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Docteur Serpent Mister Sornettes - Tranche de Vie

Tranche de Vie "Docteur Serpent Mister Sornettes" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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Docteur Serpent Mister Sornettes

 

Olivier, son prénom c’était Olivier. Mais je l’appelais Docteur Serpent Mister Sonnettes, ou encore, quand il avait une nouvelle fois fait des siennes, Docteur Serpent Mystère Sornettes. Notamment parce qu’il appelait les gens « Docteur… Docteur, ça va Docteur ? » et encore notamment parce que c’était un menteur de première. Où trouve-t-on des menteurs de première ? Un peu partout certes, un peu partout particulièrement dans les affaires, et encore particulièrement dans les affaires publicitaires. C’est bien ça, c’était un publicitaire (et non un publiciste comme l’erreur est souvent faite, celui-ci étant un avocat légiste rémunéré pour vérifier qu’il n’y a pas de problèmes légaux avec la campagne que l’agence s’apprête à sortir). Donc Mister Mystère est un publicitaire. Sale race nous sommes d’accord - sauf les exceptions, il y en a toujours, merci Vierge Marie. Menteur ? Il était capable de vous balancer devant foule de témoins une contre-vérité notoire les yeux dans les yeux. Vous pouviez objecter, rien n’y faisait, encore une fois même si c’était notoire. Comment agit-on avec ces gens-là ? C’était également un trouillard de première. Ce qui l’inquiétait le plus : l’imprévu. Et l’imprévisibilité d’un certain collaborateur notamment. "Maman, que risque-t-il de nous sortir ou nous faire en pleine réunion avec des clients celui-ci ?". Il faut dire 1 / que ce collaborateur c’était moi, et que 2 / Oui j’avais déjà eu l’occasion de le surprendre. Notamment un soir à son propre domicile. L’histoire était qu’il m’avait débauché d’une agence où je travaillais, me promettant de m’engager dans la sienne, qui avait une super cote créative (d’où son intérêt pour moi puisque c’était également mon cas. Ne venais-je pas de remporter plus d’une demi-douzaine de trophées officiels dans l’année ?). J’avais donc démissionné mais son coup de fil ou celui de sa secrétaire ou de son DRH tardait à se manifester tandis que je tournais en rond, sans travail ni indemnités chômage puisque, éternel naïf, j’avais démissionné sans avoir déjà signé le nouveau contrat. Je le poursuivais donc au téléphone, que l’on règle cette histoire, il m’évitait, le temps passait. Aussi un soir ai-je pris comme on dit l’animal par les cornes et me suis-je rendu en moto à son chicos domicile vers le Champ-de-Mars où j’ai logiquement sonné appuyant mon index sur le bouton dédié. C’est lui qui est venu ouvrir. « Mais qu’est-ce que tu fais là ? » s’est-il exclamé estomaqué. Par les portes de l’entrée ouvertes sur la salle à manger, je voyais qu’il avait un paquet d’invités confortablement attablés, qui se déhanchaient la tête vers nous pour voir de quoi il retournait. Jean noir et blouson noir, bottes de motard, casque, certes je faisais tache. « Tu vois bien que je suis avec des amis, tu ne peux pas rester ici ! » répétait-il, agité comme un puceron, tentant de me repousser dehors. Réglons notre problème Olivier, répondais-je sourd à ses coups de poussoir tandis qu’alors il m’entraînait finalement hors de la vue de ses invités dans la pièce où tous leurs élégants manteaux, trenchs et impers Burberry étaient jetés sur un lit. Tiens, j’aurais pu faire les larfeuilles. Mais je n’étais pas là pour ça. Réglons notre souci Olivier. « Demain, appelle demain ma secrétaire, juré on s’en occupe demain ». Demain, j’ai ta parole ? « Tu l’as. Va-t’en maintenant ». Dont acte. Je suis reparti au guidon de ma chouette Kawasaki. Bon, j’avais bien compris que j’avais avec ma petite blague foutu en l’air toutes mes chances. Après ce coup d’éclat, ce menteur trouillard ne voudrait plus jamais entendre parler de moi. Aussi, dès le lendemain me suis-je mis en quête d’un nouveau poste, prospectant les grandes agences. J’ai trouvé assez rapidement mais je n’en avais pourtant pas fini avec Mister Mystère. Genre 2 ou 3 ans plus tard, je l'ai croisé par hasard dans les couloirs d’une agence quelconque. « Mais tu n’es plus malade ! » s’est-il mystérieusement exclamé à ma vue. Je ne sais pas, peut-être m’étais-je fait couper les cheveux ? Mais je n’ai jamais été malade Olivier, ai-je répondu. « Appelle ma secrétaire demain ». Et c’est ainsi qu’il m’a finalement engagé. Nos folles aventures ont donc repris là et il a peu à peu recommencé à avoir la trouille de moi et mes idées farfelues, imprévisibles vous dis-je, mais qui faisaient mouche auprès des annonceurs dont j’avais la charge. De surcroît, j’étais méthodiquement consulté aussitôt qu’une bande-son devait être conçue ou/et réalisée, même s’il ne s’agissait pas de clients de mon propre portefeuille. Bref j’étais officiellement directeur de création et de plus officieusement ce que l’on appelait "son-producer". 2 années nous avons collaboré avant que cela ne tourne sérieusement vinaigre, notamment avec l’entrée en jeu d’un troisième larron, l’adjoint d’Olivier, que lui je présentais comme « Bernad G., prends tes irresponsabilités », tant lui également avait comme parole et cran. Jusqu’ici je m’entendais correctement avec Bernard mais peu à peu il a craint que je ne lui fasse de l’ombre, ce qui n’était nullement mon intention, ayant l’impression malgré mon poste important de n’être qu’un simple touriste au sein de ce "métier" que je ne prenais pas au sérieux et que je ne faisais qu’au jour le jour. Et Bernard, craintif et usant de sa position,  s’est mis dans la tête de me mettre au placard. Naturellement j’ai refusé, ai décidé de quitter illico ce sale "métier" une fois pour toutes et ai réclamé mon licenciement. Tu connais les méthodes, tu démissionnes, a dit Bernard. Je ne parle même plus avec toi, je traite avec Olivier, ai-je répondu l’envoyant se faire voir en claquant la porte de son burlingue. Là les choses sont devenues marrantes. Olivier voulait naturellement également que je démissionne pour n’avoir pas à me payer une coquette somme d’argent rapport à mes exorbitants émoluments, ou encore il me promettait de me trouver, arguant de son pouvoir, n’importe quel poste que je convoiterais dans n’importe quelle agence. "Non Olivier, je m’occupe seul de mon avenir, et le présent est que vous me licenciez en me réglant les indemnités que vous me devez, ou bien ça se termine aux Prud’hommes où je lâche le morceau sur vos combines, ce qui n’arrivera pas puisque tu vas faire ce que je te demande". Cela durait 10 minutes, chacun sur ses positions. Oui mais Olivier avait d’autres chats à fouetter en bon président qu’il était, d’autres rencards en attente. "Bon, tu reprends rv avec ma secrétaire, et surtout tu ne remets pas les pieds à l’agence entre temps", concluait-il. Eh oui, quand je passais à l’agence, je croisais certaines personnes dans les couloirs qui me proposaient, parfois les yeux larmoyants, de déjeuner avec elles. Je les envoyais se faire royal air foutre comme disait la chanson que venait de m’inspirer tous ces hypocrites. Aussi allaient-elles ensuite s’épancher telles des pleurnicheuses sur l’épaule de leur bon président. 6 mois ça a duré : réguliers rv de 10 minutes, chaque fois le même cirque, les mêmes positions, planning d’Olivier serré, reprends-en un autre de rv avec ma secrétaire et ne viens surtout pas entre temps, etc… jusqu’à ce qu’il finalement cède et m’octroie mon licenciement et ce qui allait avec et qui était loin d’être négligeable. Le truc marrant, c’est que durant ces 6 mois l’agence continuait de me grassement payer, tandis que les directeurs de clientèle me téléphonaient pour que je m’occupe de tel ou tel dossier de mes anciens clients en me payant en free-lance, ce que je refusais, ne voulant risquer de me placer en situation de faute professionnelle. C’est durant ces 6 mois que j’ai enregistré mon premier véritable album d’auteur-compositeur-chanteur, activité à laquelle je me livrais  sporadiquement depuis 10 ans tel un hobby. Là j’avais décidé d’en faire mon nouveau métier, m’embarquant sans le savoir dans une galère qui dure encore 30 ans plus tard. Las ! Notez nonobstant que l’adage répandu dit que la pub mène à tout à condition d’en sortir. La plupart de mes petits camarades de l’époque n’en sont jamais sortis, peut-on en déduire qu’ils sont tous passés à côté de leurs vies ?

