Émile Zola
(1840-1902)
Écrivain et journaliste français
Mouvement Naturalisme
Enfance et adolescence provençale (1840 – 1858)
Émile Édouard Charles Antoine2 Zola naît rue Saint-Joseph à Paris le 2 avril 1840 d'un père italien et d'une mère française. Il est le fils unique de François Zola, natif de Venise, et d’Émilie Aubert, native de Dourdan. Son père, ingénieur de travaux publics, ancien officier subalterne italien, soumissionne la construction d'un système d'amenée d'eau potable à Aix-en-Provence. Il crée avec des partenaires financiers la société du canal Zola. Il meurt de pneumonie en 1847. Émilie Aubert, sa mère, totalement démunie, s'occupe de l’orphelin avec la grand-mère de l’enfant, Henriette Aubert. Restée proche de son fils jusqu’à sa mort en 1880, elle a fortement influencé son œuvre et sa vie quotidienne.
Vie de bohème (1858 – 1862)
Émile Zola quitte Aix en 1858 et rejoint sa mère à Paris, pour y vivre dans de modestes conditions, espérant trouver le succès.
Émile Zola est recalé par deux fois au baccalauréat ès sciences en 1859. Ces échecs marquent profondément le jeune homme qui désespère d'avoir déçu sa mère. Il est aussi conscient d'aller au devant de graves difficultés matérielles, sans diplôme et sans formation. Dans la capitale, il complète sa culture humaniste en lisant Molière, Montaigne et Shakespeare, mais pas encore Balzac qui ne l'inspirera que plus tardivement. D'autres passions s'expriment à ce moment de sa vie. Le monde de la peinture fascine Zola, très proche du mouvement impressionniste, avec des peintres qu'il a sans cesse défendus dans ses chroniques. Il gagne l'amitié d'Édouard Manet, qui le représente plusieurs fois dans ses œuvres ; grâce à lui, Zola fait la connaissance de Stéphane Mallarmé. Il est proche aussi de Camille Pissarro, Auguste Renoir, Alfred Sisley et Johan Barthold Jongkind.
Paul Cézanne, son ami d'enfance, tient évidemment une place à part jusqu’en 1886. En 1886, celui-ci rompt tout contact avec Zola qui lui a envoyé son roman L'Œuvre, (racontant l'histoire d'un peintre maudit et pourchassé par le destin incapable d'achever sa « grande œuvre ») que le peintre a inspiré.
À la découverte de l'édition (1862 – 1865)
Ayant échoué au baccalauréat, Émile Zola affronte sans qualification le marché du travail et entre comme employé aux écritures aux Docks de la douane en avril 1860. Insatisfait, il démissionne au bout de deux mois et connaît une longue période sans emploi, difficile moralement et financièrement, jusqu'au moment où il parvient à entrer en contact avec Louis Hachette, qui l'embauche comme commis dans sa librairie le 1er mars 1862. Il est naturalisé français le 31 octobre 1862. Apprécié et multipliant les contacts avec le monde littéraire, il reste quatre ans au service de publicité chez Hachette où il occupe finalement un emploi équivalent à nos attachés de presse modernes.
À la librairie Hachette, l'idéologie positiviste et anticléricale le marque profondément et il y apprend toutes les techniques du livre et de sa commercialisation. Travaillant avec acharnement pendant ses loisirs, il parvient à faire publier ses premiers articles et son premier livre, édité par Hetzel : Les Contes à Ninon.
Journaliste littéraire (1866 – 1868)
Dès 1863, Zola collabore épisodiquement, puis régulièrement à partir de 1866 aux rubriques de critique littéraire et artistique de différents journaux. Les quotidiens permettent au jeune homme de publier rapidement ses textes et ainsi, de démontrer ses qualités d'écrivain à un large public. Il bénéficie de l'essor formidable de la presse de la seconde moitié du XIXe siècle qui assure l'émergence immédiate de nouvelles plumes14. À tous les apprentis romanciers lui demandant conseil, et jusqu'aux derniers jours de sa vie, l'écrivain propose de marcher sur ses pas, en écrivant d'abord dans les journaux. Outre la critique (littéraire, artistique ou dramatique), Zola a publié dans la presse une centaine de contes et tous ses romans en feuilletons. À partir de 1865, Zola quitte sa mère et emménage avec sa compagne Alexandrine dans le quartier des Batignolles, sur la rive droite, à proximité du faubourg Montmartre, le secteur où se situent les principaux organes de presse.
