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La femme africaine et sa bassine - Carnet de Voyage

Carnet de Voyage "La femme africaine et sa bassine" est un carnet de voyage mis en ligne par "Cathou inafrica"..

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La femme africaine et sa bassine

 

La femme, en Afrique de l’Ouest, est tout à fait indissociable de son baquet. C’est à se demander si elle n’est pas née avec une bassine sur la tête.

Je parle aujourd’hui de la femme du village mais sans oublier de noter que même la citadine en possède au moins un et plus que probablement une série dès qu’elle vit dans une maison.

 

Chez les commerçants du village, des piles impressionnantes de bassines multicolores décorent la devanture. Toutes petites, comme des casseroles ou très grandes, dans lesquelles un adulte peut s’asseoir.

Mais la bassine classique, celle qui est l’attribut indissociable de la femme africaine, c’est le modèle contenant 20 litres. 20 lites d’eau c’est 20 kilos !

 

La bassine a différentes destinations.

 

La première, c’est de contenir l’eau tirée au puits afin de la ramener à la maison. Les cases africaines ne sont pas alimentées en eau, pas plus que les maisons de village. Le puits, c’est la première activité du matin et elle sera répétée tout au long de la journée au fur et à mesure du besoin. On voit souvent une femme avec son dernier né dans le dos, une bassine d’eau sur la tête. Parcourir plusieurs centaines de mètres avec ses 20 kilos liquides. Sur les premiers mètres, le baquet déborde et le trop plein se déverse sur le petit qui dort ! C’est la douche initiatique !

 

En fait, une bassine, c’est le panier à commissions de l’africaine. Lorsqu’elle va au marché, elle accumule tomates, patates douces et oignons. Poisson et salades. Le tout dans des sachets plastiques et couverts de tissus de pagne afin que le soleil n’abîme pas la cargaison. Parfois, c’est leur gagne pain que les femmes vont chercher au marché. Lorsqu’elles ont empli le baquet, elles partent sillonner les pistes à l’extérieur du village et appellent à chaque porte pour vendre leurs légumes ou leurs fruits. Des mangues, papayes, citrons, carassoles. Tout se vend ainsi.

 

Pour la porter plus aisément, un tissu de pagne est enroulé sur lui-même afin former une couronne qui s’intercale entre le crane et l’objet à porter.

Les vendeuses de poisson qui vont charger au port déambulent toute la matinée avec leur marchandise… odorante. Imaginez la femme, son bébé dans le dos,  une bassine sur la tête et au dessus de la bassine, un nuage de mouches attirées par l’odeur qui se renforce au fur et à mesure que le soleil approche de son zénith. Les prix sont alors toujours intéressants car si elles ne vendent pas, le poisson est perdu, elles n’ont pas de frigo chez elles. Elles ne peuvent pas se permettre de garder le poisson pour elles car elles n’ont financièrement pas les moyens d’acheter ces poissons là.

 

Elles sont impressionnantes car malgré les kilos sur la tête et le bébé dans le dos, les femmes se penchent, ramassent ce qu’elles font tomber, marchent rapidement et font des kilomètres sans rechigner. Les petites filles de 5 ou 6 ans les aident avec de petites bassines.

 

Lorsqu’elles sont vides, les bassines sont souvent posées sur la tête, à l’envers. Comme un chapeau qui protège du soleil. Dans tous les cas, pas question de les porter à la main. Je pense qu’elles se sentiraient réellement ridicules !

Une fois rentrées, ne croyez pas que les femmes abandonnent dans un coin leur précieuse alliée. Que nenni !

La bassine se transforme en divers instruments au gré des besoins.

Elle sert de baignoire pour les enfants. Pas question de se laver tous les jours car il faut aller chercher l’eau au puits, le chemin est long et il faut remonter la poulie mais une fois par semaine, en même temps que la grande lessive du linge, chacun va s’astiquer. Les tout petits adorent jouer dans les bassines remplies d’eau rafraîchissante.

La grande lessive ! Voila une activité qui rythme la vie des femmes. La lessive est hebdomadaire. Les bassines sont amenées pleines d’eau claire. On lave au savon, avec du bleu et de l’eau de javel pour blanchir le linge. Puis on rince et on étend partout où il y a de la place. Pas de fil d’étendage pas de pinces à linge. Lorsque le vent s’en mêle, on récupère à travers le village en fin de journée ! Et pour qu’il ne parte pas dans le cas de grand vent, on l’étend sur les buissons épineux. Alors les pagnes auront quelques trous en guise de décoration …

 

Lorsque les hommes construisent une maison, les femmes alimentent en eau le chantier. Toujours de la même manière. Aller au puits, tirer sur la poulie, charger la bassine sur la tête et l’amener au chantier. Les jeunes prennent part au transport et les plus petits portent l’eau dans des bouteilles de 10 litres.

La seule aide dont la femme a besoin lorsqu’elle « entête » sa bassine, c’est que quelqu’un la soulève avec elle pour la déposer. Mais si elles sont seules, pas de souci, la charge se fait malgré tout.

 

Bien entendu la vaisselle se fait dans une bassine posée au sol. C’est la même que celle qui a servi au vidage et nettoyage du poisson, au pelage des légumes et à leut trempage.

 

Une fois les corvées terminées, la bassine va servir à ranger vaisselle ou légumes qui attendent jusqu’au lendemain.

 

Les bassines crevées ne sont pas jetées, elles trônent le long des murs de la maison et servent de rangement. Le linge plié, les petits objets utiles de la maison.

 

Comment être femme en Afrique et ne pas avoir sa bassine ? Et bien entendu, depuis que je suis ici, j’ai ma propre collection ! Mais je donne dans le luxe, je n’arrive pas à me résoudre à laver le linge dans celle qui sert à nettoyer le poisson et la bassine dans laquelle trempent les légumes vinaigrés n’est pas la même que celle dans laquelle je dessable les nattes de la plage ! Et puis, lorsque je pars au marché, j’ai un couffin en osier… attribut que j’ai emprunté à la femme marocaine et un grand sac solide… ramené d’Europe !

 

A bientôt !

 

Ca. Valmalette

Cabrousse 2013-06-22

 

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Auteur

Blog

Cathou inafrica

11-11-2014

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La femme africaine et sa bassine appartient au recueil Ma route en terre d'Afrique

 

Carnet de Voyage terminé ! Merci à Cathou inafrica.

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