Les Fantômes (The Ghosts, 2024) - Critique de Film, Théatre, série.

Les Fantômes (The Ghosts, 2024)

Je souhaite vous parler d’un film qui, malgré sa sortie discrète en salles, mérite toute notre attention : Les Fantômes, réalisé par Jonathan Millet. Ce premier long-métrage, sorti en 2024, est un thriller sensoriel qui explore la quête de justice d’un réfugié syrien en Europe.

L’histoire suit Hamid, un ancien professeur de poésie syrien, qui, après avoir survécu à la torture dans la prison de Saidnaya, rejoint une organisation secrète traquant les criminels de guerre syriens en fuite.

Armé uniquement d’une photo floue, il parcourt Strasbourg à la recherche de son ancien bourreau, un homme qu’il n’a jamais vu mais dont la voix résonne encore dans sa mémoire. Le film s’inspire de faits réels, notamment des événements survenus entre 2018 et 2019, et met en lumière le travail des civils syriens qui traquent les anciens tortionnaires du régime de Bachar Al-Assad cachés en Europe.

Ce qui distingue Les Fantômes, c’est sa mise en scène immersive et sensorielle. Jonathan Millet choisit de ne pas montrer les scènes de violence, préférant laisser le spectateur imaginer l’horreur vécue par les personnages. Cette approche renforce l’intensité émotionnelle du film et permet une immersion totale dans l’esprit du protagoniste. La bande-son, composée par Yuksek, joue également un rôle crucial en amplifiant l’atmosphère tendue et oppressante du récit.

La performance d’Adam Bessa, qui incarne Hamid, est remarquable. Il parvient à transmettre la douleur, la détermination et la fragilité de son personnage avec une grande subtilité. À ses côtés, Tawfeek Barhom interprète Harfaz, un autre membre de l’organisation, et Julia Franz Richter incarne Nina, une alliée de Hamid. Leurs prestations apportent profondeur et nuance à l’histoire.

Les Fantômes n’est pas seulement un thriller captivant ; c’est aussi une réflexion sur la mémoire, la justice et la réconciliation. Le film interroge sur la possibilité de confronter le passé tout en vivant dans le présent, et sur les cicatrices invisibles laissées par la guerre. Il rappelle que, même en exil, les fantômes du passé continuent de hanter ceux qui ont survécu.

En conclusion, Les Fantômes est un film puissant, émouvant et nécessaire. Il offre une vision intime et poignante des conséquences humaines du conflit syrien et de la résilience des individus face à l’injustice. Si vous recherchez un film qui va au-delà du divertissement et qui vous pousse à la réflexion, Les Fantômes est une oeuvre à ne pas manquer.