Policier - Coup de gueule

Policier

Je suis fatiguée d’entendre sans arrêt critiquer la police.

Fatiguée par tant de mépris et de colères.

Pour un mauvais policier, on en méprise cent autres, qui eux, sont droits, justes et bons.

C'est une si belle et si grande vocation !

C’est emmagasiner en soi des tas d’horreurs.

C’est garder le souvenir de cadavres, de meurtres, d’enfants battus.

C’est toujours rester prudent.

C’est souffrir de milles maux.

C’est aimer son métier. C’est devancer, rassurer, protéger.

C’est redouter de trouver encore et encore ce qui blesse et vous transperce.

C’est consentir à être choqué par notre pauvre humanité.

C’est se confronter aux mensonges, aux vols, aux drogues, à l’alcool, aux déviances de toutes sortes.

C’est le choc répété, répété, répété.

C’est se prendre le mur de la perversité en plein visage.

C’est courir après la justice à moins qu’elle ne vous juge avant.

C’est être mal aimé. Toujours mal aimé.

C’est supporter les critiques, les humiliations, les coups bas.

C'est comprendre que ceux qui parlent  le plus haut et le plus fort, souvent, n'y connaissent rien.

Surtout c’est souffrir de ne plus voir que le mauvais côté du monde.

Sa laideur. Sa cruauté. Sa violence.
C’est recevoir des coups.

Dans son corps, plusieurs fois.

Dans son âme pour toujours.

Etre policier c’est vouloir la paix : Dans les cœurs, dans les familles, dans les cités, dans le pays.

Etre policier c’est être seul.

Seul avec cet univers de décadence qui vous bouleverse toujours autant.

Quelques soient les années. Quelque soit le temps qui passe.

C’est entendre des railleries continuelles, être moqués, calomniés, dénigrés.

C’est souffrir milles maux en silence.

Ce terrible silence du policier.

Avec qui partager les horreurs ? Les immondices ? Les cruautés ? Les images atroces vues, entendues, photographiées, expertisées ?

C’est sourire aux siens alors qu’on est encore habité par ce qu’on a vécu dans la journée, à son poste, fidèle.

Etre policier c’est ne pouvoir pleurer.

C’est y aller quand même.

Se sentir investi d’une belle mission : protéger, encourager, sauver.

Et puis rentrer chez soi, écouter les autres alors que vous êtes habités par les cris, les larmes, le sang.

L’odeur du sang.

Alors que vous êtes encore hantés par les morts et les blessés.

L’odeur de la mort.

C'est n'avoir le plus souvent personne à qui se confier.

C'est  ressentir la colère, les bleus, les coups, les bosses, les plaies, toujours en fond d'écran.

Etre policier c’est sourire quand on sent les larmes monter.

C’est être fort, toujours en apparence et du dehors.

Pourtant, en chacun d’eux, se blottit, comme en chacun de nous, un enfant, un passé, une famille, une histoire.

Etre policier, c'est avoir une soeur, des parents, des amis qu'on cherche aussi à protéger, à rassurer.

Etre policier, c'est s'inquiéter toujours un peu.

S’il vous plait, la prochaine fois que vous rencontrerez un policier,

Pensez-y.

S’il vous plait, allez, soyez généreux, faites cesser les outrances.

Souriez leur. Encouragez les. Applaudissez les.

Ce sont des hommes et des femmes passionnés. Si courageux.

C'est une si belle et si grande vocation !

 S’il vous plait, aimez vos policiers !