Mon artiste - Journal intime

Mon artiste

miniature d'après Fragonard. XIXe

Mon artiste,

Oui, nous allons partir chercher de beaux souvenirs. Tu m'écris des mots que je ne pensais plus pouvoir lire ou entendre un jour.

Je savais qu'ils existaient mais pour les autres, loin de moi. Oui, nous allons faire des merveilles, non pas pour la gloire dont il ne reste jamais rien, mais pour nous, seulement pour nous, pour faire de nos vies des fenêtres ouvertes vers le sublime.

Je te dis :

"L'artiste est la partie excessive et extravagante de toi que le sage que tu es a bien voulu laisser se développer face à un monde en pleine mutation, qui a besoin d'observateurs naïfs et innocents afin de lire le danger que des fous nous imposent. Le sage peut alors essayer de dire et même dénoncer ce danger afin que le monde se réveille et prenne conscience."

J'y pensais depuis plusieurs jours. Ces propos me semblent assez proches de ta réalité d'homme et d'artiste. Celle que pour l'instant, je connais.

Je sais la raison pour laquelle tu es un artiste à la production si futuriste dans la réalité de ton époque.

Tu proposes un futur différent mais réalisable par rapport à ce que l'humain peut devenir. Je crois que c'est aussi pour cela que je fais le constat d'un artiste que je peux contempler et pour lequel je m'émerveille.

A côté du créateur, le raisonnable, en ce que tu es de réflexion, de droiture, de rectitude et d'honorabilité et probablement en ce que tu es aussi de manques et de défauts que ton public n'a pas envie de voir. Raisonnable que j'aime déjà.

Tu es indéfinissable. Il est trop tôt. Il va me falloir des éternités pour te déterminer. Et encore peut être que cela n'y suffira pas. Tant mieux, deux mille ans me parait une bonne mesure...

Pourtant je dois savoir parler de toi. Autrement que par le sentiment. Juste l'artiste. Tu vas devoir m'en raconter encore et encore des histoires et me faire encore beaucoup de commentaires de la société.

Tu es riche l'artiste. D'expériences qui construisent ta réflexion. Tes propos sont délectables, exquis. Dans quelques temps, personne ne parlera de toi comme moi. J'en suis convaincue. Par delà les sentiments, lorsque ta délicatesse et ta fragilité de poète conduisent ta main, sensualité et volupté déposent sur ma peau les arabesques de ta vie. Alors, pendant que tu dégustes mes courbes, je me vêts de plaisirs.

A deux tout est plus grand. Nous allons rentrer dans la réalisation de ces projets qui nous sont chers.

Il y a dans le besoin que nous avons d'intervenir sur l'avenir une grande démarche de vie avec la tentative de domestiquer le temps.

Le projet est une forme de mysticisme existentielle... non?

Il est grand temps, savourons ensemble les désirs partagés...

Carmaux,

27 janvier 2015.

texte Ca.Valmalette

Illustration Ch. Guerry