"Sursum Corda" est un texte court mis en ligne par
"Deogratias"..
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"Sursum Corda !" J’ai vu bien des coquelicots cette semaine épanouis par les flaques de sang. Couleur rouge brun la terre saigne jusqu’à nous abreuver sans trêve. J’ai entendu le cri tournesol des âmes qui se tournent désespérées vers le soleil. Lui ne connait pas la mort. Et puis que dire du cri des fleurs effeuillées sur le sol, comme un tapis d’horreur sous mes pas effrayés ? Ce n’est plus le jardin du monde où je courais insouciante avec le vent pour ami.
J’ai vu bien des lys blancs tomber sur la terre sans un regard consolateur. Courbées leurs corolles sont délavées, les pétales blêmes jonchent dorénavant bien des sentiers. Les lumières se sont éteintes, c’est le noir des roses en deuil qui se fanent. Comme elles sont nombreuses, quand le sang a fini de sécher, toutes ces roses en noir qui ne veulent plus sourire. Les violettes ignorées jusqu’ici s’offrent soudain à mes yeux apeurés tandis que l’herbe jaunie par les pleurs ne cessent de m’interroger. Les pâquerettes écrasées par la souffrance innocente ne sauraient me tromper. J’ai beau regarder partout de la Lybie jusqu’à la Grèce sans oublier Marseille. Des inondations terribles aux tremblements des séismes. Que me fait ce voyage morbide à la saveur acide ? Je vois les blés brulés par l’agonie de ces jours endoloris.
Les prairies autrefois riantes noyées par l’eau du ciel n’étonnent même plus les écrans. Ils ne sont qu’un film parmi d’autres. La réalité dépasse tout. Partout du Maghreb à la chine, les boutons d’or de la vie se meurent.
Et que dire cette semaine du meurtre d’une jeune fille en fleur ? On a tué la beauté par quelques balles perdues. Où sont-elles allées se perdre ces balles imprévues ? Voulez-vous que je vous dise ? Elles sont allées dans le cœur d’une mère. Une de plus à genoux qui tient dans la chaleur de ses bras le cadavre d'une jeune fleur en bouton.
Que me font les bourgeons du prochain printemps puisque déjà l’indicible m’entoure ? On dirait un arbre blessé dont la sève s’écoule au dehors par sa plaie. La terre toute entière suinte.
Mais, ô mon Dieu, je lève ma tête vers le haut. Je scrute dans le bleu juste au-dessus une infime ouverture. Je vois un filet de lumière inonder l’aurore qui se lève. On dirait la poussière du jour qui vient, il passe filtré par le grand vitrail de mes pupilles humides.
Je lève ma tête vers le haut. Les nuages défilent et j’entrevois un espace. Une blancheur inviolée qui éclaire entre les averses.
J’élève mon cœur : « Sursum Corda !». L’arc en ciel des douleurs surgit comme un ami. Je l’avais oublié lui qui dessine ses couleurs sans attendre la fin de mes larmes.
J’élève mes prières. Je vois sans voir la lumière que j’espère. C’est un faisceau qui passe au travers de la voûte céleste. Elle déchire sans bruit les tourments d’une terre esseulée. Le monde se croit abandonné à la mort tandis qu’à l’avance j’entends les rires des enfants de demain.
Je respire sans le sentir l’air frais d’un ailleurs qui viendra. Comme la courbe des yeux de Celui que l’on aime, je contemple déjà la Vie qui vient. Celle de demain présente aujourd’hui. Celle qui vient sans trahir nos attentes. Celle qui vient sans s’annoncer. Car c’est toujours ainsi qu’elle vient. Sans prévenir.
Je me dilate enfin. Je le veux. Je le crois. Il ne peut en être autrement. La vie est plus forte que la mort. |
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Sursum Corda
appartient au recueil Textes et poésies
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Texte court terminé ! Merci à Deogratias. |
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