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Nymphomaniac - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "Nymphomaniac" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Nikki Lore"..

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Mon pote T et moi on a décidé d'aller voir le dernier film de Lars Von Trier. On se retrouve devant le ciné à Bibliothèque. Ça fait un bail qu'on s'est pas vu, alors on se raconte vite fait les deux trois trucs cools qui nous sont arrivés depuis. On fume une cigarette devant l'entrée en matant les filles qui passent. C'est un putain de vent qui souffle aujourd'hui ; les fumeurs galèrent à allumer leurs clopes. Il me raconte qui il a réussi à tirer, ses vacances aussi, et moi je lui dis pas grand-chose. Je le laisse parler, il me fait rire, il a ce ton de voix presque gêné et enfantin alors qu'il me détaille les formes de sa dernière gonze.

Le ciné est bondé. Du peuple dans tout les coins, ça rase les murs pour accéder aux chiottes. Je vous raconte pas la taille de la queue qui s'allonge devant les guichets. Même plan pour les distributeurs automatiques.

On check les panneaux d'affichage, voir s'il y a toujours de la place pour le film. On voit 115 places restantes. Ça veut dire que personne ne s'est encore pointé au guichet pour ce film.

T nous trouve une borne automatique libre et je retire nos tickets. Le panneau passe à 113.

On descends les escalators jusqu'au couloir principal qui desserre les douze salles de projection. On n'est pas surpris quand on voit que Nymphomaniac est tout au fond du couloir. Il n'y a personne devant l'entrée pour le moment, la séance précédente est toujours en cours. On attend un peu.

Là, un vieux s'amène et se plante devant la porte. Il est fringué avec une petite veste beige et un pantalon en velours bleu. Pas beaucoup de cheveux, les rescapés sont grisâtres. On le regarde, il a l'air bien space. Puis, d'autres se pointent. Dans la même veine que le premier. Des quinquas qui savent ce qu'ils vont voir. T et moi, on sait aussi ce qu'on va voir. On est très friands de l’œuvre de Von Trier. On sais qu'il y aura du cul -c'est même la base du film-, des arbres et des scènes au ralentit. Et là ce qu'on observe ce sont des vieux -avec un look à la Treiber/Dutroux- qui viennent mater des queues dans un ciné public. Je les comprends, c'est vrai que les ciné pornos sont pas très propres, dégueulasses même, alors ça fait du bien de pouvoir venir se faire bander la nouille à une séance tout public. Et je ne parle pas de délire malsain, juste de confort. Ces salles sont spacieuses, climatisées, et il y a de larges sièges rembourrés, couvert de tissu pourpre. On est toujours mieux installé quand on ne pose pas son cul sur du foutre à demi séché.

Les spectateur de la séance d'avant ressortent enfin, par petits groupes. Ils ont quelque chose de changé dans leurs regards. Ils ont vu un truc qui leur reste dans la tête. Les bons films restent encore dans les yeux après la fin de la projection. Les films horribles aussi. Mon pote T me dit « Mec, t'y serais allé tout seul voir ça ? Ya un max de pervers ici ».

J'avoue que non. Pas envie de me faire tripoter dans le noir.

On entre dans la salle et on se choppe deux bonnes places, au fond. Il n'y a pas beaucoup de monde. Le panneau dans l'entrée doit afficher 90 maintenant. Deux filles aux looks étranges se posent à côté de nous, elles ont des piercings un peu partout -nez, arcade, lèvres, et probablement langue-. Mais elles sont plutôt mignonnes.

Le film est sur le point de commencer quand un autre vieux entre dans la salle. T et moi on se marre comme des hyènes. Le vieux porte la tenue complète du parfait masturbateur public : Trench qui descend aux chevilles, chapeau qui lui cache les yeux, et en prime une paire de lunettes de soleil. Combi intégrale. Messieurs les pervers des rues, bonsoir.

Le film démarre.

Comme prévu, scène au ralentit. Un ralenti maximum. Plus lent c'est l'arrêt.

Ensuite, sans prévenir, un gros son de Rammstein se lance et on découvre le corps inerte de Charlotte Gainsbourg. Un vieux la recueille. Et elle lui raconte sa vie de nympho.

Toute l'histoire est extrêmement bien ficelée, les images sont belles, et les situations angoissantes et tout autant stimulantes. Ce qui est le plus dérangeant n'est pas ce qu'on voit à l'écran mais bien nos réactions face à ces images. 'Voyez ?

S'enchaînent sexe trash, situations oppressantes, et parfois comiques, grossièretés, sensualité, excréments, et violence. Un combo parfait, un combo Von Trier.

Certaines personnes partent pendant le film. Je les comprends, c'est parfois assez insoutenable. Mais cette course entre horreur et érotisme est sévèrement dosée, si bien qu'on reste assis jusqu'à la fin (ou plutôt, on ne peut pas se lever). C'est un moment de toile pendant lequel on se demande si l'on n'est pas un monstre. Parce qu'on est excité quand la gamine suce un vieux dans un train, parce qu'on se sent grand quand elle se fait défoncer le cul par un mécano, et surtout parce qu'on aime ce film et tout ceux qui l'ont précédé. Que ce soit Dancer in the Dark, ou Melancholia, ou Antichrist...

Quand le film se finit, mon pote T me dit « Je sais pas si je dois avoir honte d'avoir eu la gaule tout le film. ».

Moi non plus, la seule chose que je puisse dire c'est que j'ai aimé ça, et que mon psy en aura les détails jeudi en quinze.

On reste assis le temps que tous les autres obsédés sortent, nos deux voisines se lèvent aussi. Leur démarche est lente, elles sont comme nous, entrain de se poser des questions, la projection toujours au fond des rétines. 

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Auteur

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Nikki Lore

09-01-2015

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Nymphomaniac n'appartient à aucun recueil

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Nikki Lore.

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