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Mon coeur dans ma poitrine - Texte

Texte "Mon coeur dans ma poitrine" est un texte mis en ligne par "Deogratias"..

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Mon cœur dans ma poitrine

 

  

Je ne sais plus où je me trouve. J’ai mon cœur dans ma poitrine qui fait « bam, bam », petit oiseau dans sa volière qui me fait mal. Pourquoi souffre-t-il ce soir ? Je l’entends qui déploie ses ailes, j’ai l’impression qu’il se cogne aux barreaux, il ne parvient pas à sortir. Ni même à rester. Il est comme embêté, enchevêtré entre deux mondes. Dans ma cage thoracique et sur le bord de mes lèvres.

 

Ma cage thoracique : Elle est une volière aux oiseaux multicolores. J’entends leurs chants lointains résonner comme une cymbale un peu faussée. Mauvais sons, triste musique, vilaine partition. Puis, soudain, l’harmonie d’une forêt au lever du jour. La fraîcheur de la rosée matinale, une goutte perlée lumineuse sur le sommet d’une herbe fragile. Elle ne ploie pas, elle ne pleure pas, elle porte fière la jolie larme du ciel. Incrédule, elle se laisse bercer par le souffle léger d’une brise venue d’un ailleurs méconnu.

 

Ma boîte thoracique : Un drôle de phénomène. Un peu paranormal, entre ici et là-bas. Quelque part une société kaléidoscope. Des formes étranges aux reliefs improbables défilent à toute vitesse sans que j’aie le plus petit pouvoir d’agir sur ses emportements. C’est un monde inconnu dont j’ignore tout. Quelqu’un fait tourner à toute allure les graphiques, les teintes, les dessins sans beauté. Me voilà prise dans le tournoiement d’un bizarre sans début ni fin. Tout en rond. Je tourne en rond. Manège d’un kaléidoscope informe. Dans sa tourmente, je cherche la sortie.

 

Mon cloître thoracique :  C’est un cloître à la saveur austère. Carré. Une grande croix au milieu. Je vois la clôture qui monte haut. Elle me sépare du monde, du bruit, de l’éphémère, du superflu. C’est un cloître ancien, construit il y a longtemps. Je marche sur les dalles froides qui me mènent à la chapelle.  Ces dalles où tant de pas ont marché avant moi. Tant de prières et tant de cantiques. Tant de silence et d’âpreté. Ce monde est le mien. J’y suis chez moi. À ma place. Les hymnes latins résonnent dans l’espace, je respire l’odeur des murs en pierre. Des arbres méditatifs me regardent au-dedans, j’observe quelques roses effeuillées sur la terre au milieu, près de cette grande croix imposante. Elle est Arbre de vie verticale jusqu’au vertige, horizontale jusqu’à l’étreinte humaine. Entre Ciel et Terre, enracinée à une telle profondeur, céleste à embrasser tout le cosmos.

 

Ma prison thoracique : J’ai mal. Je me tords. Où donc est le geôlier qui me serre ? Où sont les menottes et les barreaux ? Y a-t-il quelque part une alarme pour prévenir ? Je n’ai pour compagnie que des oiseaux de mauvais augure, des bandits, des voleurs, des méchants. À qui la faute après tout ? Moi seule je suis coupable. Moi seule je croupis dans les immondices de mes terreurs, de mes manques et mes erreurs. Je suis responsable, je dois rendre des comptes. C’est justice. Me voilà emprisonnée dans un jugement tombé d’on ne sait où. Et pour combien de temps ?

 

Ma chorale thoracique : J’écoute le chant grégorien venu du tréfonds de l’âme. Ce psaume inconnu aux saveurs vocalises. Je ferme les yeux. Me voilà emportée tout à la fois dans le très bas, le souterrain, puis propulsée en quelques secondes dans les nuées de la voûte céleste. Les chœurs des anges invisibles aux trompettes annonciatrices bouleversent mon acédie. La ferveur oubliée me revient dans un souffle inédit, il m’éjecte loin de moi, hors de moi. C’est mieux. Je me quitte. Je monte, je redescends, je voyage entre la componction et l’allégresse. C’est un air venu d’ailleurs, mon dépaysement est total. Un avant-goût du ciel.

 

Mon cœur fait des bonds. Il saute comme un enfant à la récréation. Il appelle cette maman qui va bientôt mourir. Il gambade sans se fatiguer dans les prairies de l’intensité.

J’aimerais libérer l’oiseau de sa cage, éloigner le tournis du monde, sortir de ma prison, rester dans le cloître du ciel, voyager dans le chant des anges.

 

Mais il me faut dormir. Bientôt une heure du matin. Je vais prendre un remède et refermer mes yeux. Le sommeil viendra rythmé par les battements de mon cœur.

Mon cœur qui bat dans ma poitrine.

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Deogratias

04-03-2024

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