A la Bastide... On mange bien ! - Carnet de Voyage

A la Bastide... On mange bien !

Aux portes du jardin du Luxembourg et face au théâtre de l’Odéon,  ce petit coin charmant n’a de bastide que le nom. Mais la cuisine du marché y est aux couleurs et aux senteurs du Sud.

Dans un décor sobre et très classique, l’on vous accueille avec le sourire et vous avez tout votre temps pour consulter l’ordre du jour, car  ici rien ne presse. On respecte le train du sénateur. Il est vrai qu’il n’y a pas de séance plénière à la Chambre Haute le vendredi et qu’en ce 26 janvier il y avait peu de convives. Point de théâtreux non plus, puisque c’était à l’heure du déjeuner. Espérons qu’en d’autres temps, politique et théâtre y font bon ménage.

Si la tenue vestimentaire du parlementaire a récemment fait polémique, ici l’on reste très conservateur : costume, chemise blanche et cravate pour les jeunes serveurs fraîchement sortis de l’école hôtelière dont l’action est contrôlée de loin par le chef de rang qui évalue la politique du service. Quant aux tables, tradition exige : nappes et serviettes d’un blanc immaculé.

La lecture du  « Journal Officiel » vous met l’eau à la bouche.

Au programme de ce 26 janvier, la pièce se jouait en trois actes aux scènes variées :

Premier acte : Velouté de Saint Jacques aux cerneaux de noix et quenelle de crème fouettée, Mille-feuille aux aubergines gratinées, Galette de butternut sur poêlée de pleurotes en persillade, Noix  de Saint jacques coulis de potimarron et éclats de châtaignes.

Deuxième acte : Filet de daurade, fenouil à l’orange et sauce au Martini, Bouillabaisse de colin, rascasse, lieu, croûtons et aïoli, Fricassée de poulet du Sud - Ouest au vin des Côtes de Gascogne, Sauté de veau à l’embeurrée de blettes, Risotto  de betteraves, petits légumes croquants au parmesan et à la crème d’avocat.

Dernier acte : Mille-feuille à la vanille Bourbon, Ananas Victoria flambé, crème de coco caramélisée, Crème brûlée en coques de clémentines, marmelade au romarin, Tarte tatin de mangue  et son sorbet de goyave. Pour les amateurs de fromage, un nougat de roquefort et chutney de fruits secs semblait alléchant.

Bien que l’hémicycle ne fasse pas toujours recette l’après - midi et que certains sénateurs bedonnants soient surpris à y faire la sieste, je vous rassure de suite : dans chacun des actes, on ne joue qu’une seule scène, celle de votre choix.

Le velouté de Saint Jacques était copieux et savoureux, le filet de dorade avait le dos croustillant et restait onctueux. La petite note d’orange juste perceptible s’accommodait fort bien du filet crémeux au parfum d’apéritif. Le sauté de veau se pavanait sur son lit de blettes exhalant un parfum citronné. La tarte tatin  était revisitée par le chef : une fine couche de pâte feuilletée accueillait une  belle tranche  de mangue et de grosses larmes de crème vanillée se lovaient dans les multiples couches du mille-feuille.

Pour le dénouement, le café fut servi avec d’exquis petits macarons.

Le Brouilly avait belle robe et était gouleyant.

J’applaudis à la pièce et en cas de référendum, je dis : oui !

PPD 29 janvier 2018