Le lamantin vert à fourrure - Inclassable

La gazette des échos

Le lamantin vert à fourrure

Chers militants de la cause animale, préoccupés par les maux qui assaillent notre monde en bien piteux état, et dont les consciences lucides de la catastrophe luisent comme des phares dans un océan d’incertitudes, reprenez courage. Vous qui, si Jules Verne l’avait inventé, éclaireriez l’esprit de ce monde déliquescent au jus d’eau appauvri décarboné, réjouissez-vous d’apprendre que, contrairement à la baleine bleue ou à l’éléphant rose, le lamantin vert à fourrure n’est pas en voie de disparition. En effet, depuis que de nombreuses mesures gouvernementales ou privées, issues de la part de généreux donateurs préoccupés par le même combat que le nôtre, ont été mises en vigueur le nombre de spécimens a explosé. Des études intrigantes ont soulevé un point surprenant qui montrerait une corrélation entre périodes électorales et naissances chez ce paisible mammifère. Des études plus approfondies sont en cours. Revenons donc à nos lamantins. Cette espèce commune qui peuple les eaux peu profondes (il déteste perdre pied) se trouve généralement dans des endroits propices à la détente et baignés par le soleil. Étant herbivores, ils vivent en larges communautés pour se protéger des nombreux prédateurs qui rôdent autour d’eux, attirés par la docilité et le volume de nourriture qu’ils représentent. Ici, comme ailleurs, le nombre fait la force. Toutefois, l’homme représentait sa principale menace, jusqu’à ce que des fermes de lamantins aient obtenu l’autorisation de ce commerce afin de mettre un terme au massacre. Le progrès nous permet de belles avancées et représente un espoir pour nous tous. Il faut, cependant, se méfier de ce doux cétacé car lorsqu’il rentre en fureur, plus rien ne peut l’arrêter et l’on assiste à des scènes d’une violence extrême. C’est ce qu’il s’est passé, dimanche dernier, sur une plage de la Côte d’Opale. Un lamantin vert à fourrure a eu maille à partir avec un requin qui lui avait vendu des places à un tarif exorbitant pour voir les derniers éléphants roses d’Afrique. De retour du safari, ce dernier s’est plaint de n’avoir vu aucun pachyderme qui faisait la particularité et le prix de ce voyage. Se sentant floué et ayant ému les autres baigneurs alentour qui auraient été intéressés par une telle aventure, le squale s’est vu écharpé par les animaux en furie. Le mal étant fait mais la faute non réparée, les plaignants se sont montés en association et poursuivent l’entreprise « Squale blème ? » en justice afin que le droit et la raison, qui nous guident tous, soient reconnus et défendus dans cette affaire qui en dit bien long sur notre société...