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Pour une vie meilleure - Histoire Courte

Histoire Courte "Pour une vie meilleure" est une histoire courte mise en ligne par "Valerie Pocard"..

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POUR UNE VIE MEILLEURE

 

 

A partir d’aujourd’hui, Camille est décidée ! Sortir, vivre, progresser… en finir enfin avec les complexes qui la minent et accepter ce qu’elle est, s’accepter telle qu’elle est.

            Bien sûr, ce n’est pas évident de changer de vision, parce que finalement, l’image du miroir est toujours la même ; c’est l’esprit qui doit modifier la perception, et le travail sur l’esprit,…

            Elle enfile un jean dans lequel elle se sent bien, apporte une touche de couleur avec un tee-shirt rose et la voilà partie, prête à vaincre le monde et l’univers  tout entier.

            Ah, premier accroc… c’est la voisine du deuxième ; celle qui lui donne toujours envie de rentrer dans un trou de souris avec son regard perçant et son sourire méprisant qui semblent dire : « Non mais tu t’es vue ma pauvre fille ! Avec une tête pareille et si peu de goût pour te fagoter, tu serais en droit de faire un procès à la nature et à tes parents réunis ! »

Ne pas la regarder, passer sans se soucier d’elle…

 

Finalement, ce n’est pas si difficile ! Camille est relativement satisfaite. Arrivée sur le trottoir, une bonne inspiration d’air frais et le nœud à l’estomac s’évanouit.

 

Oui, mais ce n’est pas fini. Elle se dit que l’étape suivante consiste à se rendre dans la librairie où travaille ce jeune homme si mignon qui la fait littéralement craquer. Evidemment, elle n’a jamais osé lui adresser la parole, pas même pour lui demander un renseignement sur un livre. Oh non, sûrement pas, pas assez de cran. Mais là, peut-être…, en tout cas elle envisage d’essayer.

Pas de chance, la boutique est fermée pour inventaire ! Décidément, ce n’est pas toujours simple de mettre en œuvre ses bonnes résolutions ! Tant pis, Camille décide de se promener dans le parc qui jouxte la librairie.

 

Tout en marchant, elle réfléchit à ce qui motive aujourd’hui cette volonté de changer. Elle a toujours été atteinte d’une timidité maladive, d’un manque de confiance pathologique. Abandonnée par ses parents aux bons soins d’une vieille tante excentrique, elle a toujours eu l’impression d’être de trop, de ne pas être à sa place. Pourtant elle n’a jamais manqué de rien. Sa tante a régulièrement veillé à ses besoins, excepté sur un point : l’affection. Tante Agathe n’aimait personne d’autre que ses chats ; les humains n’ont jamais trouvé grâce à ses yeux. Elle respectait les convenances, les règles incontournables dictées pas les codes humains, mais personne ne pouvait la contraindre à s’intéresser à ses congénères ni à les aimer.

Quand cette petite fille de huit ans lui est tombée sur les bras, déjà à moitié élevée, à moitié éduquée, si petite qu’elle tiendrait peu de place, si timorée qu’elle ne l’entendrait pas, Agathe n’a pas refusé. Elle n’a pas accepté non plus. Camille s’est faufilée dans la vie sa tante à pas feutrés, et la vieille femme a laissé faire. Mais sans jamais accorder un intérêt quelconque à sa nièce.

Donc nourriture, vêtements, école, soins, … pour tout ça, pas de problème, mais pas de compassion, pas d’affection, pas d’amour…

 

Camille se demande comment elle a pu survivre ainsi toutes ces années. L’indifférence est sans doute la pire des relations. Quoi qu’elle fasse, rien ne faisait réagir sa tante.

La petite fille a grandi mais a eu du mal à évoluer. En vase clos avec cette tante, personne pour l’aider à prendre confiance, personne pour lui dire ce qui est bien ou mal, personne pour la guider pendant son adolescence, à l’aube de sa vie d’adulte.

 

Désormais, elle prendrait les choses en main, seule, comme d’habitude.

