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Une prière à l'Amour - Texte

Texte "Une prière à l'Amour" est un texte mis en ligne par "Deogratias"..

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Une prière à l'Amour

Aurore écoutait la musique dans ses écouteurs. Portée par la mélodie, elle se laissait emporter dans la puissance vibratoire de ses émotions intenses. Elle regardait en même temps ses photos qu’elle rangeait. Elle revoyait sa vie défiler sous ses yeux. Sa jeunesse malmenée par trop de solitude, les coups, les rejets, elle se souvenait de ses amours déçus, de ses déchirures quand la mort sépare des êtres chers, des chansons oubliées, des promenades solitaires dans des forêts désertes.  Elle contemplait la nature pour y trouver une réponse : le pourquoi de sa venue sur terre.

 

Aurore avait cela en commun avec ses sœurs du couvent où elle avait vécu par le passé : elle revenait toujours à des questions existentielles. Ces interrogations la menaient partout : au-dehors, au-dedans. Inondée par le mystère. Elle était si souvent submergée par des pensées métaphysiques, par des obsessions tenaces. Aurore se souvenait de sa prière d’alors, dans la chapelle à l’odeur des bougies, à genoux sur le sol en bois bien ciré. Elle se rappelait très exactement les pensées, les prières qui furent les siennes. Elle ferma les yeux et se remémora l’une d’elles qu’elle avait écrite :  

 

« Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi la souffrance du monde ? Pourquoi je crois tandis que d’autres ne peuvent s’y résoudre ? Pourquoi les hommes meurent ? Pourquoi l’univers continue sa course sans se préoccuper de nous ? Pourquoi j’ai mal, pourquoi la vie ? Pourquoi les enfants, les arbres et les oiseaux ? Pourquoi tant nous aimer, pourquoi tant nous trahir ? Oh mon Dieu, que c’est dur la vie ! Que c’est beau la vie ! Et comme sont pénibles les soubresauts de l’angoisse le soir, seule, dans le noir ! Oh mon Dieu, pourquoi la vie pour tant d’êtres, sans soutien, sans lumière, sans croire à  l’avenir ?

 

Pourquoi sommes-nous fait à ce point pour l’amour sans parvenir à le retenir ? Pourquoi est-ce qu’on en crève de ce mal d’amour qui nous tient dès le premier jour jusqu’au dernier ? Pourquoi ce mal d’amour qui me chavire, me tire, me pousse, me cogne jusqu’à mourir ? Oui, mourir par le dedans du mal d’amour, qu’y a-t-il de plus ordinaire ? Qu’y a-t-il de plus cruel ? Pourquoi l’amour est si violent dans mon cœur ? Jusqu’à préférer une prison d’amour à la fougue du vent libre qui chahute les feuillages dans des prairies immenses ? Jusqu’à choisir les grilles, les murs, le silence dans un monastère éloigné du monde ? Qui a les réponses ? Pourquoi j’en veux, j’en demande, je me perds, j’en crève du mal d’amour sur la terre tout autour ? D’où nous vient cette soif inextinguible que rien n’apaise ? Comment un être humain tout semblable à moi, tenu par les mêmes faims, par les mêmes angoisses, comment aurait-il pu combler mon cœur ? Je l’ai cru trop longtemps…

 

Ah mon Dieu, je veux un amour sans fin, un amour qui vole les grands malheurs pour les tuer à tout jamais. Oui, que rien d’autre n’habite le cœur de l’homme, que l’Amour ! Oh oui, mon Dieu, je le veux cet amour aux couleurs que nul ne pourrait reproduire, je le veux cet amour aux grands espoirs, cet amour fort comme la mort que rien ne puisse éteindre. Où es-tu mon Amour ? Es-tu bien ce Dieu qui m’entoure ? Es-tu bien ce rythme des saisons qui jamais ne s’arrête malgré les orages ?

 

Oh j’ai si faim, j’ai si soif, mon désir est une impasse, un sommet, une rose éternelle. Mon désir de toi me fatigue à me plier le corps, mon désir m’emporte, je ne peux plus le contenir. Je veux l’amour comme d’autres leurs drogues. Mon amour, mon shoot, mon ivresse, tu me chavires, je te veux comme on cherche l’eau vive dans le désert, je te veux comme une bête, comme un chien altéré après sa course, ma langue pend, mes poumons crachent, mais rien à faire, je ne pourrai survivre à l’absence de l’amour.

 

Il me le faut combien même j’en deviens bête à pleurer. Oh mon Dieu, pleurer, oui, pleurer, que les larmes lavent l’âme, qui peut en douter ? Nous sommes des bêtes de somme, attachées sur le sol, sans élan, bêtes à nous faire la guerre, bête à violer, bête à tuer. Oh mon Dieu, que nous sommes étrangers à l’Amour, voilà la vérité ! Moi, j’y ai cru, je l’ai rencontré, j’ai l’espoir des grands saints qui répandent par la prière un peu plus d’amour, un peu plus de vie, un peu plus de paix.

 

Je vous en prie, mon Dieu, ne m’ôtez pas cette espérance. Laissez-moi croire comme une enfant au pied du sapin à Noël. Laissez-moi dans l’erreur si l’amour est mon défaut. Oh non impossible, les hommes ne savent pas. S’ils s’entretuent c’est par manque d’amour. C’est par soif. C’est par faim. Nous sommes des morceaux d’infinis. Nous ne sommes pas faits pour l’éphémère. Nous désirons le ciel ! Mais bien sûr, voilà la vérité ! L’amour et le ciel, c’est tout pareil ! »

 

Après cette prière qu’Aurore avait récitée jusqu’à la déchirure, elle essuya ses larmes puis referma l’album photo qui l’avait bouleversée. La vie cette étrange amie qui l’appelait sans jamais lui donner le chemin. Cette voix qui l’appelait sans jamais lui révéler le pourquoi de sa route et le comment de son destin.

« Ma vie ne serait-elle qu’un grand malentendu raté ? Oh mon Dieu, reprit-elle, maintenant me voilà revenue, les années ont passé. Je suis bien loin du monastère, pourtant, pourtant, regarde, même hors-les-murs, rien n’a changé : toujours la même, toujours éprise, pour toujours, mendiante d’un amour sans fin ! »

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Deogratias

03-05-2023

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Une prière à l'Amour appartient au recueil Textes et poésies

 

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