Agatha Christie
(1890/ 1976)
Agatha Christie, née Agatha Mary Clarissa Miller (15 septembre 1890 - 12 janvier 1976), puis, après son second mariage, Agatha Mallowan et, à partir de son anoblissement en 1971, Dame Agatha Christie, est une femme de lettres anglaise, auteur de nombreux romans policiers. Son nom est associé à celui de ses deux héros : Hercule Poirot, détective professionnel, et Miss Marple, détective amateur. On la surnomme la « Reine du crime » ; ceci fait d'elle l'une des plus importants et des plus novateurs des écrivains (dans le développement du genre). Elle a aussi écrit plusieurs romans, dont quelques histoires sentimentales, sous le pseudonyme de Mary Westmacott.
Agatha Christie est l'un des écrivains les plus connus au monde et est considérée comme l'auteur le plus lu de l'histoire chez les Anglo-Saxons après William Shakespeare. Elle a publié 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre traduits dans le monde entier. Une grande partie d'entre eux se déroule à huis clos, ce qui permet au lecteur d'essayer de deviner le coupable avant la fin du récit.
Un nombre important de ses romans et nouvelles a été adapté au cinéma ou à la télévision, en particulier Le Crime de l'Orient-Express, Dix petits nègres, Mort sur le Nil, Le Train de 16 h 50, Meurtre au soleil et Le Meurtre de Roger Ackroyd.
Biographie
Enfance
Agatha Mary Clarissa Miller est née le 15 septembre 1890 à Torquay, dans le comté de Devon, d'un père américain courtier, Frederick Alvah Miller, et d'une mère britannique, Clarisse Margaret Boehmer, fille d'un capitaine de l'armée britannique. Ses parents appartenant à la classe moyenne supérieure donnent naissance à Margaret « Madge » Frary Miller (1879–1950) à Torquay où ils louent une maison puis à Louis « Monty » Montant (1880–1929) né à New York où la famille s'est installée car Frederick y est pour ses affaires. Clara (abréviation affectueuse du prénom Clarisse) achète une résidence à Torquay, nommée « Ashfield », où naît leur troisième et dernier enfant, Agatha Mary Clarissa
Alors que son frère et sa sœur sont placés en pensionnat, ses parents lui offrent une éducation à domicile soignée : sa gouvernante lui apprend à écrire et son père l'arithmétique, puis c'est essentiellement sa mère qui s'occupe d'elle à la suite de la mort de son père lorsqu'elle a onze ans. Cette éducation lui permet d'écrire très tôt des poèmes, des contes et des nouvelles, encouragée par sa mère. Elle nourrit son imagination par des contes et poèmes puisés dans la bibliothèque familiale (notamment ceux de Mary Louisa Molesworth (en), Lewis Carroll et Edward Lear6) et l'intérêt de sa mère pour les religions et l'ésotérisme, ses enfants pensant qu'elle a le don de lire dans la pensée d'autrui. Enfant enjouée mais timide et solitaire qui passe beaucoup de temps avec ses animaux, elle raconte qu'un moment fort de son existence est d'avoir joué comme figurante dans une production théâtrale locale de Yeoman of the Guard .
En 1902, elle est inscrite pour la première fois dans une école à Torquay, la Miss Guyer's Girls School. En 1906, sa mère l'emmène à Paris pour finir ses études dans des maisons d'éducation françaises (chez Mademoiselle Cabernet à Paris, puis aux Marronniers à Auteuil, enfin chez Miss Dryden à Paris qui fait office de Finishing School). Voulant embrasser une carrière d'artiste lyrique, elle y étudie notamment le chant et le piano, mais son trac et sa timidité excessive auront raison de ses talents. Aussi, elle regagne Torquay, station balnéaire où viennent se réfugier de nombreux belges pendant la Première Guerre mondiale. Elle reconnaîtra s'être inspirée pour son personnage d'Hercule Poirot plus particulièrement de réfugiés belges vivant dans une paroisse voisine après la Grande Guerre, de même les paysages de sa région natale ont inspiré de nombreuses intrigues de son détective belge.