Journaliste politique (1869 - 1871)
C'est au travers de ses interventions dans la presse politique que l'engagement de Zola est le plus marquant. La libéralisation de la presse en 1868 lui permet de participer activement à son expansion. téméraire, Zola s'attaque avec dureté aux ténors de l'Assemblée comme de Broglie ou de Belcastel. Il vilipende une Chambre peureuse, réactionnaire, « admirablement manipulée par Thiers ». Pendant un an, il produit plus de deux cent cinquante chroniques parlementaires.
Zola reste soigneusement à l'écart du monde politique, auprès duquel il sait s'engager, mais avec retenue, recul et froideur. L'action politique ne l'intéresse pas et il n'a jamais été candidat à aucune élection. Il se sait avant tout écrivain, tout en exprimant une attitude de réfractaire. Il agit donc en libre penseur et en moraliste indépendant, ce qui lui apporte une stature de libéral modéré.
L'écrivain n'a pas été mobilisé en 1870. Il aurait pu être intégré à la Garde nationale, mais sa myopie et son statut de soutien de famille (pour sa mère) l'en ont écarté. Il suit la chute du Second empire avec ironie, mais ne se trouve pas à Paris pendant la Semaine sanglante.
Succès littéraire (1872 – 1877)
Émile Zola est un homme éminemment social, multipliant les amitiés de tous ordres et tous milieux, tout en refusant les mondanités. Passionné par ses semblables, il privilégie cependant les amitiés artistiques et littéraires, et fuit les politiques. Zola se rapproche aussi de jeunes écrivains comme Guy de Maupassant, Paul Alexis, Joris-Karl Huysmans, Léon Hennique et Henri Céard qui deviennent les fidèles des soirées de Médan, près de Poissy, où il possède une petite maison de campagne, acquise en 1878. C'est le « groupe des six » à l'origine des Soirées de Médan parues en 1880.
Maître du naturalisme (1878 – 1885)
Observateur des hommes et des faits de son temps dans ses romans, Zola n'a cessé de s'engager dans des causes sociales, artistiques ou littéraires qui lui semblent justes, sans jamais faire de politique. Républicain convaincu, il s'engage tôt dans un combat contre l'Empire. Les premiers romans du cycle des Rougon-Macquart ont ainsi une visée à la fois satirique et politique. Aussi la censure dont il est l'objet dès 1871 avec La Curée, au retour de la République, le déçoit profondément. Mais il reste fervent républicain, la république étant pour lui « le seul gouvernement juste et possible ».
Cette période, qui marque le début d'une certaine reconnaissance professionnelle, est assombrie par plusieurs évènements dans la vie d'Émile Zola. 1880 est à ce titre une année très difficile pour l'écrivain. Les décès d'Edmond Duranty, mais surtout de Gustave Flaubert terrassé par une attaque, atteignent profondément le romancier.
Ces disparitions, qui se conjuguent avec la perte de sa mère à la fin de la même année, plongent durablement Zola dans la dépression. En 1881, parvenu à l'autonomie financière grâce à la publication régulière des Rougon-Macquart, il cesse son travail de journaliste. À cette occasion, il publie des « adieux » dans lesquels il dresse un bilan de quinze années de combat dans la presse.
Achèvement des Rougon-Macquart (1886 – 1893)
Le titre générique Les Rougon-Macquart regroupe un ensemble de vingt romans écrits par Émile Zola entre 1871 et 1893. Cet ensemble de romans marque le triomphe du mouvement littéraire appelé naturalisme, dont Zola est avec Edmond et Jules de Goncourt, puis Guy de Maupassant, le principal représentant.
En 1888, alors que Zola s'interroge sur le sens de son existence à la veille de la cinquantaine, sa vie bascule brutalement. Jeanne Rozerot, une jeune lingère de 21 ans, entre au service des Zola à Médan. Le romancier en tombe immédiatement éperdument amoureux. Émile conçoit pour elle un amour d’autant plus fort qu’elle lui donne les deux enfants qu’il n’avait jamais pu avoir avec sa femme Alexandrine. L'idylle est secrète pendant trois ans. Alexandrine Zola apprend l'infidélité de son époux en1891, et l'existence des deux enfants. La crise est grave pour le couple qui passe au bord du divorce. Alexandrine se résigne à cette situation. Elle s'occupe même des enfants, reportant sur eux un amour maternel dont elle a été privée. Après la mort de l'écrivain, elle fera reconnaître les deux enfants afin qu'ils puissent porter le nom de leur père.
