1868 - 1938
Le 2 Décembre 1868 naît Francis Jammes (prononcer jam et non djèms), à Tournay dans les Hautes-Pyrénées il décédera le 1er Novembre 1938 à Hasparren (Basses-Pyrénées, devenues Pyrénées atlantiques).
Il est avant tout un poète, mais aussi un romancier, dramaturge et critique français Il passear la plus grande partie de son existence dans le Béarn, dans ses pyrénées natales, qui sont sa source, son inspiration.
Ce poète délicieux, restera pour les cénacles parisiens un simple provincial; Il est vrai que ce montagnard Pyrénéen retiré et solitaire ne consacre que peu au parisianisme, et pourtant il tisse de nombreuses correspondances avec ses contemporains tels que Gide ou Arthur Fontaine.
En fait, il a fait de multiples séjours à Paris, il séduit dans certains salons littéraires comme celui de Mme Léon Daudet, et il enchante Marcel Proust.
Une de ses pièces "La Brebis égarée", avait failli être montée par Lugné-Poe, et a inspiré à Darius Milhaud un opéra qui a été créé en présence du poète. Il a plusieurs fois été invité en Belgique.
Il posa plusieurs fois, mais en vain, sa candidature à l'Académie française.
Il est le fils de Victor Jammes (1831-1888) et d'Anna Bellot (1841-1934),
Il étudie au lycée de Pau puis ensuite à Bordeaux. Il sera un élève médiocre.
Cet amoureux des lettres aura un zéro en français et sera recalé au bac.
Il persiste malgré tout, confronté à l'échec et en pleine quête de lui-même, il écrit tout simplement 89 poèmes. il est en pleine quête de lui-même, il écrit des poèmes et les adresse à diverses revues. il prend goût au voyage imaginaire avec Jules Verne, puis se passionne très jeune (1880-1883) pour l'aventure entomologique, science avec prolongements poétiques!
En 1886, il découvre Baudelaire.Sa mère à plusieurs reprises fera imprimer ses poésies, à compte d'auteur à Orthez où le poète habite alors avec elle.
C'est à Orthez qu'en 1889 il devient avoué chez un notaire mais ce stage sera de courte durée, sans lendemain. Il s'y ennuie assez pour envoyer à la presse littéraires ses essais poétiques qui seront remarqués par Mallarmé, par Gide. Il va vivre de 1895 à 1898 une période Gide et va mettre le cap pour toujours vers la vie poétique. Déjà célèbre, il crée le Jammisme qui confirme qu'il n'appartient qu'à son école, genre école buissonnière (expression de Robert Mallet, en préface du recueil Deuil des Primevères).
Son principal éditeur est et restera longtemps Le Mercure de France.
En 1896, il voyage avec Gide en Algérie. Il lance en 1897 avec "Le jammisme " un vrai-faux manifeste littéraire qui le propulse à l'avant-scène de l'actualité.
En 1898, il publie son premier vrai recueil poétique, son meilleur selon certains, "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir".
Il rencontre le poète Charles Guérin, qui viendra le visiter à Orthez et écrit pour lui plusieurs poèmes :« Ô Jammes, ta maison ressemble à ton visage...».
Vers 1890, la poésie française, bien que Rimbaud, Verlaine et Mallarmé lui aient ouvert des voies nouvelles, semble piétiner. Elle cherche vainement son unité, sa raison d’être, dans une école prétendue symboliste qui groupe des talents réels mais disparates, des aspirations généreuses mais quintessenciées. À force de se vouloir originaux, les poètes se livrent à l’étrange et même à l’excentrique. Chacun s’efforce de découvrir un domaine inexploré, pour l’exploiter à sa façon. La littérature s’encombre d’un mobilier gothique, oriental ou antique, avec des armures, des bouddhas, des griffons fabuleux, des vitraux, des statues mythologiques et des gerbes de fleurs maladives.
Albert Samain goûte le charme morbide du Jardin de l’Infante, Verhaeren erre à travers les Campagnes hallucinées, André Fontainas cueille les fruits des Vergers illusoires, Robert de Montesquiou pare sa boutonnière d’Hortensias bleus, Henri de Régnier s’intéresse aux Jeux rustiques et divins. On sent chez tous ces poètes le besoin réel de renouer avec une nature dont le contact a été perdu. Mais aucun d’eux, pas même le mieux doué, ne parvient à discerner et à traduire la véritable poésie des choses de la terre car chacune de leurs oeuvres, même la plus sincère, au lieu d’exprimer un instinct, manifeste l’effort. On attend un authentique poète de la nature chez qui la louange de la vie des champs jaillira comme un cri spontané et non comme une chanson étudiée. Ce poète existe, il n’est pas encore connu, mais déjà, dans son obscur coin de province, il a donné à des amis intimes la mesure de son génie rustique. Il s’appelle Francis Jammes.