Premiers romans et nouvelles
Sa mère étant tombée malade, elles décident toutes les deux de passer des vacances au Caire au climat plus chaud en 1910. Résidant pendant trois mois au Gezirah Palace Hotel, Agatha — toujours chaperonnée par sa mère — passe surtout son temps à rechercher un futur époux (trouver un époux convenable est important pour cette jeune femme à l'éducation victorienne qui a vaguement un sentiment d’infériorité par rapport à sa grande sœur qui est belle et a épousé Huber deBurgh Prichard, un homme riche écrivant des livres publiés), aussi montre-t-elle peu d'intérêt pour les visites d'antiquités telles que la Grande Pyramide de Gizeh. De retour en Grande-Bretagne, elle participe à l'écriture et la réalisation de représentations théâtrales amateurs, aidant notamment quelques amies à mettre sur pied une pièce intitulée The Blue Beard of Unhappiness. Elle écrit également de la poésie et des compositions de musique dont certaines sont publiées. C'est aussi en 1910, alors qu'elle est clouée au lit par une fièvre, que sa mère lui met d'autorité un carnet dans les mains et l'enjoint à écrire une histoire : elle rédige ainsi sa première nouvelle The House of Beauty qui a pour thème la folie et le rêve. Elle poursuit l'écriture d'autres nouvelles comme The Call of Wings qui illustrent son intérêt pour le spiritisme et le paranormal qu'elle tient de sa mère. Elle les envoie à de nombreuses revues sous différents pseudonymes, mais tous ses premiers textes sont refusés, alors qu'ils seront tous revus et corrigés par la suite et publiés ultérieurement, parfois sous de nouveaux titres.
Sa sœur, qui lui a fait découvrir les énigmes bien ficelées de Sherlock Holmes et Arsène Lupin, la met depuis longtemps au défi d'écrire un roman policier. Elle s’attelle alors à son premier roman policier, The Lonely Petit dont l'intrigue se passe au Caire. Elle l'envoie à divers éditeurs sous le pseudonyme de « Monosyllaba », mais là encore tous le refusent. Clara suggère alors à sa fille de demander conseil à un ami de la famille, l'écrivain à succès Eden Phillpotts. Il l'encourage à persévérer et la recommande à son agent littéraire, Hughes Massie. Ce dernier, non convaincu par son roman, lui suggère d'en écrire un second
Après plusieurs mois de « chasse au mari » au cours desquels elle entretient quatre relations successives, elle rencontre au cours d'un bal donné en 1912 par Lord et Lady Clifford à « Chudleigh », le sous-officier Archibald Christie, séduisant aviateur appartenant au Royal Flying Corps. Ils tombent rapidement amoureux et se fiancent. Son fiancé étant sur le point d'être appelé pour la Première Guerre mondiale, elle épouse le jour de Noël 1914 Archibald Christie dont elle conservera le patronyme comme nom de plume. Elle donne naissance à sa fille unique, Rosalind , le 5 août 1919.
Durant la Grande guerre, elle s'engage dans un détachement de Secours Volontaire comme infirmière bénévole dans la mairie de Torquay transformée en hôpital de la Croix-Rouge, puis en 1916 comme assistante-chimiste dans une pharmacie d'un hôpital militaire et obtient son diplôme de pharmacienne en avril 1917. La préparation de nombreux remèdes pour les blessés lui permet de se familiariser avec lespoisons et autres drogues qui apparaissent dans ses romans. Pendant son temps libre, elle écrit son premier roman policier, La Mystérieuse Affaire de Styles, à la suite d'un pari avec sa sœur. La lecture du Mystère de la chambre jaune, de Gaston Leroux, serait à l'origine de sa vocation. De retour de la guerre, son mari Archibald Christie est promu colonel et affecté au Ministère de l'Armée de l'Air Rising, le couple s'installe au 5 Northwick Terrace dans le quartier St. John's Wood du centre de Londres. Son mari rencontre vite des difficultés financières, aussi voit-elle dans la publication de ses textes un moyen d'augmenter les revenus du couple.
La « duchesse de la mort »
En 1920, elle trouve enfin un éditeur, Bodley Head, qui accepte de publier son premier roman, La Mystérieuse Affaire de Styles, où Hercule Poirot apparaît pour la première fois. Naïve, ayant signé un contrat qui l'engage pour six romans tout en étant mal rétribuée, elle prend un agent, Edmunk Cork, qui le restera pendant toute sa carrière littéraire et la fera publier chez l'éditeur William Collins, Sons. Elle obtient d'abord un succès d'estime par ses nouvelles mais c'est en 1926, avec la publication de son septième roman, Le Meurtre de Roger Ackroyd (8 000 exemplaires, ce qui est un succès de librairie pour l'époque), qu'Agatha Christie devient une des figures majeures du roman policier. Son succès est désormais assuré, grâce aux personnages de Hercule Poirot et de Miss Marple. Ses ouvrages se succèdent ensuite au rythme d'un ou deux par an.
