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Que la montagne est belle ! Je me souviens que la vie me semblait pauvre, morose. N’avait-elle rien d’autre à proposer ? Que ses fadeurs sans joie, ses remarques acerbes, ses épreuves qui laissent à terre ? Etait-ce cela la vie ? Ce machin informe qui vous tombe dessus sans y être invité ? Ce truc difficile qui accable de ses chagrins ?
Je me souviens que la vie me paraissait un long tunnel tout sombre où rien ne poussait. Non, pas même la plus petite fleur de l’espoir. Je comprenais le morbide. La mélancolie des années sans joie, j’en étais sûre, était le lot de la plupart. Cette chose compliquée aux rouages emmêlés, oui, vraiment, quel intérêt ? Que peut nous apporter l’existence ? L’évidence me sautait aux yeux, ceux de mes 14 ans. Je n'avais qu'une certitude : la vie est infâme. Dieu lui-même, objet de mes doutes et de mes assauts inquisiteurs, devenait une fiction.
Puis, comme une trouée de lumière au milieu de la forêt, au petit matin, juste à la pointe de l’Aurore, dans ce silence vierge que rien n’est encore venu troubler, oui, de façon tout à fait extraordinaire, la chanson est apparue. Là. Au milieu du salon où je me tenais. Incroyable. Elle s’est élevée dans l’espace comme un miracle.
Elle était belle à mourir cette jolie chanson que je n’avais pas prévu d’écouter. Je crois que je lui dois la vie. Elle m’a saisie de l’intérieur. Je n’avais jamais rien entendu d’aussi beau, d’aussi simple, d’aussi vrai. Elle s’élançait devant moi, dans les courbes de ma sensibilité. Elle ressemblait à un gamin, qui, dans son jeu de cache-cache, tout d’un coup, sort de sa tanière par un tonitruant : « Je suis là ! ».
Elle avait ses mains posées sur ses yeux, elle espérait que je les retire moi-même, pour rire ensemble. Elle et moi. Nous deux. Elle vibrait d’émotions. Je faisais sa connaissance. Oh comme elle me caressait l’âme cette chanson venue d’ailleurs, diffusée par la radio, juste à côté de moi ! Je crois que je lui dois la vie. Elle virevoltait, parée de majesté, là, juste devant moi, souveraine en sa grandeur unique. Elle m’invitait avec douceur à me quitter moi-même. Ce qui fut fait en une fraction de seconde. Oh comme la beauté a du pouvoir ! J’étais emportée dans ses bras, dans sa danse, dans son large sourire. Je crois que je lui dois la vie.
Oh la jolie chanson, la belle, la magnifique : « Pourtant que la montagne est belle ! » de Jean Ferrat. C’était magique, oui, magique. En un instant, ses paroles me cautérisaient, sa mélodie me touchait, ses notes me redonnaient l’espérance d’un avenir meilleur.
Pourquoi ? Je ne sais pas. Je crois que je lui dois la vie. Voilà. C’est tout. N’avez-vous pas connu, vous aussi, ces instants qui sauvent ? Ces musiques salvatrices de l’âme humaine ? Si. J’en suis sûre. Je crois que je lui dois la vie.
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Que la montagne est belle !
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