Secours Catholique - Tranche de Vie

Secours Catholique

Depuis 9 ans, je travaille 2 après-midi par semaine au Secours Catholique. Bénévole évidemment. Pour vous donner une idée, on est 1500 bénévoles contre 15 animateurs salariés sur le territoire Ariège / Haute-Garonne.

Je bosse à la cellule communication et à l’accueil. Avant j’étais responsable de l’équipe de l’accueil mais j’ai rendu mon mandat. C’était trop chiant.

Je bosse au siège administratif, dans des bureaux et pas dans une antenne de distribution alimentaire ou vestimentaire. Le boulot à l’accueil est délicat car tu reçois des tas de gens, individu isolé ou famille entière, à la rue, sans logement, sans avoir un centime ni de quoi se nourrir. Souvent ils ne parlent ni français ni anglais. Tu ne peux rien pour eux. Avant, pour un problème d’hébergement, tu pouvais les orienter sur des structures spécialisées - résultats non garantis évidemment -. Maintenant tu n’as plus le droit et tu dois les renvoyer sur le 115 où il y a 4 heures d’attente téléphonique pour t’entendre dire qu’il n’y a pas de places disponibles. Alors tu ne peux que les renvoyer à la rue en t’excusant sincèrement de ne rien pouvoir faire pour eux, des excuses qui leur font une belle jambe.

Autre problème : le rôle des assistantes sociales.
Jusqu’à peu, pour toute demande d’aide y compris financière, tu devais d’abord envoyer les gens voir une A.S. qui constituerait un dossier qu’elle nous enverrait, et nous étudierons le dossier pour lui donner une suite positive ou pas. Maintenant, je ne sais quelle instance a décrété que les A.S. ne feraient plus ça, parce que ça leur prenait trop de temps. Ah ouais ? Et nous on fait comment pour les orienter les gens ?

Autre contrariété : les Roms.
Nous avons un récup textiles sur le trottoir, et tous les Roms se sont donné l’adresse. C’est un container muni d’une trappe pour faire basculer les sacs d’habits dans le réceptacle. Les Roms viennent avec des enfants de 3 ou 4 ans, qui glissent dans la trappe et font passer les sacs. Il ne se passe de jours ou tu n’en surprennes. Tu vas poliment mais fermement leur demander de cesser leur manège, ils obtempèrent en te disant : nous pas voler monsieur, c’est des affaires pour donner. Tu les laisses partir avec leurs sacs. 200 mètres plus loin, sur le trottoir ils les ouvrent et se servent. Puis ils laissent les sacs éventrés avec des vêtements éparpillés au milieu de la rue et les voisins furieux déboulent pour se plaindre et dire qu’ils en ont ras le bol de cette population.

Ça fait 9 ans que je bosse là, au Secours Catholique. Je ne suis pas croyant. Il ne m’ont jamais demandé de l’être. Juste de respecter mon prochain et le boulot. Pourquoi je fais ça ? Pour avoir du lien social et un peu de repères dans ma vie marginale.