Louise de Vilmorin
Nationalité : France
Né(e) à : Verrières-le-Buisson , le 04/04/1902
Mort(e) à : Verrières-le-Buisson , le 26/12/1969
Louise de Vilmorin est une femme de lettres française.
Louise de Vilmorin, romancière et poétesse, fut aussi l’une des femmes les plus élégantes du Tout-Paris… et l’une des plus volages!
Née dans le château familial d'une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle est la seconde fille de Philippe de Vilmorin. Parmi ses cinq frères et sœur figurent Mapie de Toulouse-Lautrec, Olivier, Roger et André de Vilmorin.
Louise de Vilmorin avait pris pour devise "Au secours!" et pour emblème un trèfle à quatre feuilles! Toutes les fées s’étaient pourtant penchées sur son berceau lors de sa naissance en 1902 dans le château familial de Verrières-le-Buisson.
Depuis le siècle des Lumières, la famille Lévêque de Vilmorin s’est illustrée en révolutionnant l’agriculture et l’horticulture.
Louise est très fière de son père, Philippe, homme de science et de culture, entrepreneur ambitieux, grand voyageur et grand séducteur. Une figure masculine idéale qui irriguera son oeuvre, tel un complexe d’OEdipe jamais dénoué.
Mélanie de Gaufridy de Dortan, sa mère, reçoit dans son salon haute aristocratie et têtes couronnées. Maîtresse du roi d’Espagne Alphonse XIII, elle est moins proche de ses enfants, dont le grand jeu consiste d’ailleurs à l’éviter. Louise souffre de son indifférence et de ses brimades.
Avec sa soeur aînée, Marie-Pierre, et ses quatre frères, elle est élevée par une armada de nounous, gouvernantes et précepteurs. La fratrie développe une solidarité et une complicité qui jamais ne se démentiront et dont la propriété de Verrières, indivise, sera le coeur battant. Curieusement, dans cette famille éclairée qui a compté des femmes savantes et investies dans l’entreprise Vilmorin, rien n’est prévu pour l’éducation des filles.
Pas d’école ni de collège, mais une formation autodidacte, entre lectures et bribes de cours par un abbé bienveillant mais rétrograde, en attendant le mariage! Entre l’hôtel parisien où vivent aussi leurs cousins d’Estienne d’Orves, et Verrières, Louise se réfugie dans ses lectures et dans ses rêves d’écriture, compose déjà des poèmes et tient son journal.
Le monde bascule en 1917 avec la mort de son père, puis en 1918, avec une maladie de la hanche qui la contraint à l’immobilité pendant des mois. Elle conserve une légère boiterie qui, aux dires de ses soupirants, ne fait qu’ajouter à son charme. Mais elle a d’autres ambitions que de jouer les La Vallière.
Toute la famille se relaie pour la distraire et son désir d’être le centre des attentions s’exacerbe. Elle se fiance à Antoine de Saint-Exupéry en 1922 mais rompt en 1923 au grand désespoir de celui-ci. En 1925, elle épouse un ancien soupirant de sa mère, Henri Leigh Hunt. Nouvelle vie au Texas dans un ranch où elle s’ennuie.
La naissance de ses trois filles ne la comble guère et il faut bien dire qu’elle reproduira l’exemple maternel dont elle avait tant souffert, multipliant les absences et les liaisons, notamment avec André Malraux, Gaston Gallimard et Jean Hugo, le petit-fils de Victor. Après son divorce en 1937, la garde des enfants est confiée à leur père, avec qui elles vont vivre aux États-Unis.
Elle épouse en secondes noces, en 1938, le comte Paul Pálffy ab Erdöd (1890–1968), un magnat hongrois, dont elle divorce en 1943. Elle devient ensuite la maîtresse du prince hongrois Paul V Esterházy (1901–1964), à partir de 1942, puis de Duff Cooper (1890-1954), ambassadeur de Grande-Bretagne.
Louise de Vilmorin publie son premier roman, "Sainte-Unefois" en 1934, sur les encouragements d'André Malraux, puis, au cours d'un séjour à Sélestat, dans le Bas-Rhin, elle écrivit "Julietta" (1951) et "Madame de…" (1951), qui lui apportèrent la notoriété.
En dépit de la guerre, qui la laisse sans nouvelles de ses filles et de ses frères, ces années seront les plus belles de sa vie, entre le château de Pudmerice –devant lequel s’arrête l’Orient-Express!–, et Vienne, Berlin, Budapest et Bucarest. Elle y rencontre toute la vieille aristocratie européenne, Windsor, Radziwill, Esterházy, Bibesco, Rohan, et s’éprend de la nature sauvage des Carpates et de sa vie de châtelaine hongroise.
Las! Le comte Pálffy ne se contente pas de leur bonheur à deux et la trompe ouvertement sous leur toit. Elle le lui rend en se liant avec le comte Esterházy de Galántha qui est marié avec la troisième femme de Pálffy! Elle fera encore mieux à son retour en France, en s’installant à l’ambassade d’Angleterre auprès de Duff Cooper sous la haute bienveillance de son épouse, Diana Cooper, son amie, sa confidente…
Elle publie aussi plusieurs recueils de poèmes dont "Fiançailles pour rire" (1939), mises en musique par Francis Poulenc, "Le Sable du Sablier" (1945) et "L'Alphabet des aveux" (1954), qui obtient le Prix Renée Vivien-Société des gens de lettres 1949.
Dans les années 1950, elle se lança dans le journalisme, collaborant à "Vogue" et à "Marie-Claire".
Ses droits sur l’adaptation de Madame de lui ont permis d’aménager sa partie de Verrières et, dès 1952, son "salon bleu" est un rendez-vous mondain et littéraire très prisé. Le temps des honneurs et des Mémoires est venu. Celui aussi des invitations aux premières émissions culturelles de radio et de télévision. Elle s’y livre sans tabou, tissant sa légende, entre émerveillements pour Hugo, Chateaubriand ou Nerval, pour les jeux poétiques les plus complexes, holorimes et palindromes, et ardeur de vivre et d’écrire pour ne pas vieillir.
En 1955, elle est lauréate du Prix littéraire Prince Pierre de Monaco.
Une opération esthétique et un deuxième coup de foudre pour André Malraux la réconcilient avec son miroir. Le ministre de la Culture règne désormais sur son salon bleu avec une solennité crépusculaire qu’elle n’aura pas le temps de ré-enchanter. Elle meurt en 1969. Restent ses romans et des poèmes admirables, dont Geneviève Haroche-Bouzinac révèle la virtuosité, la séduction et l’infinie mélancolie. Le salon bleu de Verrières devint le centre de son rayonnement.
Elle a travaillé également comme scénariste et dialoguiste pour plusieurs longs métrages, "Les Amants" de Louis Malle en 1957, "La Française et l'Amour" pour le sketch de Jean Delannoy en 1960, "Une histoire immortelle" (1968), un film réalisé par Orson Welles pour la télévision française, et est apparue en tant qu'actrice dans "Amélie ou le Temps d'aimer" (1961) de Michel Drach et "Teuf-teuf" (1963) de Georges Folgoas.
Vers 1966, Louise de Vilmorin noue une seconde liaison avec André Malraux, avec qui elle termine sa vie.
Sources : https://www.pointdevue.fr/culture/livres/louise-de-vilmorin-ombres-et-lumieres-dune-femme-de-lettre
Babelio