La source de la vie... - Histoire Très Courte

La source de la vie réside dans cette goutte d’eau

« La source de la vie réside dans cette goutte d’eau. »

            Etonnés les enfants observaient cette inscription qui occupait toute une paroi de la grotte qu’ils venaient de découvrir. En vacances à la campagne chez leurs grands-parents, ils avaient décidé d’explorer un peu les environs.

            Matthias, le plus hardi, s’était enfoncé dans la forêt sans une hésitation. Et les deux autres l’avaient suivi, comme d’habitude. Pas question de prendre le risque de rater quelque chose, même si une boule au creux de l’estomac leur signalait qu’ils avaient surtout peur. Petit Paul, le plus jeune,  s’était quand même risqué à une remarque sur le fait qu’il était dangereux de s’aventurer ainsi dans une forêt aussi dense, inconnue, peut-être un peu… hostile… Mais peine perdue. De toute façon, Matthias ne renonce jamais ; il va toujours au bout de ce qu’il a décidé !

            Après plus d’une heure de marche à zigzaguer entre les arbres, à s’extirper des ronces accrocheuses, à glisser sur les portions couvertes de mousse verte, à trébucher sur les racines, les trois garçons s’étaient retrouvés face à un mur de végétation. La densité des végétaux était impressionnante. Impossible de les traverser.

            Matthias décida que, puisqu’ils ne pouvaient pas se frayer de chemin à travers cette végétation, ils devaient la contourner. Et c’est ainsi qu’ils arrivèrent devant l’entrée de la grotte.

            Matthias s’aventura le premier à l’intérieur. Les garçons n’avaient pas pensé à emporter une lampe de poche, mais ce ne fut pas un handicap. L’obscurité quasi-totale des premiers mètres menait à une grande salle circulaire à ciel ouvert. L’endroit sembla assez sûr à Matthias et il appela donc ses deux compagnons qui attendaient à l’extérieur. Quelque peu hésitants, ils pénétrèrent à leur tour dans la grande salle.

            Petit Paul et Arnaud étaient subjugués par la taille du lieu et la hauteur des parois. L’ouverture sur le ciel avait quelque chose de majestueux, de grandiose. Il se dégageait de cet endroit une impression étrange ; les trois garçons avaient le sentiment d’être dans un autre monde.

C’est Arnaud, en faisant le tour de la salle, qui vit le premier l’inscription : les lettres, gigantesques, offraient un aspect de relief unique, semblant à la fois appartenir à la paroi et s’en détacher pour sauter aux yeux de l’observateur. Les trois garçons se demandaient qui pouvait être l’auteur de ces mots et comment il avait pu les inscrire ainsi.

Petit Paul leva le bras et caressa les lettres du bout des doigts. C’est alors que la grotte changea d’aspect : les parois devinrent transparentes, le ciel disparut et le haut sembla à son tour recouvert d’un plafond transparent lui aussi. Toute la grotte se mit à vibrer, puis sembla se détacher du sol. Sous leurs pieds, Matthias, Arnaud et Petit Paul virent s’éloigner le sol sur lequel ils pensaient marcher jusque-là.

Les trois garçons, serrés les uns contre les autres n’en menaient pas large. Même Matthias cette fois ne fanfaronnait plus et laissait voir la peur qu’il ressentait.

Subitement, tout se mit à tourner comme s’ils étaient dans une attraction foraine qui, non contente de vous donner le tournis, vous retourne tête en bas. Les trois frères avaient mal au cœur ; ils se serraient de plus en plus fort espérant que ce cauchemar allait bientôt s’arrêter. La sensation était si violente qu’ils n’arrivaient même plus à parler.

Et enfin, tout s’arrêta. Retenant encore leur respiration, les enfants regardèrent ce qui se passait autour d’eux et c’est alors qu’ils les virent, deux gros yeux énormes qui les observaient, deux gros yeux globuleux animés par un éclair de satisfaction.

« Ca y est, Xapoel, nous venons d’en attraper encore trois autres au piège ! Quel régal ce sera pour ce soir ! Nos invités vont adorer ! »