Le temps se fend comme un fruit, entre obscurité et lumière
et une brume habituelle traîne
au dessus de cette étendue
j'ai parcouru septembre de bout en bout,
pieds nus, de pièce en pièce
portant à la main un couteau bien aiguisé
pour couper tige ou racine ou mèche
Les yeux ouverts aux coquilles d'abalone
flammes des bougies commémoratives
citrons fendus roses couchées
le long de poutres se carbonisant
Choses belles: : acres mornes de pays développé à l'image de son nom:
Nulle part marécages détritus brûlés menaçants en son coeur
orbite métal d'arme sang bleu de minuit et
masques mystifiants je croyais savoir
que l'histoire n'était pas un roman
Ainsi puis-je dire que ce n'était pas moi
fichée comme l'Innocence
qui te trahis servant (en protestant toujours)
les desseins de mon gouvernement
pensant que nous arriverions à construire un lieu
où la poésie vieille forme subversive
pousse de Nulle part ici?
Où la peau pourrait reposer sur la peau
un lieu « hors limites »
Peux dire que je me suis trompée ?
Être si meurtrie: Dans les organes
Echeveaux de la conscience
Encore et encore avons laissé faire
Du mal aux autres
Broyant le noyau de l'âme
Cet ego à la tonalité sourde libéré,
Essaimant dans le monde
Si meurtri : Cœur spleen
Longs rubans enflammés des intestins
Le collier vertical de l’épine dorsale oscillant
Avons laissé essaimer
En nous laissé advenir
Comme cela se doit, au plus profond
Mais avant ceci : Longtemps avant ceci ces autres yeux
Frontalement se sont exposés, ont parlé
Adrienne Rich
1929-2012
°La vie sur la planète est née de la femme.°
« Voici une carte de notre pays :
voici la Mer de l’Indifférence, glacée de sel,
C’est la rivière hantée, coulant des sourcils à l’aine,
nous n’osons pas goûter son eau,
C’est le désert, où des missiles sont plantés comme des bulbes,
C’est le grenier à blé des fermes hypothéquées ».
~Adrienne Rich~
29-04-2022