Lettre érotique de Saint Valentin - Lettre Perdue

Lettre érotique de Saint Valentin

Frédéric LEIGHTON. Le pecheur et la sirène. 1856

Le ciel est bas, le ciel est triste en ce dimanche d’hiver.

Je porte ma petite robe courte en lainage gris, celle que tu aimes. J’ai autour du cou un de ces foulards qui ne me quittent jamais, de ceux qui me réchauffent quand tu n’es pas là, de ceux qui savent tout de moi, qui cachent mes larmes lorsque mon âme est déchirée et qui étouffent mes rires lorsque tu les provoques.

Il m’est difficile tout à coup de te savoir si loin alors que nous nous sentons si proches.

Comment te dire que tu me manques ? Que je vois derrière chaque mot qui me vient ton absence, alors que je sens ta présence en chaque instant, en chaque chose, en chaque pensée. 

J’aime le frisson qu’éveille ton regard lorsqu’il se pose sur moi avec cette lueur coquine, tes mains lorsqu’elles serrent mes hanches à m’en faire mal, tes lèvres lorsqu’elles dessinent dans mon cou, sur mes seins, les désirs que tu caches pour que plus fort je les respire.

Je veux écrire des mots pour te dire. Une lettre érotique, une caresse lascive, un baiser sauvage, ton souffle chaud, mes jambes de bas noirs gainées.

Je veux inventer des mots pour te séduire. Le haut de ma cuisse nue sous la laine, tes doigts qui courtisent mes reins, tes jambes qui enlacent les miennes, ton râle sous la violence de mes baisers, la morsure de ta bouche sur ma peau brûlante.

Je veux te dire, je veux t’apprendre, je veux partager avec toi les frissons sous l’orage, la danse d’amour sous une pluie d’été, le soleil de minuit quand à midi nous nous lierons d’un lutin badinage.

Je serai la chaleur quand ton hiver est trop froid, je serai ton silence quand le bruit te persécute, de tes éthers je serai elfe bienfaisante pour ta félicité, sur la banquise je serai ton guide et forgerai pour ton être la chaleur d’un soleil.

Je saurai lire ta terre pour garder ta lignée des korrigans, je verrai dans les sables ce qui n’a pas d’importance mais qui pour nous, deviendra de braise et d’or.

Et quand, dans tes mains, la matière reluira, quand le soleil au frontispice brillera, alors je m’arrêterai et sur tes lèvres poserai un baiser, un baiser abandonné, un baiser fauve au goût d'opium qui nous emportera dans l'infini de cieux aphrodisiaques.

Le ciel est bas, le ciel est triste à mon enveloppe en ce dimanche d’hiver.

Mon âme est libre et dans ton ciel trouve le bleu qui la réchauffe.

Au pied du sofa ma robe grise. Dans tes bras, voluptueuse et sensuelle, je me veux libertine pour m’amuser de ta puissance. Tu me charmes, tu illumines les temps du jeu, je te veux miel, et te délecte.

Ton cœur pulse intensément, l’étoile nous berce et je m’endors…..

Illustration : Ch. Guerry

Texte : Ca.N. Valmalette