Kfir - Texte

Kfir

Il vient tout juste d’avoir un an aujourd’hui. Pris en otage par le Hamas à Gaza. J’ai mal au cœur lorsque je vois le film où ce petit bébé rit et s’amuse avec son père avant le 7 octobre dernier. Avant son enlèvement. Avant la séparation d’avec ses parents. Avant l’horreur.

J’ai mal au cœur de voir tant d’innocence bafouée. Tant de violence, tant de douleur. J’imagine, et encore, est-ce que vraiment je le peux ? la souffrance innommable de sa mère, de son père, de toute sa famille.

Je voudrais aller le chercher ce tout petit qui n’a rien demandé. Qui n’est coupable de rien. Qui a sans doute près de lui, comme tous les petits bébés du monde, son ange. Son guide. Son étoile invisible.

L’innocence est un trésor à contempler.

Une beauté à admirer.

Un appel à l’amour inconditionnel.

Une source d’inspiration.

Un modèle de  bienveillance.

Une libération de la joie.

Un modèle de pureté.

Comment peut-on prendre en otage un enfant de 8 mois ? Comme s’il pouvait quoique ce soit. Comme s’il avait pu prendre les armes, revendiquer ses droits ou que sais-je encore ?

Il n’a à offrir que ses gazouillis de bébé qui découvre la vie.

Il n’a à donner que son sourire et ses grands yeux ouverts sur les jardins du monde.

Il n’étale aux yeux des adultes que ses toutes premières fois que nous avons oubliées.

Il n’affiche que sa vérité de petit enfant libre. Il est libre Kfir. Il aime la vie déjà.

Il n’a à proposer que ses silences et ses émerveillements de tout :

les fleurs qui se balancent,

les bruits de la bouche,

les grimaces de papa,

les rires des autres,

les couleurs,

les sons,

les chansons.

Il nous pousse à la tendresse.

Il nous invite aux berceuses et aux câlins.

Pourtant, l’horreur est venue tout saccager. On ne sait même pas si Kfir est vivant. On espère. Prions que Kfir revienne à ses parents, à sa famille, à son pays, au monde, à la sécurité des bras qui l’ont enfanté. Rendre à ce tout petit la guerre, la maltraitance ou les privations en réponse à sa beauté est une ignominie.

Depuis le 7 octobre 2023 nous savons que les horreurs de la seconde guerre mondiale peuvent toutes recommencer. On ne peut pas vivre dans une ignorance coupable. On ne peut plus vivre comme si cela n’avait jamais eu lieu.

Prions que Kfir nous revienne.

Si Kfir revient c’est à moi qu’il revient.

C’est à nous tous qu’il revient.

Pas seulement à sa mère.

Si Kfir revient c’est une partie de nous qui s’éveille à nouveau. …

Tant il est vrai que l’enfance en nous

Est toujours vivante,

Eternelle.