Le temps des confinés - Poème

Le temps des confinés

Le silence, comme la mer, inondait mon âme

Et son écume s’échouait sur le sable de mes peurs

Ravie par sa beauté, plus rien n’était infâme

Il ruisselait goutte à goutte en profondeur

Les animaux sauvages retrouvaient leur liberté

Les gazouillements des oiseaux fermaient mes yeux

Sans voiture, sans moteur, sans vacarme, tout aéré

L’espace à nouveau rieur et mon esprit silencieux

Les agitations oubliées, retour à l’intériorité

Bienvenue aux livres, peintures et macramés

Bercés par un autre rythme, les gens chantaient souvent

Tandis que les horloges, enfin, prenaient le temps

J’étais comme revenue à mes années passées

Enfermée volontaire dans ma prison d’Amour

Dans la douceur du cloître où sans aucun regret

J’avais choisi d’entrer, libre pour toujours

Ne soyez pas choqués, je vous en prie, ne dites mot

J’aimerais vous emmener avec moi dans ce repos

Où malgré les combats, la solitude n’est pas un poids

Mais un vent de fraîcheur où j’épouse un grand Roi

Scandale pour certains et folie pour le monde effréné

Je regrette en effet, c’est ainsi, le temps des confinés

La bruine des âmes qui s’écoutent enfin penser

Et la lumière venue d’ailleurs, si belle, incréée

Aujourd’hui, les vents mauvais soufflent cruels

Et c’est plus fort que moi, le désir me revient

Venu de l’intérieur, la joie des mots sans fiel

Qu’on respire comme les fleurs nouvelles

Tant d’angoisses, tant de paroles sans espoir

Beaucoup d’esprits dans les affres de la nuit

Tandis qu’en moi, dans ma forêt, chaque soir

Je me promène, enivrée, dans la bise sans bruit

Je regrette, c’est ainsi, le temps des confinés…