Il reste encore une chose amusante à raconter sur ces messieurs Prends tes irresponsabilités et Serpent Sornettes : quoique je n’en eusse pas la moindre envie, j’ai quand même organisé un pot de départ. Si je ne le faisais pas, c’était comme si c’était moi qui quittait cette agence responsable d’une faute quelconque. Donc pot. Mais comme le cœur n’y était pas, je l’ai organisé à l’heure du dej,, nettement moins conviviale et festive que l’heure de l’apéro généralement usitée pour ce type d’événements. Et la tradition voulait que les filles (pourquoi toujours les filles ?) passent de collègue en collègue pour collecter les fonds destinés au cadeau de départ de leur petit camarade de jeu qui les quittait. L’agence était grande et les fonds réunis relativement conséquents, aussi la tradition - toujours elle - voulait que les filles (pourquoi toujours les filles ?) demandent au partant ce qui lui ferait plaisir, chaîne hi-fi et tv avec enceintes Bang & Olufsen, semaine sable fin et soleil sous le ciel bleu des Caraïbes, œuvres complètes de La Pléiade… Ticksons à gratter, je leur ai dit, tout le grisbi en tickets à gratter, Flash ou Banco ou je ne sais quoi de la Française des Jeux. Ok, opinent-elles un peu surprises. Et nous voici maintenant à l’ultime instant. Cependant l’heure malaisée, il y a quand même pas mal de monde à ce pot de départ. Bien entendu le grand et vaillant Olivier n’est pas là mais Bernard n’a pu se dérober. Les filles (pourquoi toujours les filles ?) apportent le grisbi transformé en vous savez maintenant quoi dans une boîte à chaussures élégamment empaquetée et finalisée d’un ravissant et ondulé bolduc. J’ouvre délicatement la boîte et après un court et silencieux instant de surprise, le malaise s’installe : c’est qu’il y en a bien pour pas loin de 500 ou 600 voire même 700 de ticksons là-dedans, ça en fait des chances au grattage, et de plus ça laisse à la situation, au grand duel de midi dans la grande salle de la bourgade, un goût d’inachevé : qui a remporté la partie finalement, le partant ou le président et son vice (lapsus ?), je veux dire son adjoint ? Et ce que cela a donné au final à ce grattage ? Dieu que vous êtes matérialistes tous tant que vous êtes parfois, ce n’est pas du tout le sujet de ce texte-là ! Le titre était pourtant clair et net : Docteur Serpent Mister Sornettes !  A la revoyure Olivier Bernard, certains prétendent que l’on se retrouve tous après le grand jugement du grand et ultime jour. C’est ça oui, on ira tous au parapluie, là où toutes les mesquines querelles passent désormais leur tour. Olive, Nanard, j’ai hâte de vous saluer à nouveau d’un aimable bonjour, d’un baiser sur le jour comme dans le bon vieux temps entre hommes nous le faisions toujours !

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Ancolies

15-02-2023

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Docteur Serpent Mister Sornettes appartient au recueil Ancolies

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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