Gare. Gare aux gares, bout d’ cigare. Gare à vous, gare à moi et ceux que j’aime par dessus tout.
Gare aux gares qui nous égarent. Nous laissent rouler sur les quais, sous l’horloge impassible, insensible, implacable, inlassable. Nous laissent rouler sur place et tout de nous s’efface.
Gare aux panneaux affichés, aux horaires annoncés, aux guichets désignés, aux désirs formatés. Gare aux sifflets, stridents, brutaux, gare aux drapeaux rouges des chefs de gares. Gentils peut-être, peut-être un peu hagards.
Gare au renoncement, au repli parapluie, à l’indifférence.
Gare aux gares de brouillard peu à peu qui nous parent. Nous déparent. Nous séparent. Nous éparent.
Gare aux trains quotidiens qui ne conduisent nulle part. Gare aux places réservées, barbelées, de peur, de terreur, barricades stupéfaites, inutiles. Tessons vifs de remparts, de rancœur, et partout la pluie sans espoir et sans lune, partout où nous marchons des tessons de rancune.
Où sont nos sentiments de départ ? Nos lacs si purs, si blancs et immenses d’envie et d’innocence ? Sur quels rails dépareillés roulent nos vies séparées ?
25-07-2013