Bonjour,
J’ai commencé à écrire bien avant de naître, gravant, à l’abri des regards, à la lueur de mon âme, des mots d’un autre temps, chatouillant la paroi interne du ventre de ma mère.
La douleur de la délivrance et la lumière aveuglante m’ont fait perdre la mémoire. Mes mots d’une autre ère ont été jetés vulgairement à la poubelle, balayant ainsi tous mes acquis. Je regardais insatiablement ma main droite n’ayant plus que pour seul objectif que de porter mon pouce à ma bouche.
Plus tard, un crayon à la main, à l’écriture de mes premiers mots d’enfant, la mémoire m’est revenue. J’ai alors noirci des cahiers de textes, poèmes et pamphlets à l’instar d’un journal intime fermé sous clé dans le secrétaire de mon enfance.
Adolescente, voulant faire fît de mon passé, j’ai brûlé mes cahiers, faisant voler mes mots en fumé au lieu de les utiliser pour délivrer le mâle qui me rongeait.
Puis l’encre s’est asséchée et je me suis refermée. Mes mots ont été couverts par l’océan de ma vie.
Un jour, une vague m’a déposée sur une plage. Ma coquille s’est entrouverte, déposant sur une plage publique quelques textes commentés. Avant de repartir au fond de l’océan, j’ai gommé mes mots avec la touche effacement de mon clavier.
Aujourd’hui, A quai, sur la planète DPP, je me livre à vous, sans costume ni apparat. Je vous dévoile ma vraie nature, celle d’une femme amoureuse des mots.
Bienvenue chez moi. Je m’appelle Jeanne, je suis maman d’une boule de tendresse et d’énergie de 11 ans.