En 1926, sa mère meurt, son chagrin coïncide alors avec la déliquescence de son couple. En avril 1928, le divorce est prononcé. En 1930, lors de sa seconde croisière auMoyen-Orient, elle fait la connaissance de l'archéologue Sir Max Mallowan sur le site d'Ur. De retour en Angleterre, elle l'épouse discrètement en secondes noces le 11 septembre 1930, se méfiant de la presse depuis l'affaire de sa disparition car cette dernière ne manquerait pas d'évoquer le mariage entre une anglicane divorcée et un catholique qui a décidé de se convertir à l'anglicanisme. Elle l'accompagne alors en Syrie et en Irak pour des campagnes de fouilles archéologiques, qu'elle transposera comme décor dans quelques histoires, notamment Meurtre en Mésopotamie.
En 1938, le Greenway Estate dans le Devon est acquis par le couple Mallowan qui s'en sert de résidence d'été, les descendants d'Agatha Christie en feront don en 2000 à la National Trust qui l'ouvre au public qui peut ainsi pénétrer dans l'intimité de la « duchesse de la mort ».
Durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'elle vit dans son appartement londonien de Lawn Road, elle travaille comme préparatrice dans la pharmacie du University College Hospital de Londres où elle parfait sa connaissance des poisons, éléments importants dans ses romans.
En 1952, la pièce de théâtre The Mouse Trap est présentée pour la première fois à Londres.
En 1955, elle fonde l’Agatha Christie Limited (ACL), société propriétaire de ses droits d'auteur détenue aujourd'hui à 36 % par sa famille et à 64 % par le groupe Chorion, société qui reçoit plus de 300 demandes de licences par an
Agatha Christie meurt le 12 janvier 1976 dans sa résidence de Wallingford, près d'Oxford. Elle suit de peu ses personnages fétiches, car :
Hercule Poirot s'éteint en août 1975 avec Hercule Poirot quitte la scène, le New York Times ayant même publié une nécrologie le 6 août 1975.
Miss Marple résout sa Dernière Énigme en 1976, mais le titre est posthume, et le personnage ne meurt pas dans l'œuvre, à l'inverse d'Hercule Poirot.
Œuvre
Agatha Christie est l'un des écrivains les plus connus au monde si l'on considère le nombre de langues dans lesquelles son œuvre a été traduite (plus de 7 135 traductions, ce qui en fait l'auteur le plus traduit en langues étrangères selon l'Index Translationum), et l'importance des tirages de ses romans qui en fait la romancière la plus vendue au monde selon le Livre Guinness des records. Bien que ce type d'estimation soit toujours délicat (de 2,5 à 4 milliards de livres vendus dans le monde, sachant qu'il s'en achète encore 4 millions par an), Agatha Christie est considérée comme l'auteur le plus lu de l'histoire chez les Anglo-Saxons après William Shakespeare, seule la Bible dépasse son œuvre en nombre d'exemplaires vendus.
Agatha Christie a écrit 67 romans (dont 6 romances sous le pseudonyme de Mary Westmacott qui correspond à ses écrits les plus personnels), 190 nouvelles réunies en une quinzaine de recueils, 18 pièces de théâtre (+ 5 adaptations par d'autres auteurs), quelques poèmes et une autobiographie : auteur prolifique, elle écrit ses romans en six semaines en moyenne mais, de 1954 jusqu'à 1976, n'en publie que deux ou trois par an dont un traditionnellement pour les fêtes de fin d'année, événement littéraire à l'origine du slogan de son éditeur : « a Christie for Christmas » (un Christie pour Noël).
Quelques romans
La Mystérieuse Affaire de Styles, 1920
Le Meurtre de Roger Ackroyd, 1926
Le crime est notre affaire, 1929
Le Crime de l'Orient Express, 1934
Mort sur le Nil, 1937
Dix petits nègres, 1939
Cinq petits cochons, 1942