Zola, Jeanne et leurs 2 enfants
Déjà en son temps, l'immense succès de Thérèse Raquin avait agacé Daudet et les Goncourt. Avec la réussite, et surtout les scandales, d'autres grandes amitiés de l'écrivain se distendent. Des campagnes de presse sont lancées contre Zola, notamment avec un pamphlet publié dans Le Figaro en 1887 : le Manifeste des cinq. Cinq romanciers d'inspiration naturaliste et proches de Daudet et Goncourt, opèrent une attaque en règle contre l'écrivain et La Terre, son nouveau roman en cours de parution dans la presse.
L'écrivain est fait chevalier de la Légion d'honneur le 13 juillet 1888, au grand dam encore une fois des Goncourt et d'Alphonse Daudet, mais aussi de ses proches, voire de son ami Paul Alexis.
Par ailleurs, il est présenté à la Société des gens de lettres par Alphonse Daudet en 1891, et accueilli en son sein « exceptionnellement par acclamation et à main levée à l'unanimité. » Il est élu au comité, puis élu et réélu président de l'association de 1891 à 1900.
Affaire Dreyfus (1894 – 1899)
Émile Zola n'est pas seulement un auteur à succès mais aussi un combattant pour la justice. En 1897, il impulse les polémiques de l'Affaire Dreyfus, en prenant le parti du Capitaine. Alors en pleine gloire artistique, Zola met en danger sa carrière pour mettre en avant ses opinions politiques. Il publie un article polémique, « J'accuse...! », dans lequel il s'attaque à l'état-major français et au nationalisme. Il passe les cinq dernières années de sa vie à combattre pour la justice dans cette affaire.
Initialement nommé « Lettre à M. Félix Faure, Président de la République », Ernest Vaughan (le directeur de L'Aurore) et Clemenceau lui trouvent un autre titre, plus ramassé et percutant : « J'accuse...! » Le numéro du jeudi 13 janvier 1898 de L'Aurore décuple son tirage. Les trois cent mille exemplaires s’arrachent en quelques heures. Cet article est un brûlot, mais aussi la première synthèse de l’affaire Dreyfus, que le public découvre enfin dans sa globalité. Le retentissement de l’article est considérable en France comme dans le monde.
Controverse sur la mort d'Émile Zola
Le 29 septembre 1902, de retour de Médan où il avait passé l'été, Émile Zola et son épouse Alexandrine sont intoxiqués dans la nuit, par la combustion lente résiduelle d'un feu couvert, produite par la cheminée de leur chambre dans leur appartement de la rue de Bruxelles (Paris 9e). Lorsque les médecins arrivent sur place, il n'y a plus rien à faire. Émile Zola décède officiellement à 10h du matin. En revanche, son épouse survit.
Le caractère subit et inattendu de la disparition d'Émile Zola avait ouvert la voie à des explications plus ou moins farfelues. Les milieux anti-dreyfusards et nationalistes ont rapidement propagé la légende du suicide. Bien que très peu exprimée sur le moment, la possibilité que le décès de Zola soit intentionnelle était dans tous les esprits. Les menaces constantes, au travers de courriers anonymes, et les attaques dont le romancier était l'objet dans la presse, ont fait immédiatement penser à l'assassinat. Mais l'aspect catégorique des conclusions de l'enquête, basée sur des faits scientifiques, ont rapidement éteint les interrogations. De sorte que même si des rumeurs sortaient de temps à autre, l'explication officielle, l'accident, a été maintenue pendant cinquante ans.
Le retentissement de la mort d'Émile Zola est immense. La presse se fait l'écho de l'émotion qui gagne la population entière. La presse nationaliste et antisémite exulte. L'émotion gagne l'étranger où de nombreuses cérémonies ont lieu en mémoire de l'écrivain français, et les presses germaniques, britanniques, américaines s'en font largement l'écho. L'hommage est international. Lors des obsèques, Anatole France, qui avait insisté pour évoquer toutes les facettes de l'écrivain, y compris ses combats pour la justice, lit sa célèbre péroraison à l'auteur de J'accuse...! : « Il fut un moment de la conscience humaine ».