Avec sa loyauté proverbiale, Albert Samain lui-même salue l’apparition de ce confrère provincial dont l’art risque d’éclipser le sien : " Il est réservé à un poète perdu dans le fond des Pyrénées, là-bas à Orthez, de formuler ce que d’autres tentent d’exprimer systématiquement. Au milieu de la surchauffe intellectuelle où se dessèchent les esprits, c’est comme un verre d’eau claire qu’on apporte et tous boivent avidement... "
Le miracle du jammisme se produit : pour n’avoir voulu appartenir à aucune école, pour avoir résolument banni tout effet de style, pour s’être exprimé avec une simplicité qui ne prétend qu’à traduire sans transposer, Francis Jammes impose à la littérature de la fin du XIXe siècle le sceau de sa personnalité. Son premier recueil de vers à grand tirage, De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir, attire sur lui en 1898 l’attention de tous les « assoiffés » dont Albert Samain nous a révélé l’existence.
Voilà enfin un écrivain qui ne parle pas des champs en amateur, en promeneur du dimanche ou en moraliste. Il ne joue ni les Coppée trop citadins, ni les Zola trop militants, ni les Verhaeren trop visionnaires. Il habite la campagne, il possède une métairie. S’il ne met pas la main à la charrue, il sait comment on la manie. Il n’ignore aucun des secrets de la vie rurale, il peut appeler toutes les plantes, tous les oiseaux, tous les insectes par leurs noms. Les paysans sont ses amis, les animaux ses confidents. Il chasse, il pêche, il herborise, il jardine. Et il chante ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il sent. Il ne chante que cela. Le monde pour lui est borné par la barre bleue des forêts landaises et par le mur d’argent des glaciers pyrénéens. S’il rêve, c’est pour évoquer les Antilles fleuries de tabacs roses, brodées de palmiers luisants, chamarrées d’oiseaux multicolores, les Antilles parfumées où ses grands-parents paternels ont vécu et sont morts. Jamais ses pensées ne se laissent accaparer par les fastes illusoires de la Capitale. Il redoute l’agitation, la cohue et l’énervement des grandes villes. Il ne se plaît qu’à Orthez, dans sa petite maison dont la façade blanche, bleutée de lierre, ressemble – prétend Charles Guérin – à son visage barbu.
Il rencontre aussi Claudel en 1900 et publie l'année suivante Le Deuil des Primevères.
À trente-cinq ans, il vit très mal l'échec d'une histoire d'amour qui lui inspire le groupe de poèmes intitulé "Tristesses" publié en 1906 dans son recueil Clairières dans le ciel.
En 1905, il va se convertir au catholicisme et reprendre des pratiques religieuses, à Labastide-Clairence, le 7 juillet de cette année, Claudel, de retour de Chine, sert la messe qui marque l’évènement.
Sa poésie devient plus religieuse et dogmatique.
Début octobre 1907, à Lourdes, il a 39 ans, il se fiance à Geneviève Goedorp, une fervente admiratrice avec laquelle il a correspondu pendant quelques semaines, il l' épouse à Bucy-le-Long, près de Soissons, dans l'Aisne .
Le poète séjournera alors dans l'Aisne dans les années qui suivront son mariage. Le couple aura sept enfants, l'aînée est prénommée Bernadette par référence à sainte Bernadette de Lourdes, le quatrième, Paul, à cause de Claudel.
En 1912 paraissent les Géorgiques chrétiennes. Jusqu'à sa mort, sa production poétique mais aussi romanesque et dramatique demeurera importante, mais sans retrouver son public d'avant sa "conversion ".
Francis Jammes mourra en 1938, après être demeuré fidèle à ses Pyrénées. Né en Bigorre, fixé dans le Béarn pendant plus de trente ans, et mort au Pays basque, il accordera toujours à la nature la part privilégiée de ses sentiments. Son oeuvre se présente comme un immense poème à la gloire de la création dans ce qu’elle a de plus pur et de moins interprété par l’homme.
Il meurt à Hasparren à la Toussaint (1 novembre 1938).
Francis Jammes dans le monde
En France, on ne connaît au mieux de Jammes que ses premières œuvres, les plus libres et sensuelles.
À l'étranger seulement, et spécialement en Allemagne, Autriche et Suisse alémanique, son œuvre, toute son œuvre, est encore aujourd'hui très vivante.
Elle a enchanté Rainer Maria Rilke , qui en témoigne aux premières pages des Cahiers de Malte Laurids Brigge,
Ernst Stadler, qui a traduit ses Quatorze prières,
l'éditeur Kurt Wolff , qui a publié une magnifique édition illustrée de son Roman du lièvre , Hasenroman,
Kafka, qui dans son Journal avoue le bonheur éprouvé à la lecture de Jammes et beaucoup d'autres.
Toute son œuvre en prose ou presque a été traduite et publiée par Jakob Hegner, de Leipzig.
Lili Boulanger a mis en musique son recueil Clairières dans le ciel, Claude Arrieu "Ah ! Quand verrai-je des îles", Marc Berthomieu "La salle à manger" et
Georges Brassens un choix de strophes du poème "Rosaire" sous le titre "La Prière".