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Réflexion sous un palmier - Texte

Texte "Réflexion sous un palmier" est un texte mis en ligne par "Cathou inafrica"..

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Réflexion sous un palmier

Sous les palmiers, l’après-midi déroule tout doucement.

Les noix de coco transpirent cet hivernage qui n’en finit pas de finir.

C’est la rentrée et pourtant l’air trop lourd de l’humidité encore présente ne nous donne pas envie de découvrir les visages des nouveaux venus.

La brousse n’est pas celle d’octobre. Il a moins plu cette année et la verdure n’a pas envahi la photo comme à son habitude. Les pistes sont encore tracées et les enfants ne jouent pas à se perdre dans l’enchevêtrement de lianes et tiges.

 

L’océan dangereux a encore opéré cette semaine et ravi deux jeunes prêts à embrasser leur vie d’adulte. Ils ont voulu une dernière fois retrouver dans les vagues leurs plaisirs d’enfants mais le jeu d’un moment de plage les a plongés dans le cercueil de leur éternité.

La chaleur est volumineuse. Elle envahit les moindres recoins de la maison et les nuits toutes moites et chaudes n’amènent pas le repos.

Peu de pluies et trop de soleil ont empêché les escargots de l’hivernage de sortir leurs cornes dans l’arène sableuse, les rizières manquent de leur précieuse alliée. Même les bougainvilliers et autres hibiscus tendent leurs branches où manquent les fleurs multicolores qui envahissent habituellement le moindre petit bout de tige.

 

Entre tropique et équateur, l’Afrique se traîne, victime des humeurs climatiques de la planète bleue.

Les anciens sont mollement installés sous le fromager pour débattre de ce manque d’eau qui risque d’être un danger pour la région. Ajoutée à cela la mauvaise publicité faite par les journalistes en quête de sensationnel, qui nous menacent d’ebola et d’extrémisme à tout va et voici que la douceur de vivre casamançaise prend des couleurs de crise qui nous conviennent peu.

Ebola est loin et nous sommes bien conscients de n’en prendre pas plus le risque que les européens, les américains ou les papouasiens. Quant aux extrémistes, ils sont bien à quelques milliers de kilomètres encore et n’arriveront ici que si la société trop consommatrice fait le nécessaire pour nous les envoyer. Oui, les régions africaines encore chrétiennes s’islamisent tout simplement parce que le fait social est là : la pauvreté est de plus en plus pauvre et les pauvres sont de plus en plus pauvres dans nos contrées car nous vivons du tourisme et les médias qui ne connaissent rien s’entêtent à menacer les européens en quête de plages paradisiaques l’hiver et à leur faire peur. Peur de quoi ? Du loup ?  D’Ebola ? D’extrémisme ? Ah ah ah !!!

Les médias qui racontent bien entendu ce que les quelques-uns qui détiennent le pouvoir veulent bien leur faire écrire ou dire.

Epuiser l’Afrique de l’ouest et affamer l’africain c’est effectivement ouvrir grand la porte aux extrémismes. Tout le monde le sait, l’être humain qu’il soit jaune, blanc, noir ou bleu, à rayures ou à carreaux se réfugie toujours ainsi quand il souffre et il est donc facile pour les loups qui attendent au coin du petit bois de les cueillir pour leur servir la grande prière « prie mon frère, tu souffriras moins... » Équivalent du très païen « tu as mal au pied ?, coupe toi la main et tu ne sentiras plus ton pied... » Et tout aussi efficace pour enrôler les peuples.

La quête des extrémistes de l’islam me rappelle une vieille partie de jeu sur l’échiquier du Moyen-Age européen. Nous avons eu nos sorcières, nous avons imposé nos prières. S’il m’en souvient des cours d’histoire, les  abbés, moines et prêtres en tous genres dénonçaient bien vite les paysans qui n’étaient pas sur les bancs de l’église le dimanche parce qu’ils avaient une vache qui mettait bas... Vache qui appartenait au Seigneur bien entendu ... L’histoire se répèterait-elle ? Les religions auraient elles le même développé ? Vu le vide des bancs des églises chrétiennes le dimanche matin, cela me laisse à penser que les enfants des enfants de mes enfants qui auront fait des enfants qui donneront eux même vie à quelques générations... Et bien, au bout du compte, ces générations, dans quelques sept cents ans devraient pouvoir profiter sereinement de la planète bleue et inscrire les églises, temples et autres mosquées au registre des monuments classés historiques et de fait, protégés de toute visite qui pourrait les achever...

 

N’est-elle  pas belle la vie ?

Il fait chaud cet après-midi sous la palme.

Je me réjouis de savoir que dans quelques sept cents ans, les enfants des enfants de ... enfin vous avez compris non ? Et si vous n’avez pas compris c’est que vous n’avez pas suivi donc ... je reprends pour ceux et celles qui sont de bons élèves ; dans quelques vingt-huit générations, mes filles et mes garçons auront tout loisir de ne rien faire, allongés dans leur hamac ou répandus sur le sable, dans l’ombre du cocotier et riant sous l’arbre à palabres. Ils referont le monde et critiqueront l’Histoire. Ils se noieront dans leurs états d’âme crieront fort leur joie de vivre.

 

Les hibiscus et les bougainvilliers seront en fleurs et la brousse sera verdoyante de la fin de saison de pluies. Les escargots n’iront sûrement pas plus vite et la fourmi sera probablement toujours aussi active à rentrer son riz pour l’hiver. Pourquoi ?

Parce que je fais confiance à l’être humain pour ne pas détruire les joyaux de la planète qu’il a entre les mains. L’histoire revient et tourne, les noix de cocos sont toujours sur les cocotiers et la chaleur moite et humide entre tropique et équateur donne la fatigue à celui qui choisit d’y vivre.

 

Ca. Valmalette

Cabrousse 02014-10-20

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Cathou inafrica

09-11-2014

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Réflexion sous un palmier appartient au recueil Ma route en terre d'Afrique

 

Texte terminé ! Merci à Cathou inafrica.

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