Les cendres de Zola ont été transférées au Panthéon de Paris le 4 juin 1908. À la fin de la cérémonie au Panthéon, un journaliste anti-dreyfusard, Louis Grégori, ouvre le feu avec un révolver sur Alfred Dreyfus, qui n'est que légèrement blessé au bras.
La maison de Médan
Émile Zola acheta la maison en 1878 grâce aux gains de son roman l’Assommoir, publié en 1877, le septième volume de la série Les Rougon-Macquart. La maison a été agrandie à son idée avec la construction des tours Germinal et Nana. Il conservera la demeure pendant 24 ans, jusqu'à sa mort en 1902. De 1878 à 1902, Médan sera la résidence principale de Zola, il y passe huit mois de l’année, retournant à Paris l'hiver. Mais Zola sera propriétaire uniquement de sa maison de Médan et louera ses résidences à Aix et Paris.
Il écrivit à Médan, huit de ses romans dont Germinal, Nana, La Bête humaine en 1890 et Au Bonheur des Dames.
Principales oeuvres :
Liste des vingt romans
Mes haines, causeries littéraires et artistique, A. Faure, Paris, 1866.
Mon Salon, Librairie centrale, Paris, 1866.
Édouard Manet, étude biographique et critique, E. Dentu, Paris, 1867.
À propos de l'Assommoir, en collaboration avec Édouard Rod, 1879.
Le Roman expérimental, Charpentier, Paris, 1880; nouvelle édition commentée, GF-Flammarion, 2006.
Nos auteurs dramatiques, Charpentier, Paris, 1881.
Les Romanciers naturalistes, Charpentier, Paris, 1881.
Le Naturalisme au théâtre, les théories et les exemple, Charpentier, Paris, 1881.
Documents littéraires, Charpentier, Paris, 1881.
Une campagne (1880-1881), Charpentier, Paris, 1882.
Nouvelle campagne (1896), Fasquelle, Paris, 1897.
Humanité, vérité, justice. L'affaire Dreyfus. Lettre à la jeunesse, Fasquelle, Paris, 1897.
Les Quatre Evangiles, 1899.
L'Affaire Dreyfus, la vérité en marche, Fasquelle, Paris, 1901.
J'accuse (L'Aurore, 13 janvier 1898)
Contes à Ninon, J. Hetzel et A. Lacroix, Paris, 1864 ; Charpentier, Paris, 1878.
La Confession de Claude, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, Paris, 1865.
Le Vœu d’une morte, A. Faure, Paris, 1866.
Les Mystères de Marseille, A. Arnaud, Marseille, 1867.
Thérèse Raquin, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, Paris, 1867.
Madeleine Férat, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, Paris, 1868.
Nantas, 1878.
Les Soirées de Médan (1880), en collaboration avec Maupassant, Huysmans, Léon Hennique, Henri Céard et Paul Alexis, Charpentier, Paris, 1880.
Jacques Damour,1880.
Madame Sourdis, 1880.
Le Capitaine Burle, Charpentier, Paris, 1882.
Naïs Micoulin, Charpentier, Paris, 1884.
La Mort d’Olivier Bécaille, 1884.
Lourdes, Charpentier et Fasquelle, Paris, 1894.
Rome, Charpentier et Fasquelle, Paris, 1896.
Paris, Charpentier et Fasquelle, Paris, 1898.
Fécondité, Fasquelle, Paris, 1899.
Travail, Fasquelle, Paris, 1901.
Vérité, Fasquelle, Paris, 1903 (après la mort de l'auteur).
Justice (resté à l'état de projet)
Thérèse Raquin (drame en 4 actes), Charpentier, Paris, 1873.
Les Héritiers Rabourdin (comédie en 3 actes), Charpentier, Paris, 1874.
Le Bouton de rose, 1878.
Madeleine (1889), écrit en 1865.
Messidor, Fasquelle, Paris, 1898.
L'ouragan, Fasquelle, Paris, 1901.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_d%27%C3%89mile_Zola
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeunesse_d%27%C3%89mile_Zola
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mort_d%27%C3%89mile_Zola
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Rougon-Macquart