.
Comme dans tous les pays latino-américains la musique est présente au quotidien et l’est dans le film. En ouverture avec une chanson de Queen « Another One Bites The Dust » en musique de fond pour accompagner les fantasmes et cauchemars de Clara mais aussi dans les célébrations familiales où il paraitrait impossible de ne pas danser et chanter, Clara va danser avec ses amies, en soirée « entre femmes », - soirée qui n’a rien à envier à une soirée « entre hommes » dans sa vulgarité. – Les vinyles dont elle a une collection impressionnante tournent sans cesse sur sa platine, elle chante et danse pour oublier sa solitude.
Quelques scènes un peu crûes en écho à la misère affective de Clara ou pour illustrer le côté libertaire de la tante Lucia et dont certaines auraient pu être évitées rappellent que le film a été interdit au moins de dix-huit ans au Brésil. Un film un peu long, mais interpellant dans lequel on trouve beaucoup d’amertume mais aussi beaucoup d’amour.
CR/(PPD) le 28 février 2019 |
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Aquarius
appartient au recueil I-Chroniques
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Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré. |
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