Jean le Rond dit d'Alembert
(1717-1783)
Philosophe - Mathématicien
"Le premier mérite d'un auteur est d'être vrai ; être éloquent n'est que le second "
Membre de l'Académie française (élu en 1754)
Né à Paris, le 16 novembre 1717.
Fils naturel du chevalier Destouches et de Mme de Tencin qui l'abandonna dès sa naissance sur les marches de l'église Saint-Jean Le Rond dont on lui donna le nom.
Géomètre et mathématicien, il entra à l'Académie des Sciences à 23 ans, et fut nommé à l'Académie de Berlin à 28 ans, il refusa plus tard à Frédéric II d'aller habiter Berlin, et à Catherine de Russie de se charger de diriger l'éducation de son fils, malgré le traitement annuel de cent mille livres qu'elle lui offrait. Membre de toutes les académies d'Europe, ami de tous les philosophes, familier de tous les salons, il fut pensionné par Mme Geoffrin, qui lui légua une rente viagère de 1275 francs et connut chez Mme du Deffant Mlle de Lespinasse avec laquelle il vécut vingt ans. Battu une première fois à l'Académie par Vauréal, il se retira devant Piron, protégé de Mme de Pompadour, pour le fauteuil de Languet de Gergy.
Il fut élu le 28 novembre 1754 à celui de Jean-Baptiste Surian, avec l'appui de Mme Du Deffant, de la duchesse d'Aiguillon et de Montesquieu, par 14 voix contre 9 à l'abbé de Boismont et 3 à Trublet ; il eut six boules noires au deuxième scrutin et fut reçu le 19 décembre suivant par Jean-Baptiste-Louis Gresset. Aidé de son amie, Mlle de Lespinasse, d'Alembert exerça à l'Académie une grande influence, despotique même, surtout du jour où le 9 avril 1772, il devint secrétaire perpétuel en remplacement de Duclos. Le maréchal de Richelieu s'était opposé à ce que cette fonction fût donnée à d'Alembert ; il avait même déclaré qu'il la ferait annuler par le Roi ; d'Alembert fut élu par 17 voix contre 10 données à l'abbé Batteux, et, contrairement aux précédents, il en demanda la confirmation au Roi. Il soutint faiblement la candidature de Diderot, qui d'ailleurs ne désirait pas très vivement faire partie de l'Académie, mais il mit toute son ardeur à faire élire Marmontel, La Harpe et Condorcet ; il voulait que celui-ci remplaçât Voltaire, le Roi s'y opposa, poussé par son frère le comte de Provence ; pour calmer l'animosité de ce dernier contre l'Académie, d'Alembert dut se rabattre sur le secrétaire de ce prince, Ducis, qu'il fit nommer.
D'Alembert fut, depuis l'année 1745, l'ami fidèle de Voltaire ; leur amitié et leur correspondance dura trente-trois ans. Associé avec Diderot pour la publication de l'Encyclopédie, il écrivit le Discours préliminaire qui est resté sa meilleure œuvre ; il a laissé des ouvrages scientifiques, une importante correspondance avec Frédéric II et les philosophes ; il écrivit une histoire de l'Académie sous le titre Éloges des académiciens morts de 1700 à 1770, lus dans les séances publiques de l'Académie ; en 1775, à la réception de Malesherbes, il lut l'éloge de l'abbé de Saint-Pierre que son successeur Maupertuis avait été empêché de faire ; lors de la visite de Voltaire à l'Académie, en 1778, il lut l’Éloge de Boileau ; il proposa celui de Voltaire pour le concours de 1779 et, pour protester contre les agissements du clergé à la mort du grand ironiste, il ajouta une somme de six cents livres à celle de cinq cents livres ordinairement affectée à ce prix. Il fit don à l'Académie du buste de Molière par Houdon.
D'Alembert fut l'un des chefs des piccinistes ; il entretint une polémique avec J.-J. Rousseau, reçut chez lui la visite du tsar Paul Ie, répondit au discours de réception de l'abbé Millot, prépara avec Marmontel la cinquième édition du Dictionnaire. Buffon essaya de réagir contre l'influence toute-puissante de d'Alembert, mais il échoua dans cette lutte, quoique le caractère autoritaire de d'Alembert lui aliénât bien des sympathies. Il fut peu regretté à l'Académie, lorsqu'il mourut. Ses œuvres forment dix-huit volumes in-8° ; il fut un « écrivain froid et sans idées nouvelles », a dit Villemain.
Mort le 29 octobre 1783.
Source : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-le-rond-dit-dalembert
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Se voulant arbitre des questions littéraires, sa tentative d'imposer à l'Académie des normes pour la poésie est violemment rejetée par le public. Le but de tout écrit étant d'exprimer clairement des pensées, il juge bon un poème lorsqu'il se rapproche le plus de la prose, déclare-t-il dans ses Réflexions sur la poésie.