Gabriel-Charles de Lattaignant
1697 - 1779
Gabriel Charles de l'Attaignant, dit l'abbé de l'Attaignant, né vers 1697, est mort en 1779.
Comme cadet d'une famille aristocratique2, Gabriel-Charles de Lattaignant fut destiné à l'état ecclésiastique, comme le rappelle un couplet rageur de la célèbre chanson J'ai du bon tabac, qui lui est en partie attribuée.
Chansonnier et poète français, il a entre autres ajouté huit couplets à la comptine célèbre:
« J'ai du bon tabac dans ma tabatière. »
Les années passant, devenu plus « sage », il a réussi enfin son sacerdoce.
Quoiqu'il fût complètement dépourvu de vocation, on le mit au Séminaire des Bons-enfants, dont il sortit avec seulement le petit collet, qui lui donnait toutefois le titre d'abbé, comme Grécourt ou Voisenon.
Il accompagna, en qualité de secrétaire, le comte de Cambis lorsque celui-ci fut nommé ambassadeur à la cour de Turin. Revenu à Paris, il y poursuivit une carrière de chansonnier. Il était reçu dans les meilleures maisons, mais s'encanaillait aussi dans les cabarets, finissant souvent la soirée sous la table en entonnant un de ses couplets grivois ! « J'allume mon génie au soleil et je l'éteins dans la boue », disait-il volontiers. Quoique pourvu d'un visage disgracieux, il s'adonnait aussi avec passion à la galanterie.
Vers la quarantaine, il fut tout près de se marier avec une jeune fille de seize ans. Mais le projet avorta et Lattaignant se résigna au sacerdoce : il obtint un titre de chanoine de Reims en 1743 et fut ordonné prêtre deux ans plus tard. À Reims, il fut en grande faveur auprès de l'archevêque, Mgr de Rohan-Guéméné, qui le prit pour secrétaire.
Nommé conseiller à la chambre souveraine du clergé, il revint s'établir à Paris où il reprit sa joyeuse vie. Mais, l'âge venant, il décida de faire une fin et se retira en 1769 chez les Frères de la doctrine chrétienne. Il composa alors quelques pièces plus sérieuses, comme celle justement intitulée Réflexions sérieuses. Non sans avoir composé une dernière chanson en l'honneur de Voltaire, qu'il admirait, à l'occasion de son retour à Paris (1778), il mourut peu après son grand homme en 1779.