Connexion : supprimer Ou

Harmonium - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "Harmonium" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Paulette Pairoy-Dupré"..

Venez publier une critique de film, Théatre, série ! / Protéger une critique de film, Théatre, série

 

 

Harmonium

 

« Harmonium » est un film japonais réalisé Kôji Fukada . Il a obtenu au Festival de Cannes 2016, le prix du jury dans la catégorie « un certain regard ».

« Harmonium »  a pour cadre une banlieue dortoir de Tokyo, univers de béton, impersonnel, traversé par une grande voie de communication bruyante et dangereuse et où dans la journée les rues semblent vides de toute âme humaine.

Toshio et Akié  y vivent avec leur petite fille Hotaru, âgée de huit ans.

Le film se décline en deux  parties.

Dans un premier temps, Kôji Fukada nous invite à partager le quotidien de cette famille ordinaire, rythmé par les repas commençant par une prière protestante récitée par la mère et la fille, le travail du père, qui une fois rassasié se rend à son atelier de métallurgie situé en contrebas du lieu d’habitation,  et l’entraînement musical d’Hotaru sur son harmonium.

Le père est peu loquace. Le dialogue semble absent dans le couple.

Une grande complicité unit la mère et la fille et leurs échanges autour de la préparation du concert où Hotaru jouera de son harmonium sont des moments de bonheur que l’on savoure comme s’ils étaient comptés, des moments de douceur  qui contrastent avec l’atmosphère triste et pesante qui règne dans le foyer, laquelle est rythmée par le tempo régulier, presque sordide du métronome.

 

Un jour, Yasaka, ancien ami de Toshio, se présente à l’atelier. Il sort de prison. Toshio lui offre emploi et hébergement sans pour autant consulter son épouse. Mais nous sommes dans une culture et une strate sociale  où apparemment la femme n’a pas son mot à dire, totalement soumise à l’autorité masculine.

Yakasa surgit dans la famille, tel un fantôme dont d’ailleurs il a l’apparence. Il est grand et maigre, pâle, marqué par dix ans en lieu carcéral,   et se tient raide, comme emprisonné dans sa chemise blanche  boutonnée jusqu’au cou. Il a tout de l’oiseau de mauvais augure qui va bouleverser la vie de la famille.

Yasaka s’immisce peu à peu  dans la vie familiale, en partage le peu de loisirs, fait progresser la fillette à l’harmonium, y apporte un peu de joie, et séduit Akie.

Alors qu’il tente d’aller plus loin dans leurs relations, celle-ci le repousse violemment.

Quelques heures plus tard, Hotaru est retrouvée sans connaissance et baignant dans une flaque de sang, non loin du domicile. Yasaka a disparu.

Que s’est- il passé ?  Le réalisateur laisse planer le doute.  Vengeance sur la fillette, dans sa fureur d’avoir été rejeté par la mère ? Hotaru en restera handicapée physique et muette.

La seconde partie du film nous amène huit ans plus tard.

Toshio a engagé un détective pour retrouver Yasaka, mais en vain. Akie a sombré  dans la dépression, devenue obsessionnelle  compulsive, maniaque de la propreté.

Le personnage de Toshio a évolué. Les rôles sont inversés. C’est Toshio qui ayant gagné en humanité porte la famille.

Il embauche un apprenti, Takashi. C’est le fils de Yasaka. Toshio ne le découvrira que bien plus tard. L’enfer reprendra alors le dessus, en dépit de la gentillesse de Takashi qui n’a jamais connu son père et semble être le pendant positif de celui-ci.

Le fils serait-  il venu expier la faute du père ?

Il rendra son dernier souffle en même temps qu’Hotaru, au fond de la rivière où il tentera de la sauver, Akie s’étant jetée du haut du pont avec sa fille dans les bras pour mettre fin à cette vie de souffrance.

Le film est d’une grande violence psychologique et pourtant Kôji Fukada ne la montre que fort peu. Il la suggère, l’annonce avec des sous - entendus, une fable sur le pouvoir maléfique des araignées que la fillette se plait à répéter, un code de couleurs, l’horreur des bruits de la ville, la métaphore de l’eau, élément purificateur.

Yasaka est toujours vêtu de blanc. Dans les pays orientaux, le blanc est la couleur de la mort.

La couleur rouge, évoquant  à la fois le sang et la vie,  est aussi maintes fois présente dans le film, comme annonciatrice de moments heureux ou de terreur. La robe que la fillette portera pour le concert  est rouge. La tunique de Akié qui se promène avec Yasaka de couleur identique, ainsi que le teeshirt de Yasaka et la cravate de son sosie en fin de film.

Le réalisateur a une écriture impressionniste, symbolique, s’intéressant aux sensations produites par les non dits plutôt qu’aux dialogues. Il décrit par petites touches les sentiments intérieurs  de ses personnages, revenant sans cesse sur l’avant et l’après du drame. Il insère ses personnages dans leur environnement, imbriquant passé et présent, réel et fantasmes, utilisant le décor comme toile de fond, adjuvant de l’intrigue.

La dernière image où l’on voit  Akie qui semble revenue à la vie  aux côtés du cadavre de Takashi et Toshio qui ne pouvant admettre la mort de sa fille, s’acharne à tenter de la réanimer est le pendant d’horreur de la photo du pique - nique partagé avec Yakasa, moment de bonheur.

Il en va de même de l’image d’introduction nous présentant la fillette devant son harmonium, image que l’on retrouve en fin de scénario, comme si la vie n’était qu’éternel recommencement.

Le film  est dur, laisse le spectateur dans une tension permanente, un suspense pesant. Il est aussi très complexe. Mais peut -être est -ce dû à une langue et une culture dont  le spectateur lambda n’a pas toutes les clés.

Un film qui mérite d’être vu.

 

Février 2017

PPD

Partager

Partager Facebook

Auteur

Blog

Paulette Pairoy-Dupré

14-02-2017

Téléchargement

PDF Certifié Ebook gratuit
"Soyez un lecteur actif et participatif en commentant les textes que vous aimez. À chaque commentaire laissé, votre logo s’affiche et votre profil peut-être visité et lu."
Lire/Ecrire Commentaires Commentaire
Harmonium appartient au recueil I-Chroniques

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré.

Tous les Textes publiés sur DPP : http://www.de-plume-en-plume.fr/ sont la propriété exclusive de leurs Auteurs. Aucune copie n’est autorisée sans leur consentement écrit. Toute personne qui reconnaitrait l’un de ses écrits est priée de contacter l’administration du site. Les publications sont archivées et datées avec l’identifiant de chaque membre.