 

Assise sur un banc, elle observe les enfants qui jouent dans le sable, qui glissent sur les toboggans, qui s’accrochent aux cordes de l’araignée. Elle envie cette jeunesse insouciante, entièrement tournée vers le jeu. Elle n’a pas connu cette douce période …

Une jeune maman s’installe à côté d’elle ; elle ne remarque pas Camille, toute absorbée par son enfant qui évolue quelques mètres plus loin. Camille a juste le temps de se pousser pour ne pas recevoir le sac de cette dame sur ses genoux ! Mais elle ne lui en veut pas ; elle croit comprendre ses priorités. Elle aussi un jour,… elle le souhaite de tout cœur.

 

Camille finit par se lever et décide d’aller s’acheter une glace. La dernière fois, le marchand ambulant ne l’a pas servie ; elle se sentait transparente, comme d’habitude, et plusieurs personnes sont passées avant elle sans que la jeune fille ne trouve le courage de s’interposer. Finalement, elle a préféré renoncer plutôt que risquer de se ridiculiser.

Mais là encore, personne. La place est vide ; le camion de glace n’est pas là.

 

Cette journée parait bien longue à Camille. Les défis qu’elle souhaite se lancer n’ont pas lieu. Elle ne rencontre personne ; elle s’ennuie. Retourner chez elle, dans son petit studio ? Elle y songe, mais pas tout de suite, pas si vite. Elle peut encore faire une dernière tentative avant de regagner son refuge.

 

Elle n’a pas revu sa tante depuis plusieurs semaines. Oh, elle sait bien qu’elle ne lui manque pas. Son départ a dû soulager enfin Agathe et lui permettre de retrouver en toute quiétude la relation exclusive qu’elle entretient avec ses chats. Mais Camille est curieuse et retourner voir sa tante relève aussi du défi.

 

Une hésitation, puis elle appuie le doigt sur la sonnette. Aucune réponse. Pourtant sa tante est sûrement là ; elle est toujours chez elle à cette heure, devant la télé, rêvassant en caressant l’un de ses chats plus que regardant vraiment le petit écran… Camille contourne la maison et regarde à travers la fenêtre du salon, là où se trouve le téléviseur.

Une vieille femme aux cheveux blancs, à l’aspect fragile, se lamente : « Pauvre petite bête, je n’ai pas su prendre soin de toi ; je n’ai pas su te nourrir correctement, comprendre que tu n’allais pas bien. Je ne pensais pas que tu me manquerais à ce point ; qu’est-ce que je vais devenir à présent, toute seule, bien seule,… »

Agathe a l’habitude de parler à ses chats et il est évident que la douleur qu’elle exprime a été provoquée par la mort de l’un de ses compagnons. Camille tape à la fenêtre pour signaler sa présence, elle voudrait essayer de la consoler, mais plongée dans son chagrin, sa tante ne l’entend pas.

Camille revient à la porte d’entrée au moment où une femme d’âge mur, qu’elle n’avait jamais vu auparavant, sonne à son tour. Agathe ouvre la porte, marque un temps d’arrêt, puis semble reconnaître la visiteuse :

« Louise, depuis si longtemps ! Tu t’es enfin décidée !...

-          J’ai reçu ton message il y a quinze jours, mais je n’arrivais pas à me décider à te contacter et puis finalement me voici.

-          Entre … et ne laisse pas la porte ouverte. Prends une chaise.

Agathe semble mal à l’aise, indécise, …

-          Alors ? la froideur du ton saisit immédiatement Camille qui a emboité le pas des deux femmes.

-          Alors quoi ? Elle morte, cette petite ! Morte parce que je n’ai pas su l’aimer ! Morte parce que tu l’as abandonnée ! A peine dix-huit ans et déjà un lourd fardeau de souffrance  qu’elle a préféré abandonner … »

 

Camille a mis un certain temps avant de comprendre que les deux femmes parlaient d’elle. Comment était- ce possible ? « Mais je ne suis pas morte ! De quoi parlent-elles ? Et qui est cette femme que je ne connais pas ? »

 

« Ecoute, je ne suis pas ici pour entendre tes reproches ! Tu ne pouvais pas te contenter de me l’annoncer par lettre plutôt que me demander de me déplacer ?!

-          Mais enfin, il est question de ta fille, de Camille, … Comment peux-tu manquer à ce point de cœur, de compassion ? »

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Auteur

Blog

Valerie Pocard

09-10-2022

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Pour une vie meilleure n'appartient à aucun recueil

 

Histoire Courte terminée ! Merci à Valerie Pocard.

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