Albert Libertad (Joseph Albert)
1875 - 1908
Homme de Lettres Libertaire
Albert Libertad nait en 1875 de parents inconnus à Bordeaux. Jeune, il perd l'usage de ses jambes à la suite d'une maladie et se déplacera par la suite avec des béquilles. À dix-neuf ans, après des études au lycée de Bordeaux, il devient comptable. Il est alors intéressé par l'anarchisme, et , deux ans plus tard, à partir de 1896, il fait de la propagande anarchiste au sein de réunions publiques. Enfant de l'assistance publique, il ne pouvait quitter la ville de Bordeaux avant sa majorité et ce n'est donc qu'une fois celle-ci atteinte qu'il part pour Paris, où il vit d'abord à la belle étoile ou dans des asiles de nuit avant de se présenter dans les bureaux du journal Le Libertaire qui lui serviront temporairement d'abri.
Dès 1899, il pratique le métier de correcteur dans l'imprimerie tenue par Aristide Bruand, qui éditait La Lanterne, puis travaille pour Sébastien Faure et son Journal du peuple avant d'entrer, en 1900, à l'imprimerie Lamy-Laffon. L'année suivante, il fait partie du syndicat des correcteurs. Il a commencé à écrire dans des journaux (notamment au Droit de vivre) où son talent est rapidement reconnu.
Mais Libertad ne s'en tient pas exclusivement à l'écrit. Il est aussi un adepte de la propagande par le fait et un orateur hors pair connu au sein du mouvement libertaire pour son ton tranchant et ironique, son imagination débordante et sa verve polémique. Il se distingue alors par son goût pour les bagarres et l'usage qu'il y fait de ses cannes.
Il est vivement critiqué par quelques « anarchistes » (Georges Renard et Martinet notamment), mais ces derniers seront plus tard reconnus comme étant des spécialistes du renseignement policier, des « taupes » qui s'étaient introduites dans le milieu anarchiste (la répression à la suite de la Commune de Paris était encore d'actualité).
Du fait de ses activités nombreuses et remarquées, Libertad était en effet étroitement surveillé par la police. Dans les colonnes du Libertaire, il se plaint ainsi d'être constamment suivi par deux agents qui, malgré cela, ne cesseront pas de l'épier.
Il fait partie du groupe libertaire montmartrois « Les Iconoclastes ». Lors de l'affaire Dreyfus, il prend position en faveur du capitaine Dreyfus, aux côtés de Sébastien Faure, même si son soutien restera modéré.
À la suite de cette affaire, en 1902, il est parmi les fondateurs de la Ligue antimilitariste, organisme à prétentions révolutionnaires. Néanmoins, il s'en détache plus tard, refusant que la Ligue devienne un lieu de spécialisation (voire de centralisation), cherchant des moyens directs pour transformer la société et diffuser ses idées anarchistes.
Toujours en 1902, il se présente comme « candidat abstentionniste » dans le 11e arrondissement de Paris, moyen, selon lui, de faire de la propagande anarchiste. Il mène une campagne abstentionniste. En 1904, il se présente de nouveau et sans succès à ces élections.
Mort assassiné en 1908 par empoisonnement à Paris, à l'hôpital Lariboisière après y avoir été admis à la suite d'un tabassage par la police en Suisse alors qu'il allait y donner conférence.
Source : Wikipédia