La pluie
Tous les matins, il fait beau, je vais au lycée; pourtant je sais que ce n'est pas ma place.
Ce matin, il pleut, et j'ai le sourire aux lèvres.
Alors la nuit je souhaite, qu'en me réveillant, la pluie coule sur mon visage.
Quand il fait beau, je retourne en enfance, dans le monde de l'école, qui, jour après jour, devient trop loin de moi.
La pluie représente peut-être tous les secrets des autres. Elle doit bien se moquer, se moquer de ma jeunesse, de mon quotidien et de ce petit corps écrasé par la masse; la masse des autres.
"Attention au départ"
De quel départ parle t-on ?
Moi je connais le trajet et l'arrivée, mais le départ, lui, m'est inconnu; c'est comme s'il n'existait pas. Une image me vient pourtant: quelqu’un, sous un abri, observant la pluie, et qui attend, attend, il attend quelque chose, j'en suis sûre.
La pluie me parle, elle me parle lentement comme si j'étais fragile; mais elle ne fait que mentir. "Je ne comprends pas"
Oui, tu ne comprends pas le mystère même si tu aimes le silence.
Les beaux jours se sont succédés, la saison des pluies s'est terminée, et quand le soleil est là je ne reconnais plus cet endroit.
"Vous les adolescents"
Oui nous, nous quoi?
Vais-je encore entendre que nous n'avons pas de but, que nos passions ne sont pas assez fortes, ou que notre sensibilité fait de nous des êtres faibles?
D'où viennent tes mensonges et tes bruits? D'où viennent tes orages et tes déluges?
Pluie, tu mens encore, tu m'empêches de grandir, d'aller plus loin et pour longtemps.
"Le problème c'est qu'elle est trop gentille" "Tu le connais?" "Ce n'est pas de sa faute" "Tu devrais nous remercier"
J'attends, j’attends la pluie.
Mais le tonnerre s'apaise, le ciel s’éclaircit et la pluie se tait. Peu importe l'an prochain nous nous retrouverons.
"Tu n'es pas comme les autres" "Tu es un peu dans ton monde à toi"
Une goutte, puis deux, c'est bon ça recommence.
Arrête d'imaginer, car je crois, que de toute ma vie, je n'ai jamais été aussi heureuse que cet instant.
Tu le savais! Mais tu n'as rien dit! Ça t'amusait d'écouter les rêves irréalistes d'une enfant comme moi? Dis-le, dis-moi que je n'aurai jamais rien! Chaque matin j'avais peur, mais toi, la pluie, tu m'as sauvée.
J'ai vécu en silence devant les autres, un soir de pluie.
Tout le monde était pressé, ce n'est pas de sa faute. C'est moi qui suis incapable de me réveiller.
J'ai couru sous la pluie, c’était désert, et je te rattrapais pour tout te raconter.
J'ai beau trop te connaître, je te poursuis encore, il pleut.