Pas un son. Pas un bruit ! - Tranche de Vie

Pas un son. Pas un bruit !

Je me réveille, 3 heures du matin. Pas un son, pas un bruit. Tout est calme. Mon petit chien dort près de moi. Je n’entends à cette heure que le rythme de mon cœur. Le noir de l’obscurité envahit tout décor. Je ne vois rien. Rien d’autre que des formes autour de moi. Pas un son. Pas un bruit. Pas même un pas, pas un murmure, pas d’agitations, rien.

Dans ce désert de la nuit, j’entends le chant du silence à jamais vierge de toute souillure. J’écoute la mélodie de mes pensées, elles aussi semblent avoir pris le parti du calme souverain. Encore assoupies à cette heure, elles n’ont pas le désir de s’envoler en multiples arabesques. On dirait qu’elles dorment encore. Pas un son, pas un bruit.

Dans ce vide, je regarde droit devant : pas une image pour me sortir de la nuit. Je n’en ai pas envie. J’aime mieux rester là, à respirer sans contraintes ni projets. Je goûte en cet instant la valeur des trois heures du matin. Je vois le chiffre 3 apparaitre sous mes yeux. Le voilà qui me parle, je ne le croyais pas capable.

Que me dit-il ? Je n’entends pas très bien, je dois me rapprocher de lui. Il parle à voix basse comme si je n’étais pas déjà toute éveillée. J’écoute ce qu’il veut me dire.

C’est étrange. Ah, enfin je comprends ! Je ne voyais pas bien. Il fait si noir.  C’est un enfant qui tient le chiffre trois entre ses doigts. Il me regarde bien en face. Ses yeux brillent.  Ses lèvres sont closes. Pourtant, on dirait qu'il veut me parler. Il porte une casquette. Je le crois facétieux. C'est plus fort que moi, il me force à sourire. En vérité, il attend de moi quelque chose mais je ne sais quoi. J’aimerai tant comprendre le sens de cette nuit sans lumière, sans les sons, sans amis.

Le gamin s’est rapproché. Voilà qu’il prend le réveil à mes côtés. Il m’indique de son index le chiffre trois sur le cadran. Je crois qu’il m’invite à dormir. Ce n’est pas mon heure. C’est l’heure des anges, l’heure des passages de la terre au ciel, l’heure du monde agité, ailleurs, pas ici. Ce n’est pas mon heure à moi. C’est l’heure de dormir ou bien de prier. Pas de penser. Pas d’écrire. Pas de pleurer.

Il me regarde, on dirait qu’il se moque de moi. Gentiment. Ce môme respire la bonté. Il est taquin. Je ne suis pas très étonnée. J’ai allumé une bougie pour éclairer l’icône juste à côté. En un instant, il a souri puis il a disparu. Il a obtenu gain de cause : La prière ou le repos. Rien de plus. Rien de moins. Un petit bout de vie dans la virginité de la nuit. Un petit bout de prière dans la paix souveraine qui m’entoure. Un morceau de sourire dans le noir qui m’enveloppe.

Voilà je m’assoupis. Sans l’enfant. Sans le vouloir. Pas un son. Pas un bruit. Juste mon cœur en désir d’amour. Sans les mots, sans clarté. J’attends l’aurore. Elle se lèvera bien avant moi. Mon enfant revient, je le croyais parti. J'ai eu tort. Je le retrouve, petit Prince blotti entre mes bras, il m’invite comme lui à refermer les yeux.

Je sens son odeur de shampoing dans ses cheveux ébouriffés, la chaleur de son étreinte, abandonné dans la confiance. Je l’écoute respirer. Inspire, expire. C’est une danse étoilée pour mon âme esseulée. L’enfance entre mes bras s’endort. Pourquoi m’inquièterais-je ? Alors, je pose ma tête contre la sienne, doucement, je le vois sourire et puis….je m’endors.

Sans le son. Sans le bruit.